La deuxième participation du Sénégal à la Coupe du monde de football suscite un bel enthousiasme après deux rencontres disputées. La qualification n’est pas encore acquise, mais l’espoir est permis. Une équipe unie, dévouée, soudée et aux ordres d’un sélectionneur qui se fait meneur d’hommes en accordant entièrement confiance à ses protégés, porte haut la bannière du Sénégal sur la scène mondiale. La Coupe du monde est une vitrine. Un moment d’exposition aux yeux du monde lors duquel par le football l’image d’un pays comme le nôtre est promu par les performances de l’Equipe nationale ainsi que les conduites et postures des supporters du Sénégal en terre russe et un peu partout dans le monde. Pour l’heure, nous pouvons dire que les vents qui soufflent en Russie sont bien favorables pour notre pays. Les performances de l’équipe sont honorables, l’enthousiasme et l’ouverture des supporters sénégalais à saluer. La force du sport et surtout du football est de transcender tous les enjeux. Les valeurs comme l’union, l’engagement, la solidarité et l’amour de la patrie sont portées au plus haut. Les antagonismes et différences sont relégués pour laisser place à des intérêts communs, ceux du jeu et de la victoire. Ces colonnes ont été des murs où, lors de certains moments dans la marche courante de notre pays, nous avons sans cesse appelé à du dépassement et au rassemblement de la famille Sénégal autour de tout ce qui unit et fédère. La participation du Sénégal au Mondial 2018 est pleine d’enseignements et d’actes forts qui témoignent de la grandeur d’un Peuple qui sait se faire ensemble cohérent et uni, acquis à des causes.
Une chose est sûre avec l’Equipe nationale de football. Elle reste à ce jour l’une des meilleures enseignes de promotion de la destination Sénégal.
Sa conduite par Aliou Cissé rassure quant à la nécessité pour notre pays de miser sur les compétences et ressources locales. Le choix de Aliou Cissé comme sélectionneur national a entraîné à ses débuts une levée de boucliers. Les reproches et critiques sur la gestion de la sélection nationale par Aliou Cissé se sont succédé aux différentes campagnes. Les résultats ont néanmoins été au rendez-vous, car la deuxième qualification du Sénégal en phase finale de Coupe du monde a été décrochée par Aliou Cissé et ses hommes. La confiance accordée à lui pour inscrire l’Equipe nationale dans une dynamique de projet, avec des visées à moyen et long terme, est à saluer. C’est une dynamique qui doit faire tache d’huile dans plusieurs secteurs, en confiant les responsabilités à des personnes qualifiées, en leur accordant confiance et crédit face aux critiques et à l’adversité. Les critiques constructives aussi sont à encourager. C’est avec elles que des enseignements sont tirés, des ajustements faits pour l’atteinte des meilleurs résultats. La culture de mentorat et de passage de témoin dont fait montre l’Equipe nationale avec la présence d’une génération 2002 à travers la personne de l’entraîneur et de membres de l’encadrement technique est à promouvoir davantage. Des aînés avec un parcours partagent leur expérience avec une jeune garde qui, décomplexée, a les armes pour briller et écrire son histoire. Dans un pays aussi jeune que le Sénégal, avec un âge moyen de 19 ans, faire confiance à la jeunesse et lui donner des opportunités est une voie de salut. Au sein des entreprises, dans la vie politique et dans les institutions, le temps est venu de faire place de la meilleure des manières à la jeunesse, en la faisant actrice de tous les enjeux qui la concernent. Mais ces succès cachent nos lacunes qui demeurent criardes.
A beau chasser le naturel, il revient au galop
L’événement de la Coupe du monde aurait été une belle opportunité pour vendre davantage la destination sénégalaise, les vertus de la promotion du savoir-faire sénégalais, mais aussi des atouts économiques, touristiques, culturels du Sénégal. Durant les préparatifs de la participation du Sénégal au Mondial 2018, il avait été envisagé d’installer un «Village du Sénégal» sur la Place Rouge à Moscou, avec une animation culturelle permanente et des prestations de stars de la musique. Aussi, était-il prévu des stands pour présenter des opportunités d’affaires à des investisseurs potentiels. Malheu­reusement, ce projet est mort dans l’œuf, bien que des contacts nécessaires et même des contrats aient déjà été signés. Des impératifs budgétaires ont eu raison d’une telle belle ambition.
Nous voulons vivre dans le monde moderne et faire les mêmes choses que les autres Peuples des autres pays sans nous imposer les mêmes exigences de respect des règles et normes. C’est comme si nous sommes condamnés à ne jamais faire les choses comme les autres. La participation du Sénégal à la présente Coupe du monde de football en Russie en est, si besoin est, l’exemple patent. Voilà que ressurgit une polémique stérile sur les droits de diffusion des matchs de la compétition et qui oppose des chaînes de télévision, en l’occurrence la Radiodiffusion et télévision du Sénégal (Rts) et la Télévision futurs médias (Tfm). Ce conflit sur des droits télévisuels s’est exporté jusqu’en Russie où les responsables de la chaîne publique et ceux des télés privées se regardent en chiens de faïence. Ces querelles ne sont observées qu’au Sénégal. Dans tous les autres pays du monde, le respect strict des droits achetés par les uns et les autres est de rigueur. Et les différends commerciaux, car il s’agit bien de cela, sont réglés selon des procédures de contentieux commerciaux. Alors, se demande-t-on ce que le Premier ministre aurait à voir pour chercher à arbitrer, en bien ou en mal, de tels différends ? En vérité, nous sommes toujours rattrapés par notre propension, pour ne pas dire notre manie, à trouver des expédients, de solutions arrangées. Ce bras de fer entre la Rts et une chaîne de télévision privée à propos de droits de diffusion n’est pas une première. Et à chaque fois, l’Etat s’en mêle pour faire des arbitrages à la Salomon, au point qu’à chaque fois certains peuvent trouver des raisons de verser dans la surenchère, persuadés qu’au bout du compte une solution arrangée sera trouvée. Pourtant, qui ne se rappelle pas que les juridictions commerciales disposent de moyens pour régler des différends de cet ordre ? Par exemple, le contentieux qui opposait en son temps la télévision Walfadjri au Groupe Excaf, à propos des droits de diffusion d’une série à succès, Prison break, avait été réglé par la justice et les droits du légitime propriétaire avaient été scrupuleusement réglés. Cette affaire a été réglée sans coup férir.
Nuls en merchandising !
La gestion de la participation de l’Equipe du Sénégal à cette campagne footballistique en Russie révèle, une fois de plus, nos travers en matière de management des grands événements. Le laxisme légendaire du Sénégal se fait ressentir à chaque étape de l’organisation. Imaginez-vous que de toutes les 32 équipes en lice pour la compétition, seule celle du Sénégal se trouve dans une situation ubuesque où les supporters n’arrivent pas à trouver des maillots ou autres objets d’identification en soutien à leurs joueurs. Les rares personnes qui sont drapées aux couleurs de leur Equipe nationale portent des équipements et matériels contrefaits. L’équipementier officiel de l’Equipe du Sénégal n’a pas su s’accorder avec les responsables du football sénégalais pour arriver à mettre à la disposition du public des objets pourtant très prisés en cette période de compétition, surtout dans un contexte d’une dynamique de victoire des Lions du football. Il s’y ajoute que cette carence provoque un véritable manque à gagner pour les caisses de la Fédération de football. Assurément, il s’agit là d’un véritable flop en matière de «merchandising».
C’est de la même façon que les centaines de supporters sénégalais arrivent systématiquement au stade avec du retard, parce que simplement les préposés à la remise des tickets de rentrée au stade se font toujours prier. Sacrés Sénégalais !