Le voile des menaces sur le vivre-ensemble

Les sorties hasardeuses du Premier ministre de la République du Sénégal sur cette «histoire de voile» se multiplient et n’augurent rien de bon pour la cohésion sociale qui fait le charme du Sénégal.
En campagne électorale à Mbacké, Ousmane Sonko soulève encore le port de signes religieux dans les écoles avec un opportunisme sidérant. Le choix du département de Mbacké pour évoquer encore un pseudo-problème qu’il entretient à dessein, est révélateur de ses secrets desseins.
Il faut croire que la tenace volonté de saborder le vivre-ensemble, par le biais de l’enseignement privé catholique, se nourrit de l’orgueil de nouveaux dirigeants qui, quoique convaincus par la force des arguments de Sénégalais de bonne volonté, persistent dans le populisme et leur résolution aveugle à imposer les desiderata d’une minorité de citoyens et de familles aux convictions singulières et adeptes de la provocation.
Il nous souvient qu’un arrêté avait été annoncé à grand renfort de menaces pour mettre au pas les «écoles étrangères» qui auraient désormais l’outrecuidance de ne pas se conformer aux règles du Sénégal.
La gêne qui avait visiblement habité le ministre de l’Education nationale, invité sur «Soir d’infos» du 3 octobre à la Tfm, l’avait fait sortir de ses gonds et lui avait fait bredouiller des précisions incompréhensibles sur l’objectif du fameux arrêté.
L’arrêté tant attendu s’est, comme on pouvait s’y attendre, révélé un bélier courageusement empoigné pour défoncer des portes grandement ouvertes, tant la Constitution du Sénégal et la loi d’orientation de l’Education nationale sont suffisamment claires sur les principes énoncés.
L’article Premier de la Constitution et l’article 4, et la loi n°91-22 du 16 février 1991 portant orientation de l’Education nationale, modifiée par la loi n°2004-37 du 15 décembre 2004, insistent à suffisance sur le caractère laïc de la République du Sénégal et de son Education nationale.
Ces textes assurent suffisamment l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion, ainsi que le respect de toutes les croyances et la liberté de conscience.
Au passage, tous les démocrates de ce pays devraient se sentir interpellés par le voile du silence que le fameux arrêté a mis sur la Laïcité de la République du Sénégal en lui préférant une Mixité vide de sens, mais qui trahit les aspirations masquées de certains responsables nouvellement portés aux affaires.
En décidant nerveusement de «l’acceptation du port de signes religieux tels que le voile, la croix, les perles sacrées», le ministre de l’Education nationale, instruit en cela par le Premier ministre, s’est attaqué maladroitement à l’enseignement privé catholique. Il a légiféré ainsi inutilement tout en cautionnant par un acte règlementaire, des comportements qui pourraient désormais saper l’uniformité et la cohésion au sein des écoles.
En se faisant encore l’écho du contenu inique de cet arrêté du Men, le Premier ministre Ousmane Sonko révèle, en réalité, qu’il souffre du fait que les Sénégalais ont préféré le mépris face à ses puériles provocations, en ne donnant pas plus d’intérêt à un faux problème.
Mais face à ces turpitudes, il importe de dénoncer ses propos iniques qui, à l’image de l’arrêté du Men, tendent à répandre les germes de la dissension sociale.
Le caractère inique des propos de Ousmane Sonko réside en cela qu’ils se revêtent du sceau de la légalité d’un acte réglementaire pour piétiner et faire piétiner les vertus et avantages de l’uniforme et du vivre-ensemble.
Le faux problème dit du «voile» que tente d’entretenir Ousmane Sonko, pour des gains électoralistes, est uniquement à lire et à circonscrire sous le seul angle du vivre-ensemble, par le biais d’un identifiant unique et harmonisé : l’uniforme. Vouloir, coûte que coûte, en faire un fait qui oppose des religions est malhonnête et cynique.
Il convient de le rappeler. Les écoles privées catholiques sont les précurseurs de l’usage de l’uniforme et de sa généralisation en milieu scolaire, avant que celles publiques ne s’inspirent du succès et des avantages de cette initiative bâtie sur les valeurs catholiques d’amour et de respect du prochain, d’égalité et d’humilité.
Si les bienfaits de l’uniforme inspirent aujourd’hui l’actuel gouvernement jusqu’à l’emmener à faire de sa généralisation un défi, c’est qu’au-delà de la décence recherchée dans le port vestimentaire, l’uniforme met principalement l’accent sur l’apprentissage et la cohésion dans le milieu éducatif, en réduisant à leur plus simple expression toutes les conséquences perverses des différences de statut social, de moyens financiers, d’orientations religieuses et culturelles, etc.
Le fait en est que l’Enseignement privé catholique dont les effectifs révèlent un maximum de 28% de catholiques contre 72% de musulmans, a toujours eu, à travers l’uniforme, le souci de ne point distinguer et de ne point faire remarquer les différences de quelque sorte entre ses élèves. C’est ainsi que l’enfant nanti accepte librement, avec l’adhésion de ses parents, de partager les mêmes conditions que celui d’humbles conditions. Les catholiques et les musulmans, avec l’adhésion de leurs parents, acceptaient, jusque-là, librement et sans contrainte, de ne point se faire distinguer ou reconnaître autrement que par leur tenue.
Tout ceci était signe d’humilité et d’appartenance à la même entité : l’école. Il n’y avait point de résistance parce que le consensus n’était absolument pas en déphasage avec les convictions religieuses des acteurs. Le problème ne s’abordait jamais sous l’angle de la religion, mais il était bâti sur le socle de la cohésion et de l’homogénéité dans le milieu scolaire.
Mais, il a fallu qu’une minorité d’élèves (de très jeunes filles), avec le soutien de leurs parents, instrumentalisent toute une société en agitant sans gêne la sensible question de la religion et du nombre pour stigmatiser l’enseignement privé catholique qui les a pourtant acceptées, accueillies et formées sans a priori et sans réserve.
La problématique ainsi soulevée n’aurait jamais dû quitter le cadre du seul devoir de respecter les principes du Vivre-Ensemble et de la Cohésion Sociale.
Malheureusement, par populisme et opportunisme, Ousmane Sonko a aveuglément pris parti, fait et cause pour ces enfants et leurs parents manipulateurs-manipulés, en figeant dans le roc de la dissension sociale un fait anodin qui n’appelait que concertations et dialogue.
Les positions indélicates de Ousmane Sonko suscitent haine, passion et radicalisation de certains esprits manipulables. Elles ont malheureusement fait fléchir quelques directeurs d’écoles privées catholiques qui, de défenseurs des vertus de la cohésion sociale, en sont réduits en des fossoyeurs de la laïcité (tiens !) ou de combattants d’une religion. Que c’est injuste !
Des esprits chagrins jubilent. Des fanatiques exultent. Mais, que de naïveté ! Car, bien mal pensent ceux-là qui croient que le faux problème du voile que ne cesse d’agiter le Premier ministre ne concerne que la minorité catholique du Sénégal.
Interrogeons-nous, plutôt ! Après le voile qui, à la vérité, n’est qu’un prétexte pour dérouler un projet beaucoup plus pernicieux pour le modèle sénégalais de société, quelle sera donc la prochaine étape ?
Il s’agit aujourd’hui du port vestimentaire et de la légalisation du choix de ne pas serrer la main à son voisin. S’ensuivra-t-il l’institution obligatoire de lieux de culte dans les écoles privées catholiques, comme il semble être envisagé au palais de la République, puis la burqa obligatoire pour tout citoyen, quelle que soit, du reste, sa confession ? S’ensuivra-t-il la modification du principe de la laïcité par la voie de l’Assemblée nationale, en cas de majorité confortable au sortir des prochaines Législatives du 17 novembre ?
Ne nous y trompons pas. La communauté catholique n’est qu’un maillon estimé faible à défaire sans risque.
Nous avons tous intérêt à dénoncer la provocation et la manipulation qui se multiplient dans les écoles privées catholiques et les propos irresponsables de Ousmane Sonko. Ces coups de boutoirs donnés à l’Eglise, à travers ses écoles, sont le prolongement des assauts faits contre les autorités de l’islam confrérique de notre pays, qui ont su préserver le Sénégal des montées extrémistes et djihadistes qui font des ravages dans la sous-région.
C’est pourquoi les Sénégalais doivent prendre conscience qu’en vérité, ces tentatives vaines de museler l’Eglise ne sont qu’une étape dans une stratégie savamment pensée de remise en cause du modèle de société et de coexistence du Sénégal.
Il faut, d’ailleurs, relever qu’en dépit du semblant de courage affiché par Ousmane Sonko, il n’ose toujours pas imposer (logique pour logique) aux autres écoles confessionnelles de ce pays, l’obligation d’accepter des jeunes filles à la tête découverte ou habillées en jupe courte, au nom de la mixité. Lui et son Men n’osent manifestement pas assumer une telle lecture de leur arrêté.
La communauté catholique respecte les choix et les projets éducatifs de toutes les écoles confessionnelles. Elle est en droit d’exiger le même respect des autorités étatiques. L’Enseignement privé catholique mérite considération. Il n’est pas reconnu d’utilité publique par l’Etat du Sénégal pour rien.
Contre vents et marées, il continuera de donner la chance de réussir à tous les enfants qui se présentent à ses portes ; l’Ingratitude de certains de ses anciens «fils et filles» ne devant lui inspirer que Miséricorde. La réussite des brillants esprits modelés sur ses bancs d’écoles lui suffit comme motif de satisfaction. Avoir formé au moins 2 des 5 chefs d’Etat sénégalais plaide pour lui.
Y’en a marre donc des menaces de Ousmane Sonko ! Il veut fermer les écoles privées catholiques du Sénégal, qu’il les ferme et cesse cette honteuse manipulation du fait religieux.
Il n’y pense même pas, d’ailleurs, puisque pendant qu’il pérore, nombre d’enfants des dirigeants actuels sont présentement inscrits dans des écoles privées catholiques !
Wagane Jérémy FAYE
Post scriptum :
Persidang Jomaay, wetandoxi yé FAYE simméé, to’ o serere kaa guimm a’ khookhoum. Wariro’ diab saakhlé’ gueffitt na ha baayoff !