«L’effaceur» effacé

Le Conseil constitutionnel, en sa séance du 23 avril 2025, a décidé :
Article premier- L’article premier de la loi n°08/2025, adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 2 avril 2025, est contraire à la Constitution ;
Article 2- La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République du Sénégal et partout où besoin sera.
Délibéré par le Conseil constitutionnel en sa séance du 23 avril 2025, où siégeaient Madame Aminata Ly Ndiaye, vice-présidente, Monsieur Youssoupha Diaw Mbodj, Madame Awa Dièye, Messieurs Cheikh Ndiaye et Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, membres. Avec l’assistance de Maître Ousmane Ba, chef du greffe.
En foi de quoi, la présente décision est signée par la vice-présidente, les autres membres et le chef du greffe.
Cette décision capitale et historique du Conseil constitutionnel a vibré comme une onde magnétique à travers le Sénégal et autour du globe.
Un séisme d’une magnitude super forte (pour emprunter le terme au président de la République pour son Premier ministre super fort).
Les réseaux sociaux ont failli éclater, et j’abandonnai pour partager et jubiler.
D’abord une gloire pour notre Justice qui est restée debout en disant le Droit, ce qui honore une fois de plus notre grand pays et sa grande démocratie que personne ne peut ternir.
Ensuite, une victoire pour toutes celles et tous ceux qui, tout au long de ce processus, se sont mobilisés pour expliquer et convaincre.
Mention spéciale à la presse, la Société civile et toutes celles et tous ceux qui, par leurs voix, leurs plumes, leurs soutiens multiformes, ont participé à cette bataille. Bravo à nos honorables députés par leur saisine, et chapeau à l’honorable Thierno Alassane Sall qui sort grandi dans l’épreuve. Porteur de la première proposition de loi pour l’abrogation de la loi portant amnistie.
Proposition éventrée dès son dépôt pour laisser place à la désormais honteuse et nauséabonde proposition du tristement célèbre député Amadou Bâ, qui doit présentement se sentir très petit dans ses souliers.
Pastef, dans son empressement, a voulu ainsi empêcher que ce qu’il avait promis à ces électeurs se réalise, à savoir une abrogation pure et simple de la loi qu’il a toujours rejetée pour finir par la transformer gravement contre l’unité nationale.
D’amendement en amendement, la proposition finit par être déposée et adoptée par la commission précédant la plénière.
Que d’encre a coulé, que de salive produite par les défenseurs de la République, notamment la Société civile qui, dans toutes ses composantes, a fait entendre sa voix, tout fut fait pour empêcher que la proposition devienne loi.
Pastef, ses députés, ses cadres, ses soutiens intellectuels universitaires, ses militants et sympathisants ont préféré rester sourds aux appels du Peuple.
Après une séance houleuse, la proposition de loi Amadou Bâ passa comme lettre à la poste grâce des députés béni-oui-oui toujours prêts à exécuter les ordres du Premier ministre-président.
Cousue de fil blanc était cette soi-disant loi interprétative. D’un blanc éclatant et scintillant pour ne pas échapper au regard des bons yeux de nos juges matures qui l’ont déclaré non conforme à la Constitution.
Heureusement que la Justice était là comme le dernier rempart pour effacer ce château en argile bâti par des truelles d’ouvriers aux mains inexpertes dirigés par un maître maçon sans genie, perché sur son fauteuil majestueux pour dégrader la tolérance sénégalaise à zéro.
En voulant tout effacer sur son passage, commençant par le «borom Bopp Abdou Nguer» qui a envoyé ses djinns destructeurs, demi-dieu a fini par être lui-même effacé par le Conseil constitutionnel, comme pour lui dire que la Justice n’est pas le temps des hommes, mais celui du Droit.
Pastef n’a pas voulu entendre le cri du cœur du ministre de la Justice, Garde des sceaux, et avait demandé à notre président par intérim de lancer l’appel à la pression du Peuple sur Dame justice. A sa suite et comme un refrain, c’est le Premier minister-président qui martèle pour faire du dabbali parlementaire.
Terminus : tout le monde descend pour laisser place aux magistrats qui appliquent les lois . Dore yi saf na sap : force reste à la loi.
Nous pouvons enfin respirer de soulagement que notre cher Sénégal soit toujours une République et le restera, n’en déplaise aux 54% et à leurs maîtres qui se croyaient tout permis.
Cette décision du Conseil constitutionnel redonne confiance au Peuple sénégalais, notamment à son opposition sans cocktail Molotov, intelligente par son savoir-faire et son expertise.
Déjà hier, en lisant La réponse aux 61 «universitaires» au nom de nos héros muets, la lettre de Maître Elhadji Omar Youm à Monsieur le procureur de la République et, enfin, en suivant le point de presse de TAS, si dense, je sentais que quelque chose était en train de bouger.
Ce 23 avril restera une date historique qui honore ainsi nos Forces de défense et de sécurité, que nos sbires populistes voulaient jeter en pâture après qu’elles nous ont sauvés d’un naufrage collectif.
Courage aux vrais patriotes ! En avant pour d’autres victoires.
Notre démocratie est écrite à l’encre indélébile !
A bon entendeur, salut !
Idrissa SYLLA
New York
Membre du CC du Pit-Sénégal
idrissasylla902@gmail.com