Les quatre grandes vertus majeures

Ce n’est ni pour diriger le monde, ni pour être maître de soi ou quelque outil de développement personnel, ce sont plutôt les quatre grandes vertus majeures qui ont fait les prophètes, les hommes de Dieu, les grands créateurs qui ne sont pas forcément cette race de leaders préfabriqués, entraînés à faire des choses, à émerveiller sans être merveilleux. C’est de la vertu gratuite, les quatre grandes vertus majeures tout court, c’est la vertu en elle-même, l’immanence de la vertu, la vertu sans limites qui défient les frontières de la morale : Il y a d’abord la science, le «connais-toi toi-même», savoir véritablement qui l’on est, cette plongée vertigineuse dans l’âme, c’est la connaissance de notre nature divine ; Dieu a créé l’homme à son image, mais l’homme n’est pas Dieu pour autant. Ceux qui se prennent pour Dieu sont des criminels en puissance. Les autres sont des initiés qui savent que l’âme est de Dieu qu’il peut agir et transformer. Aujourd’hui plongé dans notre marasme moral qui se traduit étrangement par un désir de pouvoirs comme dans les films de science-fiction pour enfants ayant refusé de grandir, nous nous convertissons tous à la religion du développement personnel, ce snobisme spirituel qui ne veut pas aller plus loin dans l’exploration de l’âme et se faire religion tout court. La prochaine grande opération intellectuelle effectuée sur le corps humain sera un redressement, le redressement du développement personnel, l’ablation de l’excroissance personnelle. «La voie de la perfection» qui n’a rien à voir avec le développement personnel est «le livre le plus lu» sur la place de Dakar, livre dont les stocks s’épuisent dès la commande, un phénomène plus spirituel que littéraire, si tant est que les deux ne vont pas ensemble, phénomène étrange et inaperçu qui impose la question suivante : «Mais qui lit la voie de la perfection du maître soufi iranien Bahram Elahi ?», réponse simple : «Ceux qui sont orientés vers ce genre de livres.» Les livres qui nous disent qui on est (en partie) sont difficilement accessibles même s’ils se vendent à un sou. Rien qu’à les connaître, être au courant de leur existence sans les avoir encore lus est un grand pas, les avoir dans sa bibliothèque (si l’on en a) est un pas de géant. Mais ils peuvent y rester pendant des années jusqu’au jour où l’ordre et le cercle qui contrôle la grande bibliothèque mystique autorisent qu’on ouvre ces livres. Ce phénomène est lourdement spirituel. Ce sont surtout les livres du «connais-toi toi-même», les livres de la révélation du chemin qui mène vers soi, vers la connaissance de notre parcours, le grand parcours de l’âme, la connaissance de notre nom caché, nous en avons tous. Voici la première grande vertu : la connaissance, la science, le savoir.
La deuxième grande vertu est la longanimité, la patience dont fait preuve celui qui a le pouvoir de sévir, c’est le synonyme spirituel de la douceur, la bonté, l’amour, tout le contraire de la rudesse et de la rugosité morale enseignée par une certaine philosophie morale et politique qui a un faible pour le grand penseur florentin. C’est une vertu majeure, le propre des saints, pourtant très répandue dans l’espèce humaine. Il y a des anges parmi nous, mais nous nous efforçons à ne voir que des démons. Il y a des âmes, des millions qui ne seront jamais des démons. Ils ont déjà quitté le monde des démons, ils ont connu l’expérience démoniaque, le contrôle inutile, la guerre sans butin spirituel si ce n’est la noirceur de l’âme, ils savent de l’intérieur qu’il vaut mieux tendre la main généreuse. Pour rien au monde ces êtres ne pourront faire revenir à la surface la part sombre de l’homme, ils sont devenus forts. C’est l’âme apaisée, les esprits tranquilles, ceux qui savent diriger leur colère. Mais les êtres les plus doux possèdent un puissant Karma qui peut frapper à leur place, même à leur insu, leur sentence est sans appel, ceux qui leur font tord seront «foutus» à jamais. Les esprits spontanés et «sanguins» pensent qu’il faut vite sévir et rudoyer pour faire un grand dirigeant. Ces esprits manquent d’éducation spirituelle. En vérité, c’est l’esprit qui gouverne le monde, tout se passe à l’intérieur. Il reste deux grandes vertus…