Le Walo, un exemple du vivre-ensemble sénégalais des extrémités nord-ouest et sud-ouest

Le Walo, berceau de la civilisation wolof, un des terroirs les plus anciens du pays wolof, est un exemple du vivre-ensemble entre Sénégalais.
Dès l’indépendance, l’Etat du Sénégal, pour renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale, a systématiquement affecté dans le département de Dagana, extrême nord-ouest, des fonctionnaires originaires de la région de Ziguinchor, extrême sud-ouest.
Dans ma prime jeunesse, au Walo, j’ai toujours cru que pour être agent de l’Etat, il fallait être diola, car l’infirmier se nommait Goudiaby, le chef de service de l’élevage, Diatta, le chef de brigade de gendarmerie, Manga, etc.
Beaucoup de ces jeunes fonctionnaires diolas ont épousé des femmes autochtones walo-walo, nous donnant des neveux et nièces dont beaucoup n’ont de casamançais que le nom de famille.
Notons aussi qu’au début des années 70, avec l’installation de la Compagnie Sucrière Sénégalaise à Richard-Toll, des centaines d’ouvriers originaires de la Casamance s’installèrent au Walo.
Ce fut le début il y a 50 ans, d’une cohabitation harmonieusement pacifique. Ces ouvriers actuellement vivent au Walo avec leurs petits-enfants qui constituent une troisième génération de Walo-walo d’origines diola, mancagne, mandjacque, totalement intégrée dans son milieu à travers ces vécus.
Dans les ruelles des quartiers populeux de Khouma Richard-Toll divaguent aussi bien des moutons, des chèvres que des cochons, dans une grande tolérance.
Notons que les Sénégalais des autres régions, amateurs de viande porcine, trouvent délicieuse la chair des cochons élevés à Richard-Toll, sur les rives de la Taouey.
Lors des séances de sabar organisées par nos femmes, après les danses de Dagagne typiquement walo-walo, elles exécutent des pas de danse au son du bougarabou.
Mes neveux Ndaté Badji et Yerim Diatta (personnes qui existent réellement) se sentent pleinement sénégalais, des diolas d’origine walo-walo quand ils vont rendre visite à leurs Baadiane au Blouf lors des congrès, mais au Walo, Ndaté pour la distinguer de ses autres cousines qui portent le même prénom, est appelée Ndaté Diola.
Inversement, lors du gamou de Gaé, les pèlerins venant de Goudomp et dont les ancêtres originaires du Walo, malgré des patronymes Niasse, Lô et Gaye, sont perçus comme des lointains cousins casamancais avec leurs bidons d’huile de palme.
Na niou mogne Sénégal na Thiéré Bagne ko Araaw.
Diawdine Amadou Bakhaw DYAO