• Les clés de la réussite du Casa

Le Casa Sports a réalisé un doublé historique : il a gagné le Championnat et la Coupe du Sénégal de football. Président du club fanion de la Casamance, Seydou Sané a arpenté les Marches du Quotidien quelques heures après avoir pris Dame coupe dans ses bras au Stade Lat Dior de Thiès. Dans cet entretien, il donne les clefs du succès, les efforts à fournir pour jouer les premiers rôles en Ligue des Champions africaine.Vous avez réalisé le doublé : Championnat-Coupe du Sénégal. Quelle a été la clé de la réussite du Casa Sports cette saison

?
La clé de la réussite cette saison ? C’est une porte qui a une double clé ou une triple clé. Vous utilisez une seule clé ça ne s’ouvre pas, il faut utiliser les 3 clés en même temps. Première clé, il y a d’abord la solidarité entre les jeunes, entre l’administration, entre le public et entre les supporters. On a été inclusifs. Deuxième clé : il fallait une responsabilité financière. Vous savez, quand nous avons pris le Casa Sports en 2014, ce n’était pas évident. Quand le Casa devait voyager sur Dakar, ce n’était pas aussi évident quand on est arrivés. Il fallait trouver un endroit pour loger l’équipe, c’est très difficile. Alors la deuxième clé, il fallait avoir une stabilité financière permettant au Casa d’être autonome pour voyager tranquillement. C’est le lieu de remercier le chef de l’Etat parce que nous lui avions dit que c’était difficile, dès lors il nous a donné un bus neuf…

L’Etat a donc contribué ?
Oui parce que le Président parlait d’équité territoriale et c’était juste parce que le Casa était le seul club qui se déplace tous les week-ends. Et les autres clubs venaient une seule fois à Ziguinchor. Or le Casa Sports va à Saint-Louis, Dakar…
Nous avons sollicité des partenariats qui nous ont permis d’asseoir et de contribuer pour avoir une stabilité financière. Il y a des donateurs qui ne veulent pas qu’on les cite. A côté de ça, nous avons développé la vente des joueurs de la petite catégorie. Ça nous a permis d’avoir une gestion beaucoup plus transparente, plus saine et d’asseoir une politique financière qui permet au Casa de payer les salaires. Après, nous avons signé une convention avec une banque. Nous avons «bancarisé» tous les joueurs, toute l’équipe. Il n’y a pas à payer via des enveloppes et tous les joueurs perçoivent, au même titre que les fonctionnaires, leurs émoluments à travers ce mécanisme. Donc ils sont stables, ils ne sont pas stressés. La seule chose qu’on donne directement ce sont les primes. A partir du 25 de chaque mois, tous les joueurs ont leurs salaires. Troisième élément, il fallait croire à une autonomie administrative et technique parce que quand le Casa devait se réunir, le Comité exécutif n’avait pas de siège. On allait dans les bureaux, on nous passait des locaux, et parfois vous y allez on vous dit que le gardien est parti avec les clés. Plusieurs fois les réunions ont été reportées faute de locaux. On s’est dit qu’il fallait un siège avec un numéro de téléphone, une assistante, etc. Et nous avons pu créer ce cadre où l’entraîneur a un bureau. Les mardis à 18h, tous les techniciens, les anciens viennent, que je sois là ou pas, c’est institutionnalisé. C’est la réunion technique, on évalue la journée précédente. L’évaluation n’est pas seulement technique. On dit est-ce que les enfants ont mangé tôt ? Est-ce qu’ils sont arrivés tôt pour s’entraîner ? Comment a été le match précédent ? On évalue jusqu’à 22h-23h…
Quand on analyse ces trois clés : autonomie technique, financière, administrative, on s’est dit qu’il n’y a plus rien à craindre, on peut foncer. Voilà les clés de notre réussite. Un autre élément, ce sont la patience et la persévérance. Quand nous sommes venus en 2014, nous nous sommes dit qu’il nous faut une vision très large du travail. Nous avons organisé un atelier de trois jours. Nous avons dit qu’à l’horizon 2020-2022, nous devons avoir un cadre attrayant. Comment y arriver ? Il faut dégager des objectifs opérationnels chaque année. Nous avons dit en 2014, nous allons commencer, et en 2014-2015, on va se maintenir, on n’a pas d’ambition. Et fort heureusement, nous sommes allés en finale contre toute attente. En 2016, on est revenus en finale, nous avons perdu. On y est arrivés comme ça sans que cela ne soit un objectif. L’appétit venant en mangeant, on s’est encore retrouvés en finale. On a perdu mais on en a tiré des leçons. Quand on perdait, nos cadets et juniors gagnaient 3 ans de suite. Les gens n’avaient pas remarqué cela. Les gens ont failli même frustrer les gosses qui gagnaient chaque année et qui ne recevaient pas d’accueil populaire. Parce qu’ils ne considéraient pas les cadets et juniors. Les cadets avaient comme coach Maguette Gningue et les juniors, Ansou, le coach de l’équipe A.
A l’époque, je leur ai dit : «J’ai une vision pour 2022, prenez ces équipes-là et préparez les gosses.» Ils ont commencé à gagner mais personne n’y prêtait attention. Pour l’équipe A, il fallait jouer le maintien. Chaque fois on était 6èmes, 8èmes, on a même frôlé la descente. Un club, pour qu’il soit fort, c’est l’addition des talents… Nous avons préparé ces jeunes et j’ai dit à Ansou : «Tu vas laisser les juniors pour être l’adjoint de Badara Sarr.» Maguette, qui avait les cadets, a pris les juniors. Quand Badara Sarr est parti en 2019, Ansou a été confirmé comme coach titulaire du Casa. Vous voyez qu’il a fait du chemin. Quand il a pris le Casa la première année, il m’a dit : «On ne peut pas être parmi les trois premiers, on peut avoir comme objectif de sauver la saison et se maintenir.» Des gens ont dit non, le Casa n’est pas à un niveau où il faut dire maintien, on gagne ou on gagne. J’ai fait comprendre aux supporters qu’on est en train de construire. Ils ont dit : «Non le Casa Sports n’est pas cette équipe, c’est une équipe qui doit confirmer chaque année.» Nous avons été têtus et avons insisté. Aujourd’hui l’histoire nous a donné raison parce que 80% des jeunes qui ont gagné, ont grandi avec Ansou.

Dans votre politique de recrutement de joueurs aussi, vous pensez beaucoup à aller vers la Gam­bie. Quel est un peu ce lien ?
C’est vrai, la plupart des joueurs qui sont recrutés au Casa, sont au niveau de la frontière entre le Sénégal et la Gambie. Vous allez entendre Lamine Diadhiou, Alassane Faty, Bourama Sambou. Parfois, ils sont sénégalais par ci et gambiens par là. Quand on chante en diola, ils comprennent déjà le diola, le mandingue. Donc, ils se retrouvent déjà dans ce que nous faisons. Et c’est pourquoi ils ont tendance à dire que Ziguinchor est proche de la Gambie. Ils peuvent aller voir leurs parents quand ils veulent. Donc, ils sont à l’aise. Raison pour laquelle dans nos choix, on préfère prendre les Gambiens qui comprennent déjà l’environnement et l’intègrent facilement. Alors la plupart du temps, on se retrouve avec les Gambiens. Nous sommes dans un championnat professionnel alors qu’en Gambie, ils sont toujours en amateur. Donc les gosses ont tendance à venir à Ziguinchor pour une visibilité et ils y prennent goût. Après, ils cherchent à jouer dans l’Equipe nationale du Sénégal. On a Lamine Diadhiou, Alassane et Matar qui ont choisi de jouer pour le Sénégal.

Aujourd’hui, qu’est-ce qu’il faut faire pour que Casa reste un club fort dans la durée parce que vous avez un atout, la base affective. Contrairement à beaucoup de clubs dakarois.
Je disais que si on ne fait pas attention, les clubs traditionnels vont disparaître. Vous avez vu ce qui s’est passé cette année ? Chez les cadets (Coupe du Sénégal), ce sont des centres, des académies. Chez les juniors aussi, ce sont des académies. Avec les séniors, académie plus un club traditionnel (Casa). Sur les 6 finalistes de la Coupe du Sénégal, 5 sont des académies. Une seule équipe traditionnelle a survécu. Et c’est déjà un indicateur très dangereux. N’eût été le Casa Sports, on aurait 6 équipes académiciennes. Et c’est dangereux parce que la volonté et l’engagement des centres ne sont pas les mêmes que les clubs traditionnels. Tu ne peux pas parler du Casa sans pour autant parler des supporters. Mais on peut parler d’un centre de formation sans parler des supporters. Ce n’est pas leur problème, ce qui est important pour eux, c’est de recruter et vendre. Or, le club traditionnel va au-delà de ces aspects. Quand vous prenez la Linguère de Saint-Louis, ce n’est pas la même chose. Aujourd’hui, ces académiciens, comme on les appelle, sont en train de broyer le football sénégalais. Il faut faire attention, il y a quelques clubs qui résistent. Et pour le faire dans la durée, il faut qu’on garde notre identité traditionnelle, qu’on fasse une ouverture vers le modernisme. C’est pourquoi nous sommes en train de construire un centre pour faire comme les académiciens, tout en gardant notre identité. Notre objectif, c’est de finir le centre de formation. Nous l’avons déjà commencé pour un coût de 2 milliards. Et j’avais même, en son temps, rencontré le ministère des Finances pour que dans le programme Xeuyou ndaw yi, l’Etat puisse apporter son soutien à côté des partenaires stratégiques du projet, qui sont des Finlandais et des Allemands. Nous avons déjà commencé les bâtiments. Nous pensons terminer la pelouse vers la fin de l’année. Et maintenant, le gros bâtiment va être achevé en décembre 2023. Avec le potentiel que nous avons dans la région naturelle de Casamance, on pourra retenir en Casamance tous ces joueurs qui viennent parfois vendre leur talent à Dakar. On aura un cadre pour les garder. Nous avons une équipe féminine qui a joué la finale cette année. Nous sommes montés en première division. Nous avons des cadets qui ont été éliminés par les centres aux tirs au but. Si on ne se modernise pas, on risque d’être dépassés. Et quand vous êtes un championnat sans clubs traditionnels, avec uniquement des centres, imaginez à quoi cela va ressembler ? Il n’y aura jamais de public, jamais d’annonceurs, jamais de sponsors. Ce ne sera pas beau…

Mais, le modèle économique a besoin d’être financé. Quelles sont les stratégies de financement ?
Nous avons des partenaires dans le cadre des projets gagnant-gagnant. Nous avons déjà l’apport du terrain qui aujourd’hui est en plein cœur de Ziguinchor. Et si on devait l’évaluer, c’est presque 1 milliard. Nous avons les partenaires parce que le projet est porteur d’espoir. A côté du sport, nous allons employer presque plus de 100 personnes parce qu’il y a une piscine olympique, un terrain multifonctionnel où l’on peut faire du basket, du hand-ball, du volley et c’est avec 450 places refermées à l’intérieur. En plus, nous avons le terrain de foot. A l’intérieur, il y aura un hôtel parce que nous voulons développer le tourisme sportif à partir de ce centre. Et que le centre va normalement générer tellement de moyens que quiconque voudrait financer cela parce qu’il est sûr de pouvoir retrouver son argent. C’est vraiment un projet porteur d’es­poir.

Est-ce qu’aussi, avec le succès du Casa Sports, ça donne une exposition médiatique du joueur, qui passe en Equipe nationale mais aussi qui est vu par les recruteurs. Est-ce que vous n’avez pas de crainte qu’on vous écrête l’équipe ?
Bien sûr ! Et c’est ça le problème actuel. Aujourd’hui, nous avons 10 joueurs qui sont en Equipe nationale locale. Ils sont en stage dont 7 sont avec l’Equipe nationale locale et 3 avec les U20. Donc sur les 11 titulaires, il n’y a qu’un seul qui n’a pas été retenu. On a le seul champion d’Afrique, c’est l’histoire que nous avons marquée. C’est la première fois que le Sénégal gagne la Coupe d’Afri­que avec un joueur local et il appartient au Casa Sports. Ce qui a permis de vendre le Casa Sports aujourd’hui. Sadio a gagné tous les trophées depuis les Navétanes. C’est un joueur complet. Il mérite des récompenses. C’est pourquoi je dis que pour valoriser les joueurs, il faut le faire et surtout quand il s’agit d’un joueur local.
L’autre élément ? Sur les 10 qui sont en regroupement, presque tout le monde est en train de partir. Nous avons une pression énorme, surtout avec les agents recruteurs, et tu as envie même de dire qu’il faut les laisser partir et après on va trouver quelqu’un. Si tout le monde part, on aura de l’argent. Mais, on ne sera pas compétitifs. Et c’est pourquoi, je dis aux joueurs : «Donnez-vous le temps parce qu’aujourd’hui, nous sommes en train d’assister à un fléau qui est dangereux si les gens n’y prennent pas garde.» Car les joueurs vont très tôt en Europe et ils reviennent. Regardez toute la masse qui est partie à Metz, en Hongrie et ailleurs. Ils sont en train de revenir. Ils n’ont même pas fait une saison et ils ne sont pas performants. Les clubs les lâchent. Ils reviennent au Sénégal rejouer pour chercher à repartir. Quand ils partent, ils n’ont pas le minimum de temps (de jeu) dans les jambes. On joue 26 journées alors que la moyenne par saison est de 35 matchs au minimum. Or, si tu joues tous les matchs et que tu n’as jamais été malade, jamais été absent, ce sont maximum 26 matchs.

En parlant de Coupe d’Afrique et d’ouverture au niveau africain, que doit être la stratégie du Casa Sports, parce que vous avez une équipe ambassadrice du Sénégal sur le continent africain. Et surtout, on est champions d’Afrique donc, il y a un focus sur le football sénégalais…
Ça nous stresse parfois parce que, au-delà du Casa Sports, on porte l’image du Sénégal qui est la vitrine du football africain aujourd’hui. Si vous prenez la Guinée par exemple, elle a 4 représentants. On en a 2 parce qu’on n’est pas dans le top 12 des pays où les clubs sont performants. Or, c’est un paradoxe. Le Sénégal est une vitrine et est parmi les 18 meilleurs pays au monde en termes de football. Alors qu’il n’y a aucun club qui fait partie du top 12. Et pour bénéficier des largesses de la Caf, il faut qu’un des clubs ait un coefficient élevé. Et le coefficient élevé se mesure à partir des quarts puis des demi-finales. Et on n’a que rarement atteint ce niveau. Tant que nous n’aurons pas une certaine régularité, on aura toujours un représentant à la Coupe de la Caf et un autre en Ligue. C’est le minimum.
L’Egypte que nous gagnons chaque année, le Maroc qui n’arrive plus en finale, leurs clubs ont gagné la Ligue des Champions. Pour la Coupe Caf, ils ont eu 2 représentants. Il nous faut une politique pour maintenir les joueurs. Nous sommes déjà présents dans la sous-région. Nous avons recruté un jeune Malien. Nous sommes dans la continuité car les délais sont tellement courts qu’il faut aller vite. Il faut renforcer cette équipe.

Et le traitement salarial ?
Bien sûr qu’ils vont te dire, s’ils doivent rester, il faut multiplier leur salaire par 2.

Qu’est-ce que l’Etat a fait ?
Il faut chercher de l’argent. On n’a pas la subvention qu’ont les clubs ivoiriens. Je suis mal placé pour en parler parce que je suis le porte-parole de la Fédération. D’ailleurs, c’est le lieu de féliciter et remercier le chef de l’Etat. La Coupe du Sénégal, ce n’étaient jamais 30 millions. C’étaient 10 ou 15 millions. Depuis la saison dernière, le Président nous avait donné 30 millions et 20 millions à Diambars. Cette fois-ci, juste après la finale, nous avons reçu 30 millions.

Quelles sont vos attentes ?
Maintenant, il faut qu’on sensibilise l’Etat. Pour bien représenter le Sénégal, il faut minimum 300 millions. Quand je dois recevoir le Tout Puissant Mazembé, c’est moi qui dois prendre en charge le transport. Au-delà de 200 km, c’est vous qui prenez en charge le transport de l’équipe adverse, le logement dans un hôtel 4 étoiles minimum. Vous trouvez 2 petites voitures pour les officiels et un bus pour les joueurs. Plus vous avancez, plus c’est cher. Mais si on vous élimine au premier tour, c’est moins cher. Si vous êtes ambitieux, il faut des moyens. Notre souhait, c’est de pouvoir amener quelques supporters. Nos joueurs ont une relation particulière avec nos supporters. C’est pourquoi nous allons davantage sensibiliser le chef de l’Etat. Nous pensons qu’il va nous soutenir. Il faut le remercier parce que le budget du ministère des Sports est à plus de 30 milliards alors qu’il y a quelques années, ce département n’avait même pas 5 milliards. Sans compter les projets d’infrastructures. On a récemment procédé au lancement des travaux de rénovation des stades Léopold Sédar Senghor, Alioune Sitoé, Ely Manel Fall de Diourbel et de Kaolack. Ils vont être rénovés en 19 mois.

Est-ce que le Casa va recevoir à Ziguinchor ?
C’est notre souhait. Le ministre s’est engagé à mettre le minimum. D’ailleurs, il y aura une mission de la Fédération pour voir les installations. S’il y a des réserves à faire, qu’on puisse les relever en attendant la venue de la commission de la Caf.

Quels seront vos objectifs en Ligue des Cham­pions ?
Nous voulons aller au-delà des phases de poules. Plus on avance, mieux le Sénégal se fera représenter. C’est pourquoi la Fédération va nous soutenir pour 25 millions parce que c’est un enjeu national. Nous allons porter le manteau du club du pays champion d’Afrique. C’est lourd.

Les 25 millions de la Fédération pourraient suffire ?
Non ! C’est juste un effort de la Fédération. Nous allons voir le Président et lui dire qu’on doit être soutenus. Si on n’a pas d’argent, on ne pourra pas retenir nos joueurs.

Quelles sont les assurances que vous avez pour les maintenir ?
Je n’ai pas une assurance rassurante. Je reçois chaque jour des sollicitations. Nous devons résister. Nous devons aussi nous renforcer. Nous devons multiplier les primes, les indemnités. Il faut que les joueurs soient motivés pour rester. Et c’est un problème de budget. Nous tournons avec un budget de 250 millions. Nous avons 12 millions de salaire pour 52 personnes. C’est une véritable entreprise. Nous avons aussi loué un immeuble R+2 à Dakar. Depuis 3 ans, nous louons cet immeuble à Grand-Yoff. A Ziguinchor, nous avons loué un R+1 pour les joueurs qui n’habitent pas la région. Nous avons aussi loué le siège pour le Casa. En plus des primes versées à chaque victoire ou match nul, c’est une grande somme. A un certain moment, vous n’avez pas envie de gagner si vous êtes sûr de remporter le championnat par­ce que ça vous fait de l’économie.

Il y a un problème avec votre entraîneur qui n’a pas de licence Caf. Il ne peut pas être sur le banc lors des matchs de la Ligue des Champions. Qu’allez-vous faire ?
Ansou sera peut-être un adjoint. Il ne signera pas la feuille de match, c’est Demba (Ramata Ndiaye) qui va le faire en attendant qu’il poursuive sa formation. Parce qu’il a eu les diplômes inférieurs il y a plus de 4 ans. Mais on n’a pas eu l’occasion d’organiser de stage de formation.

C’est de la responsabilité de la Fédération aussi ?
Je ne veux pas dire que c’est de la responsabilité de la Fédération. Parce que l’organisation ne dépend pas seulement la Fédération, il y a les instructeurs de la Caf, de la Fifa qui doivent venir. Entre-temps, le Covid-19 a fait que personne n’a voyagé. Depuis 2 ans, on a voulu faire cette formation mais on n’a pas pu. Cette année, on va commencer juste après le championnat.

Après avoir gagné la Coupe, le président de la République ne vous a pas reçus dans la soirée… Vous a-t-il snobés ?
Non ! Il va nous recevoir. Je sais qu’il est dans les dispositions de nous recevoir. Il faut que les gens comprennent qu’il reçoit les gens qui ont gagné sa Coupe. Car la Coupe du Sénégal est celle du chef de l’Etat. Il ne faut pas penser qu’il nous a reçus parce que nous sommes le Casa. Non ! Si c’est Lusitana qui avait gagné, elle allait être reçue.

Est-ce une frustration de ne pas voir le Président présider la finale de la Coupe ?
Oui ! C’est notre souhait au niveau de la Fédération. A partir de l’année prochaine, nous voulons nous organiser pour que le Président vienne assister à la finale.

Dernièrement, il y a une polémique entre le Casa Sports et le maire de Ziguinchor, qui avait boudé une invitation du club. De quoi s’agit-il ?
Je n’en ai jamais parlé. J’ai laissé les gens en parler, commenter. A l’époque, j’avais un objectif : gagner le Cham­pionnat et la Coupe du Sénégal. Je ne voulais pas me laisser distraire par des sujets qui vont peut-être me désorienter et me déconcentrer. En vérité, nous devions jouer contre Guédia­waye tout naturellement un simple match de championnat. La différence, c’est que le Casa a gagné déjà le titre avant la dernière journée. La Ligue a pensé nécessaire de remettre le trophée à Ziguinchor d’autant plus qu’on connait déjà le vainqueur. Donc elle a pris en charge l’organisation de ce match, a fait les invitations… On ne peut pas inviter quelqu’un, c’est la Fédération qui fait les invitations. Je peux bénéficier d’une invitation de la Fédération et vous la remettre.
Nous avons tardé à remettre l’invitation, il faut le reconnaître. Je n’étais pas là et en tant que président, je ne m’occupe pas des invitations. M’occuper des invitations n’est pas de mon ressort. C’est le Secrétaire général qui s’en occupe. Quand on a confectionné les invitations, il fallait attendre les macarons qu’on a commandés à Dakar. Il a eu à parler avec le protocole du maire pour lui dire qu’on devait leur remettre l’invitation avec le macaron. On ne peut pas remettre les invitations à part. Malheureusement, il a tardé à le faire et puis le maire s’est senti frustré parce que vu sa dimension, vu son aura, il devrait être invité avant tout le monde. Moi, je pense que c’est un épiphénomène.

Vous vous êtes excusé ?
Non. Pourquoi je devrais m’excuser ? Est-ce qu’il y a une faute ? Le président du Conseil départemental, le Gouverneur, les maires sont venus. Mme la maire de Niaguis est venue, le maire d’Oussouye aussi. Beaucoup de maires sont venus et ont reçu l’invitation en même temps que lui.

Vous pensez à des règlements de comptes politiques ?
Le champ politique existe toujours. Mais, je fais la différence entre l’enjeu politique et l’enjeu sportif. Si je dois me battre contre le maire, je me bats sur le terrain politique. Quand il s’agit de sport, je suis républicain, je me conforme aux dispositions réglementaires du sport. Au-delà de Seydou Sané, c’est le Casa Sports. Après avoir eu quelques bisbilles avec Baldé, c’est lui pourtant qui nous accueillis à Ziguinchor. Je ne lui ai jamais envoyé une invitation.

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