Les Mourides ont fait leurs adieux à leur 7ème khalife général. De Gouye Mbind en passant par Tamine et la grande mosquée, ils se sont recueillis et ont prié pour le repos éternel de leur regretté guide spirituel. Serigne Cheikh Mokhtar Mbacké, alité depuis plusieurs mois, a tiré sa révérence le 9 janvier 2018, à 94 ans.

Ils sont inconsolables. Les scènes d’hystérie se succèdent à la chaîne dans les rues de Touba, étreinte par la douleur. Les Mourides et autres fidèles mu­sulmans n’ont pas réussi à dissimuler leur peine lors du rappel à Dieu du 7ème khalife général des Mourides. Très affectés. A l’image de Serigne Mor Ndiaye, con­seiller économique, social et environnemental, qui témoigne : «C‘était un homme bien, une personne très effacée dont les sorties médiatiques se comptaient du bout des doigts. Il a beaucoup contribué au rayonnement du Mouridisme avec les projets qu’il a réalisés et laissés en friche. C’est l’ensemble des êtres humains qui ont perdu parce qu’il était là pour nous tous.» On parle désormais de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké au passé. Ainsi va le monde à cause de la grande faucheuse toujours avide en vies humaines.
Chez le regretté khalife, Serigne Moustapha, son fils aîné, entouré de ses frères, reçoit les condoléances des proches, des anonymes et des pontes de la République. Très digne dans l’épreuve, il console tout ce beau monde qui a compris bien sûr que la vie de tout être humain est limitée dans le temps, mais n’arrive pas à s‘y faire. D’ailleurs, dans cette demeure où repose en paix le fils de Sokhna Maty Lèye, après son rappel à Dieu survenu le 9 janvier des suites d’une longue maladie, Niary Ngayné, un des ses villages de retraite, situé à quelques encablures de la capitale du Mouridisme. Dans cette bâtisse peinte en jaune, il faut user de coudes pour pénétrer à l’intérieur où de loin on entend les sons de khassaïdes et des personnes réciter le Coran. Ceux qui ne peuvent accéder se con­tentent d’égrener leurs chapelets ou de lire le livre saint. Aïda Gaye, ancien député libéral, fait partie de ces fidèles inconsolables. Elle dit : «C‘est un homme très discret. Il a beaucoup œuvré pour l’ensemble de la communauté mouride.»
La disparition du patriarche de Gouye Mbind a beaucoup pesé sur le village de Keur Nganda où, par affluence, les personnes se sont déplacées pour venir rendre un dernier hommage à leur bienfaiteur. Sokhna Fall, itou : «C‘est grâce à lui que nous avons une route bitumée qui nous relie à Thilmakha. Nous avons pu aussi disposer d’un poste de santé très fonctionnel, d’un collège d’enseignement moyen et d’une case des tout-petits. C’est parce qu’on ne peut rien contre la volonté divine, mais si on pouvait le faire, on allait intercéder en sa faveur pour qu’il demeure encore parmi nous parce qu’il nous a été d’un très grand apport.» A quelques encablures de là, ce sont des femmes qui s’affairent à la cuisine et des bœufs qui attendent d’être immolés pour la restauration des fidèles venus très nombreux pleurer leur guide éclairé.