Dans sa Lettre de Politique sectorielle de développement de l’agriculture (Lpsda) de 2018, le gouvernement du Sénégal considère l’agriculture comme un pilier fondamental de sa politique de développement. Son ambition, compte tenu des différentes politiques et stratégies agricoles nationales successivement mises en œuvre, était de traduire sa volonté politique affichée de faire de l’agriculture un secteur prioritaire, porteur de croissance économique et générateur d’emplois et de revenus pour les ménages.
En outre, conscient que le secteur agricole dispose de ressources humaines de qualité, d’un savoir-faire traditionnel acquis depuis de longue date dans les pratiques culturales, d’un dynamisme et d’une diversité d’organisations de producteurs, des compétences en recherche agricole et de dispositifs de formation et d’un appui au conseil agricole, le gouvernement du Sénégal a mis en place le Plan Sénégal émergent (Pse), dont l’ambition est de faire du Sénégal un pays émergent à l’horizon 2035. Ce plan s’inscrit sur trois axes essentiels dont l’agriculture occupe une place prépondérante, puisque considérée comme moteur de développement économique et social.
A cet effet, le ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer) a élaboré en 2014, le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas), qui constitue l’instrument sectoriel agricole de mise en œuvre du Pse pour la période 2014-2017, notamment au niveau de son axe 1«Transformation structurelle de l’économie et croissance». Ces attributions du ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer) sont consignées dans le décret n°2017-1573 du 13 septembre 2017.
L’objectif principal est d’atteindre l’autosuffisance et assurer la sécurité alimentaire à travers la mise en place de stratégies, parmi lesquelles nous pouvons lire, entre autres : le développement des partenariats avec les organisations de producteurs et les organismes de financement, afin de favoriser l’accroissement de l’investissement en milieu rural et la responsabilisation des organisations de base ; la promotion de l’équipement rural et la modernisation du matériel agricole ; la formation et l’encadrement des agriculteurs, etc.
C’est dans ce contexte que le Buluf, comme dans certaines localités du Sénégal, par le biais de notre sœur, la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta (qu’elle reçoive par la présente, mes vifs remerciements et ma profonde gratitude), a reçu une dotation en matériel agricole (modernisation du matériel agricole), suivie d’une formation pour accroître non seulement la productivité, mais encore la production en plus de la sécurité alimentaire qu’elles garantissent.
Il est donc important, à notre niveau, de réfléchir et mettre sur pied un plan managérial qui aurait pour cible principale, en plus de la gestion du matériel, du suivi-évaluation des activités de production et de commercialisation, l’organisation et la formation des acteurs.
En effet, un comité de gestion du matériel et de la logistique, un comité de suivi-évaluation et de planification des activités et de commercialisation entre autres, ne seraient pas de trop en cette première étape, pour l’utilisation rationnelle des facteurs de production, la maintenance du matériel et la planification des tâches, dans le court et le long terme, de la production à la commercialisation.
Parlant de la production, le Buluf doit désormais pouvoir diversifier et optimiser sa production agricole, d’autant que les moyens de production sont modernisés et la ressource humaine en la matière, ne souffre point de qualité et de dynamisme.
Il faut aussi une structuration formelle des différents acteurs, à travers des associations (par exemple Association des agriculteurs du Buluf, celle des éleveurs, des pêcheurs, et des transporteurs), afin d’harmoniser éventuellement les prix, de faciliter le dialogue, favoriser l’accroissement de l’investissement en milieu rural, par le partenariat avec des structures financières spécialisées.
Cependant, qui dit production, penserait inéluctablement à la commercialisation du reliquat de la production, eu égard à la consommation locale.
Le slogan du «consommons local» ne serait que réalité dans toute l’étendue du Buluf, pour la simple raison que tous les facteurs de production sont quasiment réunis et cela à moindre coût, d’autant que nos terres sont naturellement fertiles et la main d’œuvre peu chère. D’ailleurs, nous ne sommes pas sans savoir que dans tout investissement où l’entrepreneur possède cette manie d’optimisation des coûts et cet engagement résolu à accroître sa production, il verra la courbe de son profit à la hausse.
Dès lors, nous devons concentrer notre énergie sur la maîtrise de l’eau. La disponibilité de cette denrée précieuse en permanence, aurait sans doute des incidences positives sur l’accroissement et la diversification de la production, et améliorerait la qualité de la consommation locale, donc garantirait la sécurité alimentaire (quantité et qualité).
Pour ce faire, en dehors des forages déjà existants, il convient d’une part, de faire appel au soutien de l’Etat pour nous en doter davantage. D’autre part, il s’avère important de créer des lacs artificiels ou bassins de rétention (travail qui se fera par nos engins disponibles), qui seront alimentés par les eaux de ruissellement par drainage. Des canalisations partant de nos routes principales, conduiront ces eaux jusqu’à destination, ce qui permettrait de lutter en même temps contre l’ensablement de nos rizières et le manque d’abreuvoirs pour notre bétail, surtout en saison sèche.
Par ailleurs, les cultures alternées, successives et diversifiées pendant les deux saisons (compte tenu de cette maîtrise de l’eau en continue), offriraient de meilleurs prés au bétail. L’élevage se verrait amélioré, ce qui boosterait l’activité économique dans notre zone par accroissement de la production, pas seulement des produits laitiers, artisanaux (peaux, cornes…), la viande, mais encore celle bio. Cette dernière, étant aujourd’hui un critère de compétitivité dans le commerce des produits agroalimentaires, à l’échelle nationale comme internationale.
En ce qui concerne le commerce, le Buluf doit être le hub commercial du département de Bignona, voire de la région de Ziguinchor.
En effet, la création d’un marché hebdomadaire rotatif entre les six différentes communes du Buluf (Mangagoulack, thionck Essyl, Mlomp, Kartiack, Diégoune et Balingore), permettrait de multiplier le volume des échanges commerciaux, donc d’écouler la production locale.
En outre, nos collectivités locales (les six communes) avec une population environnant les 50 909 habitants, à travers cette plateforme commerciale, se verront attribuer des retombées financières par les patentes, qui étofferont leurs budgets. Et par la suite, les investissements des communes grimperont au grand bonheur des populations.
Ce marché hebdomadaire rotatif favoriserait un effet d’entrainement dans nos communes respectives par l’augmentation du petit commerce, du développement de petites unités de transformations agroalimentaires, du transport, etc.
Pour ce qui est du transport, j’interpelle nos frères et sœurs de la diaspora qui sont déjà bien structurés, afin qu’ils puissent investir sur ce créneau, qui jusqu’ici, présente d’innombrables opportunités d’affaires. La création d’une entreprise de transport pourrait accroître la plus-value, par l’évacuation de nos produits locaux vers les marchés de l’intérieur du pays et de la capitale, concurrençant ainsi les autres transporteurs. De plus, cette société se chargera en même temps du transport des touristes (secteur à forte valeur ajoutée en Casamance), dans une logique de diversification de ses activités et création d’emplois pour les jeunes.
Dans le cadre de la diversification des investissements, l’éducation doit, au sein du Buluf, être considérée comme un secteur prioritaire. Celle-ci qui est la nôtre, doit se parer de qualité allant des infrastructures et équipements modernes à la ressource humaine formée. Et cela est possible soit par fonds propres, à l’image des immigrés du Fouta, soit à travers des coopérations avec des villes européennes, américaines, canadiennes, etc., soucieuses du développement de l’éducation en Afrique en général, et du Sénégal en particulier.
A noter que l’investissement sur la ressource humaine est le meilleur investissement, celui qui permet un développement durable.
En somme, avec toutes ces réalisations, le Buluf serait le grenier du département de Bignona, de la région de Ziguinchor, qui reprendra ainsi son nom de jadis : «le Grenier du Sénégal».
Amadou Malang DIATTA
Diplômé en Gestion des Affaires
Professeur Maths /SVT
Ecrivain-poète