Yoro DIA –
Jimmy Carter n’a pas été un grand Président mais tous les Américains reconnaissent qu’il est un grand ancien Président. Le meilleur ancien Président, disent-ils. On connait maintenant le plus mauvais ancien Président de l’histoire des Etats-Unis. Il s’agit de Donald Trump. Il sera difficile dans l’histoire et dans l’avenir de faire pire que Trump. Heureusement que les institutions américaines sont solides et que le système y est plus fort que les acteurs. C’est parce qu’elles sont solides que Trump y a été soluble pendant quatre ans. Aujourd’hui, Trump est le pire ancien Président parce qu’il est en train de transformer la vieille democratie américaine en une démocratie du tiers monde. C’est quand même incroyable qu’un Président des Etats-Unis quitte le Bureau Ovale en emportant des archives et des documents confidentiels.
Comme dans les démocraties du tiers monde, la police est partie perquisitionner le domicile de l’opposant et probable candidat qui se met à accuser la Justice et la police d’avoir des motivations politiques et d’agir sous la dictée de l’Exécutif. La rhétorique de Trump et sa stratégie sont celles qu’on retrouve exactement dans les démocraties du tiers monde, comme ce fut le cas au Benin entre le Président Talon et son prédécesseur, Yayi Boni. Depuis George Washington, la tradition veut qu’un ancien Président se retire de la vie politique, écrive ses mémoires ou devient un sage qu’on vient consulter de temps en temps, ou crée une fondation. Le phénomène Trump est la preuve des faiblesses des démocraties face au populisme qui a permis au Caporal Adolph Hitler de faire main basse sur l’Allemagne, le pays qui a donné au monde Goethe, Kant, Schiller, Beethoven. Le Caporal Hitler et son gang de nazis se sont emparés du 2e plus grand pays de la pensée après la Grèce, grâce à la terreur et la manipulation, devant lesquelles les démocraties sont si vulnérables.
La terreur ne pouvant prospérer aux Etats-Unis, la manipulation est la principale arme de Trump, avec ses «vérités alternatives». Cette manipulation des foules, qui est la principale arme des populistes et que Thucydide dénonçait déjà comme «cette multitude athénienne qui décidait des affaires de l’Etat sans rien y connaître» comme le relate Moses Finley dans son livre l’Invention de la Politique. Ce que Cicéron appellera plus tard «un ramassis d’hommes universellement incompétents, frustes et ignorants». Cicéron ne savait pas si bien dire parce qu’il n’y a que l’audace, l’ignorance accentuée par la manipulation, qui peuvent expliquer l’attaque et la profanation du Capitole.
Même si Donald Trump a des pratiques et des méthodes d’une démocratie du tiers-monde, il y a une grande différence entre la démocratie américaine et celles de la plupart du monde, parce qu’aux Etats-Unis, nous avons comme dit Aristote, «le gouvernement des lois, pas celle des hommes». C’est pourquoi personne, à part les partisans fanatiques de Trump, ne croit à l’instrumentalisation de la Justice et de la police contre Trump. Malheureusement, le retour du Gourou Trump à la Maison Blanche n’est pas à exclure, comme beaucoup s’y étaient trompés quand il avait lancé sa candidature, parce qu’en démocratie, ce sont ceux que Cicéron appelle dédaigneusement «un ramassis d’hommes universellement incompétents, frustes et ignorants» qui décident et ils sont très vulnérables à la manipulation. C’est d’ailleurs pourquoi les pères fondateurs des Etats-Unis ont immédiatement adopté une Constitution après la révolution, pour brider les ardeurs et instincts populaires et montrer qu’on était passé de la Démocratie à la République. C’est la démocratie qui a amené Trump dans le Bureau Ovale, mais c’est la République qui va sauver l’Amérique de la menace Trump.
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