L’opposant Khalifa Sall est révoqué de ses fonctions de maire de Dakar par le président de la République. Le député, candidat déclaré à la Présidentielle et condamné par la Cour d’appel à 5 ans de prison, est considéré comme l’une des plus grandes menaces à la réélection de Macky Sall en 2019.

Le coup de grâce : Khalifa Sall n’est plus maire de Dakar. Le président de la République en a décidé ainsi hier via le dé­cret n°2018-1701 signé hier 31 août 2018, 24 h après la confirmation de la condamnation à 5 ans de prison contre l’édile de la capitale par la Cour d’appel de Dakar dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Dans son projet de décret portant «révocation» du maire de la Ville de Dakar, le ministère de la Gouvernance territoriale et de l’aménagement du territoire s’appuie sur les articles 135 et 140 du Code général des Collectivités territoriales pour motiver cette décision. Selon le ministre Yaya Abdoul Kane, «au regard des dispositions combinées des articles 135 et 140 du présent Code, la condamnation du maire de Dakar par les juridictions de fond, en première instance et en appel, peut entraîner la mise en œuvre des dispositions de l’alinéa 3 de l’article 135 qui prévoient, en cas de condamnation, la révocation des maires et adjoints par décret motivé».
Le ministre en charge des Collectivités territoriales soutient que la condamnation de Khalifa Sall par la Cour d’appel «le prive de la capacité juridique et de l’autorité morale nécessaires à l’exercice de ses fonctions». En conséquence, déduit le gouvernement, «au regard de l’impératif de veiller à l’application de la loi, il est fait application des dispositions de l’article 135 du Code général des Collectivités territoriales pour procéder à la révocation de M. Khalifa Ababacar Sall de ses fonctions de maire de la Ville de Dakar».
Elu maire de Dakar en mars 2009 et réélu avec brio en juin 2014 en surclassant au passage des pontes du pouvoir actuel comme Aminata Touré, Mbaye Ndiaye, Abdoulaye Diouf Sarr ou Seydou Guèye, Khalifa Sall paie son opposition au régime de Macky Sall.
Depuis 2014, les relations entre sa mairie et l’Exécutif sont tumultueuses. Emprunt obligataire bloqué, la Ville de Dakar a été dessaisie de la gestion des ordures en octobre 2015 avant de voir le ministère du Renouveau urbain lui disputer l’aménagement de la Place de l’Indé­pendance. Lâché par Ousmane Tanor Dieng et le Parti socialiste qui l’ont exclu avec ses proches avant de décider de soutenir Macky Sall à la prochaine Présidentielle, Khalifa Sall – élu député en juillet 2017 depuis la prison – vit à 62 ans l’une des épreuves les plus sombres de sa carrière politique.