48 heures après la sortie des populations de Tobène, Maka Dieng, Thissé et Keur Maguèye, rejetant le barème d’indemnisation du projet d’extension des Industries chimiques du Sénégal (Ics), la réaction de ces dernières n’a pas tardé. Elles ont remis les pendules à l’heure pour réconforter leur position par rapport au barème départemental appliqué par la Commission départementale d’évaluation des impenses : «Les paysans n’ont pas de terre. Il faut que les choses soient claires. C’est le domaine national. Les terres appartiennent à l’Etat. Lesquelles ont été attribuées par l’Etat aux Ics pour l’exploitation du phosphate.» Les Ics rappellent que «c’est le domaine minier des Ics. Les paysans n’ont que des peines, c’est-à-dire, ce qu’ils ont mis au-dessus des terres. C’est ça la réalité. Ce sont les peines qui doivent être évaluées». Les­quelles, précisent-elles, «seront évaluées suivant le barème départemental appliqué par la Commission départementale d’évaluation des impenses, présidée par le préfet du département de Tivaouane et constituée des différents services départementaux de l’Etat et où les Ics n’ont qu’un seul représentant». Elles relèvent : «Il n’y a pas un barème proposé par les Ics. Il y a un barème départemental consensuel qui est appliqué dans tout le département de Ti­vaouane. Ce même barème a été utilisé pour indemniser les impactées de la centrale électrique de Tobène power, de l’entreprise minière Grande côte operations (Gco) et partout dans le département.» Mieux, signalent-elles, «le barème actuel est meilleur que celui que les Ics utilisaient avant, quand on indemnisait les populations de Mbar Diop et Mbar Ndiaye. Parce que ledit barème datait de 2001 et c’était un consensus entre les populations, l’Admi­nistration et les Ics. Et ce barème dont parlent les populations de Tobène, les Ics l’ont rejoint en 2018 sur invitation du préfet parce qu’il disait qu’il était effectivement plus avantageux pour les populations que celui d’avant. Ce que les Ics ont consenti». Aussi, elles éclairent la lanterne des populations : «Nous n’avons pas proposé 1 million 050 mille francs Cfa. C’est une somme qui existe dans le barème départemental. Lequel inclut ce qu’on appelle ‘’l’intention de culture’’, parce que la plupart les paysans font des cultures pluviales. Donc sur l’hectare, si on ne trouve rien, on paye 1 million 050 mille francs Cfa. Mais si on trouve des arbres, on évalue les impenses plus 1 million 050 mille par ha.» S’agissant de l’absence de cultures à cause de l’exploitation du phosphate tant décriée par les populations, les Ics parlent de «balivernes». Pour preuve, relèvent-elles, «le champ de Khaly Top, habitant de Tobène, a beaucoup d’arbres. C’est un exemple patent. La réalité, c’est que les autres paysans n’ont pas planté d’arbres. Mais il y a quelques champs qui ont des arbres». Elles se posent des questions : «Comment les Ics peuvent, avec l’exploitation du phosphate, tuer les arbres dans les champs des autres paysans et laisser celui de Khaly Top ? Les champs de Mbar Diop et Mbar Ndiaye qui se trouvent dans la même commune de Méouane et qui avaient des arbres ont été indemnisés par les Ics à hauteur de 5 milliards de francs Cfa environ dans l’ancien barème.» En attendant, les Ics restent inflexibles sur leurs propositions : «Ce barème départemental consensuel va être appliqué. Il est indiscutable parce qu’on ne peut pas discuter un barème à chaque champ suivant que l’individu a des arbres ou non.» Par contre, elles sont prêtes, «en sus de ce barème, à discuter pour des mesures d’accompagnement qui ne sont pas incluses dans le barème».