En plus des stands dressés dans l’enceinte du Centre culturel Blaise Senghor et des activités liées à l’école, il y avait aussi des panels sur différents défis comme l’équité et la qualité. Des panels qui ont réuni syndicats, enseignants et acteurs de l’éducation.

Le recours massif aux abris provisoires par l’Etat nuit-il au système éducatif ? Cette question a réuni des syndicalistes, des enseignants, et autres acteurs de l’école. Tous sont unanimes pour dire que ces abris provisoires ne garantissent pas des conditions d’un bon enseignement. Pire, souligne Baïdy Mar, consultant à la Cosydep, ils sont concentrés dans les régions défavorables (Sédhiou 28,31% d’abris provisoires dans l’élémentaire, Kolda 17%, Saint-Louis 14%). Pourtant, le recours à ces abris provisoires était une solution transitoire pour l’Etat. «La durée de vie était calculée dans les 3 ans qui suivent. Mais aujourd’hui,  on voit des abris provisoires qui ont duré plus de 10 ans», informe M. Mar. Il donne l’exemple de l’école Amdalakhi Peul à Coumba Yel dans la région de Matam qui est sous abris provisoire depuis 12 ans. Le consultant ajoute que ce n’est qu’en 2016-2017 que cette école a disposé d’une classe de Cm2. Les élèves disparaissaient après la 5ème année, faute d’avoir une classe de Cm2. Une autre difficulté dans les écoles sous abris provisoires, c’est l’environnement des enseignements. Souvent, regrette Abdoulaye Ndoye Secrétaire général du Cusems, «les écoles sous abris provisoires n’ont pas de clôture, ni de bloc sanitaire encore moins de point d’eau. Les élèves sont laissés au gré des intempéries, du vent, du soleil et de la chaleur», renseigne-t-il. Baïdy Mar conforte les propos de Ndoye. Il évoque l’école de Médina Gouye 2, à Maka Yop dans la région de Kaffrine. «Cette école avait pris feu en janvier dernier en pleine année scolaire. Ce serait bien de pousser la réflexion et de savoir que sont devenus ces élèves», suggère M. Mar. Le quantum horaire n’est jamais atteint. «Les élèves font seulement 600 heures de cours au moment où les élèves des autres écoles dites normales font 900 heures de cours», rajoute le Secrétaire général du Cusems. «Une iniquité», dénoncent les acteurs de l’éducation. Mais, ce n’est pas tout. A tous ces problèmes, il faut, estime le consultant, y ajouter les classes multigrades. Une classe multigrade, c’est une classe qui regroupe des élèves de différents niveaux. C’est-à-dire des élèves du Cm2 associés à ceux du Ci ou du Cp dans une même classe avec un seul maître. La difficulté pour Baïdy Mar, c’est que les enseignants qui tiennent ces classes ne sont pas expérimentés. «Ils sortent fraîchement des écoles de formation», raconte-t-il.

Le «Paquet» toujours pas déballé
Des écoles sous abris provisoires, des classes multigrades avec des enseignants inexpérimentés. Un mélange qui, selon les acteurs, ne favorisent pas la qualité, encore moins l’équité. Or, l’équité et la qualité sont des principes forts du Programme d’amélioration pour la qualité l’équité et la transparence (Paquet). «Mais malgré les efforts de l’Etat et la mise en œuvre du Paquet, on a l’impression que le «Paquet» n’est pas encore déballé pour réussir une école de qualité», ironise Ndongo Sarr du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen secondaire (Cusems). Pour le syndicaliste, il faut interroger la gouvernance financière du système éducatif. Ndongo Sarr pointe du doigt l’exécution des marchés et dénonce une «conspiration» contre le système éducatif. «Le problème des abris provisoires et de ces conséquences sur la qualité des enseignements est très sérieux et ça traverse tout le système», ronronne-t-il furieux. Il faut des propositions de solutions. Abdoulaye Ndoye, Secrétaire général du Cusems, propose comme solution pour résorber les 6 874 abris provisoires, la réduction du train de vie de l’Etat mais aussi la suppression de certaines institutions qu’il juge budgétivores.
La Foire des innovations en éducation et formation (Fief), initiée par la Cosydep, en est à sa première édition. Vu le succès qu’elle a eu, les acteurs ont demandé à la Cosydep d’inscrire désormais cet évènement dans l’agenda scolaire. Le Coor­don­nateur national de la Cosydep, Cheikh Mbow, indique que son Ong va y travailler avec ses antennes présentes sur le territoire national. «Nous avons voulu pour la première fois organiser la foire au niveau central pour apprendre, relever les difficultés et capitaliser avant d’aller dans le sens de la décentralisation», promet-il. Pour cette édition, il faut rappeler que le «stand troc et dons» a beaucoup plus intéressé le public. Une satisfaction, selon M. Mbow, qui souligne que ces manuels sont une contribution à Ubbi tey jang tey. Car le principal goulot d’étranglement de ce concept, c’est la disponibilité de manuels scolaires notamment pour les élèves issus de familles démunies.
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