Globalement, les élections législatives du 30 juillet 2017 se sont déroulées dans des conditions de transparence et de régularité satisfaisantes. On peut déplorer cependant une faiblesse au niveau de l’organisation du scrutin dans certaines localités, sans que cela ne remette en cause le bon déroulement des élections. Des violences inacceptables ont perturbé le scrutin dans certaines villes mais elles ont été vite maitrisées par les Forces de l’ordre et de sécurité.
Le scrutin du 30 juillet 2017 a fait l’objet de nombreux commentaires par les politiciens et les spécialistes, qui ont mis l’accent sur la victoire des uns et la défaite des autres dans les 14 régions du Sénégal. Au-delà de cet aspect primaire des élections du 30 juillet 2017, le scrutin a donné d’autres verdicts très importants pour le futur.
En jetant un œil sur les résultats, on note que sur les 47 coalitions, seules 4 listes sont véritablement significatives (Bby, Cgws, Mts et Pur). Les 43 autres coalitions sont insignifiantes et n’auront probablement pas de députés. Il est temps de donner raison à Senghor qui avait estimé que 4 formations politiques suffisent au Sénégal. Les coalitions gagnantes devraient s’organiser pour pérenniser leurs alliances soit sous forme de partis, avec des courants correspondant aux formations coalisées actuelles ou des alliances avec un directoire politique fonctionnant sur la base de textes consensuels (statuts et règlement intérieur). L’administration de la forme politique retenue serait assurée par un responsable qui ne soit pas le leader de la formation. Pour la participation aux élections, des primaires pourraient être organisées pour choisir le ou les meilleur(s) candidat(s). Pour les leaders des 43 coalitions défaites, ils sont invités à rejoindre l’une des 4 coalitions gagnantes et s’y battre politiquement.
Le scrutin du 30 juillet 2017 a montré que le Sénégal a trop de partis politiques sans envergure sur le plan électoral. Les hommes politiques doivent faire une bonne lecture des élections du 30 juillet 2017. On a au Sénégal de grands bavards prétentieux mais insignifiants sur le plan politique. Il y a des responsables de partis ou de coalitions qui ne doivent plus parler politique, surtout au nom du Peuple, suite à ces élections du 30 juillet 2017.
Les élections du 30 juillet 2017 ont montré que le Président Macky Sall est un fin stratège politique. Non seulement il a bien géré ses frustrés et Bby, mais il a été bien inspiré en choisissant son Premier ministre comme tête liste nationale et Amadou Bâ patron de Dakar. La victoire de Bby est essentiellement due à ce choix judicieux du président de la République. L’opposition est avertie pour 2019.
Le scrutin du 30 juillet 2017 a montré que les leaders de l’opposition n’ont pas le génie politique du Président Macky Sall. Ils ont montré de façon flagrante, leur limite en matière de stratégie et de réalisme politiques. Si les Cgws et Mts étaient allés ensemble au scrutin, on ne serait pas aujourd’hui loin d’une cohabitation au Sénégal. Mus par leurs ambitions démesurées et déraisonnables, les leaders de l’opposition ont raté le coche à l’occasion de ce scrutin. Aussi longtemps que ces leaders de l’opposition ne penseront qu’à eux et à leurs partis politiques, le Président Sall va les rouler dans la farine.
Le scrutin du 30 juillet 2017 a montré que sur le plan de l’organisation des élections, il y a beaucoup à faire. L’Administration a échoué en matière de confection et de distribution des cartes d’électeur. Beaucoup de perturbations du scrutin sont liées à ce dysfonctionnement. Le niveau de notre démocratie ne mérite pas ces ratés, même si la Communauté internationale considère que le scrutin du 30 juillet 2017 est transparent et régulier. Pour 2019, une élection de la plus grande importance, l’Etat doit tirer avec profit les leçons du scrutin de dimanche 30 juillet 2017.
Le scrutin du 30 juillet 2017 a montré que les hommes politiques ne sont pas prêts à céder la place à des indépendants qui n’ont rien prouvé, leur permettant de les remplacer. Les électeurs ont dit sans ambiguïté qu’ils ne veulent pas des indépendants et qu’ils font encore confiance aux politiques. La bonne lecture du scrutin devrait clore cette campagne haineuse contre les hommes politiques qui ne sont pas pires que les autres Sénégalais.
Pr Demba SOW
Ancien député
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