Les initiatives de gratuité risquent de plomber les finances des hôpitaux. La dette de l’Agence de la couverture maladie universelle étrangle les structures de santé. De Ranérou à Matam en passant par Ourossogui, Thilogne et Kanel, la revendication ne change pas. La créance de la Cmu s’élève à une cinquante millions F Cfa à Ranérou. A Thilogne, elle est environ de 47 millions de francs Cfa et cela fait grincer des dents. Malgré les complaintes, les structures sanitaires continuent de se plier en continuant à assurer l’offre de gratuité à l’image du plan Sésame, qui étouffe certaines structures comme le district de Thilogne, de Kanel et l’hôpital d’Ourossogui. Car, l’Etat n’a pas encore payé ses dettes «depuis quelques mois, même si les autorités ont affirmé être dans une phase de contrôle», renseigne-t-on.
Interpellé sur cette question, le directeur de l’Agence de la Cmu, Dr Bocar Mamadou Daff, préfère parler d’un «retard de paiement». Subtilité sémantique ? «Parce que simplement ce qui a été convenu avec les structures de santé, c’était que celles-ci assurent les prestations, envoient les factures pour vérification ensuite et après l’Agence de la Cmu procède au paiement», dit-il. Dr Daff soutient à sa décharge que les factures «viennent souvent tardivement, car les gens ne font pas le travail qu’il faut, dans la promptitude et dans la complétude». Quid du cas spécifique de Matam ? «Il y a des retours de facture du fait que les structures pratiquaient les paiements à terme, c’est-à-dire que la structure sanitaire considérant que l’Acmu paie tardivement, elle multiplie le Paf (Patient à ses frais) par deux ou par trois. Ce qui oblige l’agence à revoir tout cela et à renvoyer la facture afin de demander des corrections et pouvoir ensuite procéder au paiement. C’est cela qui justifie le retard», se justifie-t-il.
Sur la dette agitée un peu partout, Dr Bocar Mamadou Daff parle du contexte de la fête de la Tabaski. Une période durant laquelle les gens ont besoin de donner des primes. Il dit : «A chaque fois que des situations comme ça se présentent, le débat est actualisé avant de s’estomper. Pour cette année, la Cmu a pu payer près de 147 millions aux structures de la région de Matam», détaille-t-il. En revanche, il assure que le gouvernement est en train de prendre les mesures correctives idoines. «On est en train de développer des stratégies pour apurer cette dette», a-t-il juré.
Dr Daff rappelle que le budget de l’Acmu est d’environ 13 milliards et un apport supplémentaire de 7 milliards de francs Cfa pour payer une partie de la dette de la Cmu. «Pour une politique de gratuité pérenne, il faut bien l’encadrer avec un très bon ciblage pour ne permettre qu’aux ayants droit d’en bénéficier. Pour cela, l’agence est en train de réaliser un entrepôt de données avec les Identifications numériques prenant en compte toutes les personnes concernées pour éviter une surconsommation des deux côtés aussi bien chez les prestataires que chez les consommateurs», rassure Dr Daff.