La malnutrition sévit de façon endémique dans la région nord du Sénégal jusque vers le sud-est du pays. Pour beaucoup d’observateurs, cette localisation géographique n’est pas un hasard puisqu’elle épouse les contours du pays peul. De façons très empiriques, ils expliquent qu’en y regardant de plus près, l’on se rend compte que «le visage de la malnutrition au Sénégal est peul». Mais rares sont ceux qui osent ouvertement tenir ce point de vue par peur d’être accusés de stigmatisation. En effet, physiquement, le Peul est généralement fin et mince, ce qui prête à confusion. Mais là, l’objet de l’inquiétude de ces spécialistes est surtout lié à la forte prévalence de la malnutrition chez les femmes et les enfants. Avec son mode de vie transhumant et une forte prégnance des pratiques traditionnelles, ce groupement est très fortement touché par la malnutrition enfantine. Vivant dans des régions très reculées, la pratique des interdits alimentaires y est tout aussi courante. D’ailleurs, certains aliments riches en protéines et en vitamines sont souvent interdits aux enfants et aux femmes enceintes. De plus, le régime alimentaire à base de lait et de couscous sec n’arrange pas la situation nutritionnelle des femmes enceintes et des enfants. C’est ce que relève d’ailleurs le secrétaire exécutif de la Commission nationale de la sécurité alimentaire. Jean Pierre Senghor s’étonne en effet que malgré l’abondance de terres, d’eau et d’animaux, des enfants continuent encore à manquer de protéines et de vitamines dans ces régions.