Il y a quelques semaines, j’ai produit une contribution sur la résolution des Nations Unies contre la poursuite de l’occupation par Israël des terres palestiniennes. Je saluais le courage du Sénégal, membre du Conseil de sécurité de l’Onu, d’avoir appuyé avec force cette résolution qui reconnaissait un droit international et qui condamnait l’injustice.
La semaine dernière, il s’est produit un autre événement politique qui consacre également la force du droit international et de la justice. Il s’agit de l’abandon du pouvoir par l’ex Président de la Gambie, monsieur Yahya Jammeh. Ce dernier a été forcé de se soumettre à la volonté du Peuple gambien qui a choisi souverainement un nouveau Président, son Excellence Adama Barrow.
Voilà encore un autre triomphe de la légalité républicaine et du droit international. Il faut fortement souligner l’intelligence et la sagesse de la diplomatie du gouvernement sénégalais dans cette affaire.
A deux reprises et dans un délai rapproché, le Sénégal indique une voie et une voix forte : la ferme volonté, dans le concert des Nations, d’être courageusement du côté de la justice et du droit international. Nous prions pour que nos dirigeants africains cultivent cette attitude, car la paix intérieure de nos pays et celle internationale dans notre continent doivent être adossées au respect de la volonté des urnes et du droit international. Sans ce socle républicain, la paix sociale et politique ne peut exister. Jammeh est parti parce que le Peuple gambien lui a retiré son soutien. Il a été contraint à l’exil parce que les leaders de la Cedeao ainsi que les forces militaires de cet organisme lui ont imposé la vérité du droit. Ce qui s’est passé en Gambie constitue ainsi un droit d’ingérence responsable et raisonnable de la part de la communauté internationale africaine.
Il faut remercier Allah pour la fin heureuse du conflit gambien. Surtout que le sang n’a pas coulé. Saluons également le leadership des chefs d’Etat de la Cedeao et de l’Union africaine qui ont obtenu l’appui des Nations Unies dans leurs démarches et qui ont réussi à trouver une solution diplomatique négociée dans l’espace africain même ! Des chefs d’Etat désignés par la Cedeao auxquels se sont ajoutés d’autres dirigeants du continent ont été les maîtres d’œuvre des négociations. L’Armée qui a été mobilisée était uniquement constituée de soldats africains. L’Afrique a montré qu’elle avait les moyens d’une diplomatie et d’une force militaire pour imposer le droit international. Mentionnons également la satisfaction de l’Organisation de la coopération islamique (Oci) qui a salué la démarche de la Cedeao.
La solution gambienne pose cependant un défi futur à nos chefs d’Etat. Le cas Jammeh et le cas du petit pays qu’est la Gambie ne doivent pas être des exceptions. Ce qui est arrivé à Jammeh devrait pouvoir s’imposer aux autres dictateurs africains ou aux chefs d’Etat qui continuent de détourner la volonté du Peuple. Cela, quel que soit le pays. Ce n’est que dans une ferme volonté d’appliquer la même mesure à tous les récalcitrants que les organisations internationales africaines seront des références crédibles.
Un autre fait important est à souligner : le sens de l’accueil et de l’hospitalité légendaire du pays de la Téranga. Le Sénégal a accueilli le Président Adama Barrow dans les meilleures con­ditions et lui a apporté tout le soutien et l’amitié nécessaires. Celui-ci le méritait, car il était victime d’une grave injustice. Le Président Macky Sall a donné l’hospitalité à la justice qui était bafouée pour lui permettre de retrouver sa dignité et sa noblesse.
Accueillir et donner l’hospitalité à l’étranger est une valeur forte de nos cultures traditionnelles, mais également de l’islam. L’hospitalité fait partie des principes moraux importants de l’islam. Elle était une grande qualité du Prophète Mohamed (Psl) et s’illustre dans plusieurs de ses gestes et recommandations. L’islam pose cependant des conditions à l’hospitalité. Elle demande que l’on accueille des gens honnêtes, qu’ils soient riches ou pauvres. L’islam ne nous recommande pas de donner l’hospitalité à des chefs d’Etat corrompus qui ont détourné les biens du Peuple, à des chefs d’Etat qui ont affamé et martyrisé leur Peuple. Le faire, c’est être complice. L’Envoyé d’Allah a dit : «Nul n’est vraiment croyant que lorsqu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui.»
Le Président Macky Sall, en donnant l’hospitalité au Pré­sident Barrow, au nom de la justice, dit ainsi qu’il s’inscrit dans un pacte républicain  avec lui-même, les Sénégalais et l’histoire : le respect de la volonté des urnes est sacré.

Imam Tahirou FALL
Rufisque –