L’environnement est aujour­d’hui au cœur du dispositif de la géopolitique et de la géostratégie mondiale.
Les relations internationales ne se conçoivent plus en dehors de l’environnement à travers les différentes conventions (désertification, biodiversité, changement climatique).
Après le sommet de Rio de 1992, des mécanismes de mise en œuvre de ces conventions ont été formulées en vue d’atteindre un développement durable.
Un quart de siècle après, il est temps de jeter un regard sur les efforts fournis et les insuffisances notées par nos gouvernements, particulièrement le nôtre (Sénégal) à travers ses politiques publiques qui ne peuvent et ne doivent être déroulées en ignorant l’ensemble des conventions issues du sommet de Rio.
Dans cette contribution que nous voulons sobre, nous nous intéresserons à quelques aspects à titre indicatif.
Quel regard jeter sur certains aspects de mise en œuvre de nos politiques publiques  en rapport avec la dimension environnement ?
Un regard prima faciès laisse entrevoir un certain nombre d’incohérences dans certains domaines :
Comment comprendre la persistance de la littoralisation de nos politiques publiques malgré la formulation d’alertes venant des experts sur les risques liés à l’avancée de la mer ? Comment alors comprendre que nos infrastructures routières au coût relativement exorbitant continuent d’être édifiées le long de la côte (corniche, Vdn et Vdn3, autoroute Dakar-Saint Louis, entre autre) ?
Est-ce à dire que les avis formulés par nos experts environnementaux à travers de nombreuses séances de partage ne sont pas pris en compte au sein des centres de définition de nos politiques publiques ? Si non, pourquoi ?
Comment expliquer la récurrence de l’occupation anarchique de l’espace littoral ?
Comment comprendre l’inaction relative vis-à-vis de bien de nos territoires côtiers et insulaires en proie à l’érosion côtière ? Quelle stratégie conséquente pour faire face à ce potentiel danger que vivent nos populations, nos économies et nos écosystèmes face à l’avancée de la mer ?
Dans le domaine du transport, il a été recommandé d’encourager le transport collectif ? Où en sommes-nous avec cette idée ?
La volonté exprimée par le président de la République de revoir à la baisse le parc automobile public ne serait-il pas une opportunité dans la communication pour montrer l’impact positif que cela produirait sous l’aspect environnemental  en encourageant le transport collectif ?
Quelle réponse pertinente en rapport avec le drame que subissent nos eaux souterraines et nos eaux de surface face aux multiples sources de pollutions et nuisances de tous ordres ?
Quel cadre de concertation entre le ministère de l’Environnement avec les autres institutions et acteurs non étatiques en vue de promouvoir avec fluidité certaines initiatives  environnementales ?
A quand la ratification par le Sénégal de la convention de Kampala en vue d’apporter une réponse adaptée aux déplacements internes des populations exposées aux catastrophes ?
L’expérience de la Langue de Barbarie à Saint-Louis du Sénégal, et les insuffisances liées au relogement des populations sinistrées sur le site dénommé Khar Yalla (Saint-Louis) devraient nous inciter à plus de célérité dans nos actions au titre des leçons apprises.
Enfin, la prise en compte de la qualité du cadre de vie devient une exigence depuis que le droit à un environnement sain a été constitutionnalisé. Le prétexte «insuffisance des moyens» ne saurait nous soustraire de ces obligations. Ayons le sens de l’organisation, de la méthode, de l’engagement et de l’initiative avec une relative audace… et les défis seront, à n’en pas douter, relevés. Refusons la fatalité !
L’environnement n’est plus du domaine de la seule rhétorique et de la routine. L ‘environnement se vit et se voit. Il est temps de lier le power point à l’action. Le power point est un moyen non une fin en soi. Il n’est utile que lorsque ses conclusions et recommandations sont prises en compte et traduites en action féconde.
La nouvelle initiative du président de la République de mise en place d’une agence de reforestation est à saluer, car elle pourrait être à long terme une réponse pertinente aux conventions liées à la désertification, à la biodiversité et au changement climatique avec des effets bénéfiques liés au cadre de vie et aux activités humaines.
Le Sénégal, jusque dans un passé récent, a été une référence dans le domaine de l’environnement. Cet acquis doit être consolidé et renforcé en vue de retrouver cette image à la hauteur de notre statut historique.

Abdou SANE
Ancien député
Géographe environnementaliste
Président de l’Association Africaine pour la Promotion
de la Réduction des risques de catastrophe.
abdousanegnanthio@gmail.com