Par Khady SONKO – 

Abdou Khafor Touré a été déçu des résultats des élections législatives dans les centres-villes concernant la Coalition Benno bokk yaakaar. Ce fut une surprise pour ce responsable politique de cette coalition à Guédiawaye, qui gardait encore de l’espoir, vu les scores serrés et la victoire de Benno dans les communes. «La défaite m’a surpris, surtout l’écart. Les résultats des élections locales puis législatives ont montré que nous avons des difficultés dans les grands centres-villes comme Guédiawaye, Pikine, Rufisque, Thiès…», a déclaré le premier adjoint au maire de la commune de Wakhinane-Nimzath. Il s’exprimait dans un entretien accordé à Dakar-actu.
M. Touré reconnait les difficultés de la coalition au pouvoir dans les centres urbains. Selon ses analyses, c’est une dynamique de l’opposition qui est là. «Nous avons gagné les élections mais à y regarder de près, tous ceux qui avaient voté contre Benno aux Locales ont systématiquement reconduit cela aux Législatives. Ce qui a conduit à notre perte dans les centres urbains. Dans la commune de Wakhinane-Nimzath, où il y avait 20 mille votants aux élections législatives, Benno a même fait une progression, mais les 11 mille ou 13 mille qui avaient voté contre Benno aux Locales ont confirmé leur vote. Cela veut dire qu’il y a dans les centres-villes, un vote contre Benno qui est une dynamique, un vote figé», croit-il savoir.
Le politicien ne veut pas expliquer les défaites par le choix des personnes investies. Dans les centres-villes, reconnaît-il, il y a une stratégie de l’opposition, d’abord la trouvaille dans l’inter-coalition qui a permis de regrouper leurs voix. Une stratégie qui a marché et a bien payé, même si Khafor la qualifie «d’escroquerie électorale» que le pouvoir a laissé passer. Les difficultés de la vie, sa cherté, ont joué dans la disgrâce de la mouvance présidentielle. S’y ajoute le discours manipulateur, populiste, haineux de l’opposition pour attiser les difficultés des Sénégalais. «Leur discours a marché dans les centres-villes à tel point que les gens ont pensé que les difficultés sont causées par le pouvoir et qu’ils doivent voter pour sanctionner ce pouvoir», regrette M. Touré.
Que dire du discours de Benno ? «Si tu vas aux élections, que tu perds, cela veut dire que le discours n’a pas marché. Il n’a pas collé, c’est une réalité», avoue Khafor Touré.
Face à une opposition caractérisée par le populisme et la radicalité, l’enjeu pour lui aujourd’hui, c’est que Benno ait la capacité de convaincre la masse populaire, de travailler à ce que cette masse populaire trouve de l’espoir auprès du chef de l’Etat. Il comprend la stratégie de l’opposition, qui est basée sur «les radicalités, sur le discours extrême, fasciste, violent, sur la haine, sur l’exploitation, dans la fracture sociale, ethnique», le tout pour attiser haine, souffrance et difficultés que vivent les couches vulnérables dans les banlieues. D’ailleurs, rappelle-t-il, ces postures sont utilisées partout à travers le monde en temps de crise par les opposants pour accéder au pouvoir, même si une fois qu’ils y arrivent, ils éprouvent des difficultés pour gérer.
Cela dit, le premier adjoint au maire de la commune de Wakhinane-Nimzath invite ses camarades à revisiter leurs discours de manière objective. «Ces gens qu’on a en face, il faut dans le combat politique qui nous attend, qu’on revoit nos discours, qu’on ait la capacité de déconstruire le mensonge élaboré de l’opposition», suggère-t-il à ses alliés. A propos de la future Assemblée nationale, Abdou Khafor Touré accepte ce qui se passe pour la première fois au Sénégal, notamment un Parlement équilibré. «On est obligé. Tous les acteurs politiques doivent être à la hauteur de la composition de cette Assemblée, des enjeux démocratiques, politiques et de la recomposition des débats parlementaires. Les Sénégalais, à travers leurs votes, ont obligé le pouvoir et l’opposition à dialoguer sur les politiques publiques, sur l’intérêt général. Cela demande une responsabilité, aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition», confie le responsable politique.
Au sujet du débat sur un troisième mandat de Macky Sall, il invite les Sénégalais à patienter jusqu’au moment opportun, où le président de la République va se prononcer. «Je ne peux pas devancer Macky Sall. La question est prématurée, le moment venu, on en parlera», se dérobe-t-il.
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