«L’algorithme décisionnel a été mis en place dans le cadre d’un projet de recherche pour appuyer les prestataires et les aider à être plus efficaces dans la prise de décision et dans le traitement des patients.» Telle est la définition qu’en a donné Dr Boly Diop. Le chef de la Division de la surveillance épidémiologique et de la riposte vaccinale au ministère de la Santé et de l’action sociale soutient qu’il est important «dans le sens où il va nous permettre une utilisation rationnelle des antibiotiques». M. Diop de rajouter que «dans le système de santé, lorsqu’un enfant se présente dans une structure avec une fièvre, la première chose qu’on fait c’est de voir s’il a le palu ou pas». Ce Test de diagnostic rapide (Tdr) fait, et en l’absence de paludisme, «on traite systématiquement avec un antibiotique». Or, l’algorithme en question permettra d’aller au-delà : «Voir s’il y a des signes pouvant faire penser à une infection bactérienne ou bien des signes qui vont faire penser à une infection virale.» Et selon les cas, la prise en charge n’est pas la même, ainsi que le rappelle Boly Diop, ce 26 juillet, en marge d’une rencontre portant sur l’algorithme décisionnel. «Dans le premier cas, on utilise de l’antibiotique, qui ne le sera pas dans le second. Donc c’est important que les praticiens puissent utiliser cet algorithme pour faire cette différence et être rationnels dans la prescription des antibiotiques.» Car «aujourd’hui, on parle d’antibiorésistance» due à certaines pratiques telles que l’utilisation abusive des antibiotiques.

Protection des données personnelles des patients
Une rapide prise en charge et une utilisation rationnelle, via l’algorithme, vont, de l’avis de Dr Diop, constituer une révolution. «En effet, l’outil Adc (Algorithmes à la décision clinique) est une application in­formatique dont le but est de fournir aux cliniciens des informations décrivant la situation clinique d’un patient ainsi que les connaissances appropriées à cette situation, correctement filtrées et présentées afin d’améliorer la qualité des soins et la santé des pa­tients», rappelle une note. Cette digitalisation ne sera cependant pas détachée des pra­tiques en vigueur au Séné­gal. Car «l’outil digitalisé Adc a été élaboré suivant les recommandations de la Pcime (Prise en charge intégrée des maladies de l’enfant) qui vise à réduire la mortalité, la morbidité, les incapacités et à améliorer la croissance et le développement des enfants au Sénégal». Quatre localités ont été choisies pour la phase test du projet des Adc. «C’est d’abord le district sanitaire de Mbour, avec le poste de santé de Mbour Toucouleur. Il y a aussi le district sanitaire de Fatick, avec le poste de santé de Ndiaye-Ndiaye. Vient le district de Tambacounda, avec le poste de santé de Pon et enfin celui de Kédougou, avec le poste de Talaba.» Qui parle de numérique pense souvent à la protection des données personnelles. Pour le cas du projet d’algorithmes, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. «Comme pour tout projet de recherche scientifique qui respecte les standards, on a d’abord le consentement éclairé du patient. Mais, avant cela, on a l’avis du Comité éthique et celui de la Commission de protection des données personnelles. Donc tous ces aspects importants ont été pris en compte dans le cadre de cette recherche pour s’assurer de toutes les garanties pour protéger la vie des personnes, mais aussi les données personnelles des patients que nous avons incluses dans ce projet.»
Projet dans lequel ont collaboré le ministère de la Santé, Find (Foundation for innovative new diagnostics) et l’Institut Pasteur de Dakar.
Par Moussa SECK