On est face à un réel désastre humanitaire. Le fleuve Sénégal, comme jamais depuis les années 1990, s’est extirpé de son lit. Les populations riveraines subissent les affres des eaux. La situation, il ne faut pas être dans l’euphémisme, est grave, dramatique. Des familles sont entièrement coupées du reste du pays, sans vivres, livrées à l’éventualité de terribles disettes. Elles vivent dans des conditions inextricables, inhumaines.

L’heure n’est pas aux subterfuges, il faut réagir. Et vite. Avec efficacité. Ces Législatives, quoique décisives pour questionner un pouvoir visiblement en perdition, ne doivent aucunement saupoudrer le drame que vivent ces populations. L’organisation-même de ce scrutin, dans ces zones, est en question. Aux urgences ! Bon sang !

C’est peut-être la plus grande équation de ce régime depuis son avènement. La prospective, encore une fois, a fait défaut. Les débordements du fleuve ne sont pas venus sans crier gare. Il y a eu des alertes. Mais enfin. Le gouvernement a ébauché certaines solutions. Suffisantes ? L’on ne saurait le dire. Il y a déjà le Plan Orsec qui pourrait être déclenché.

Le président de la République, en plein air, s’est rendu sur les lieux pour mesurer l’ampleur du désastre humanitaire. Espérons juste qu’il avait les yeux écarquillés et une cervelle bien chauffée pour se rendre exactement à l’évidence des faits. Des mesures, pouvant être considérées comme rassurantes, ont été annoncées. Reste à scruter leur efficacité. Moins de déclarations d’intentions, plus de pragmatisme dans l’aide aux sinistrés. La nature en a décidé ainsi. A moins de vouloir être dans la politique de l’autruche. Cette irresponsabilité, soyons-en prémunis !

Au même moment, le Premier ministre, enragé et belliqueux comme toujours, agglutine des hordes de militants à Dakar Arena pour faire son show politique. Ce qu’il sait faire plus que tout. Quel sens des priorités ! Décidément, rien ne peut ébranler les folies de cet homme. Mon Dieu, je rêve ! Quand une partie du pays se noie, lui et ses militants se permettent de faire la fête pour, comme de coutume, verser dans la provocation et les peccadilles, dénuées d’intérêt pour le citoyen sénégalais qui n’attend qu’à cueillir enfin les fruits du «Projet». Notre humanité devrait nous dispenser d’un tel acte, qui témoigne une triste indifférence quand Bakel s’engouffre dans les méandres des eaux et, d’autres, inconscients jusqu’à l’os, font la fête. Mais l’on ne peut en vouloir à un valet, fanatique de surcroît, qui suit son maître dans l’imbécilité. Il n’a pas le choix, ce n’est pas lui l’imbécile, mais le maître lui-même ! Une calamité pour un Peuple.
Nous devons accentuer la mobilisation citoyenne pour faire face à cette terrible catastrophe naturelle. Le président de la République, avec un Premier ministre ramené à la raison, doit impulser cet élan de solidarité nationale. Les parties orientale et septentrionale font partie de nous. C’est aussi une question d’humanité, de récit national.
Baba DIENG
Etudiant en Science politique
Ugb