Nous sommes au Sénégal, dans une République et dans un régime démocratique, qui observe la séparation des pouvoirs définis par la Cons­titution. Bref, schématiquement, les trois pouvoirs définis par la Constitution sont : le Pouvoir exécutif, le Pouvoir législatif et le Pouvoir judiciaire. En effet, ces trois pouvoirs coexistent séparément au sein de l’Etat.
Universellement et éternellement, «tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. Il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. La vertu même a besoin de limites. Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir».
Au Sénégal, à la lumière des évènements juridico-politiques survenus entre 2024 et 2025, observons le comportement de ces trois pouvoirs définis par la Constitution. Chacun en ce qui le concerne.
Succinctement, en 2024, l’Exécutif, incarné par l’ex-président de la République, Macky Sall, à qui l’opposition d’alors avait prêté des intentions de briguer un troisième mandat, a décidé, au détriment de la Constitution, le report de la Présidentielle de février 2024. Saisi par l’opposition, le Conseil constitutionnel annule la décision de l’ex-Président. Ainsi, le Pouvoir judiciaire (le Conseil constitutionnel) arrête le chef de l’Exécutif (le président de la République).
En 2025, l’Assemblée nationale  (le Pouvoir législatif) modifie son Règlement intérieur pour faire des juges des justiciables devant l’Assemblée nationale, c’est-à-dire, dans le cadre des commissions d’enquête, auditionner les magistrats. Le Conseil constitutionnel (le Pouvoir judiciaire) indexe les dispositions y afférentes anticonstitutionnelles ; donc, arrête, stoppe l’Assem­blée nationale (le Pouvoir législatif).
Le 27 février 2025, le député maire des Agnams, Farba Ngom, est envoyé en prison au terme de son audition devant le collège des juges d’instruction du pool judiciaire financier. Depuis ce jour, il est en prison. Malade, il est resté en prison. Attesté gravement malade avec possibilité de trouver la mort dans son sommeil, par trois professeurs de médecine, il est resté en prison. Pourquoi ? Aidez-moi à comprendre. Lorsqu’on est juge ; devient-on superman avec des qualités extraordinaires, voire même divines au point de savoir qui va mourir et à quelle date ?
Allègrement, permettez-moi, dans un souci pédagogique, de me répéter. «Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. Il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites.»
Récapitulons, entre 2024 et 2025, on a constaté : le Pouvoir exécutif arrêté, stoppé par le pouvoir judiciaire (le Conseil constitutionnel). Le Pouvoir législatif arrêté, stoppé par le pouvoir judiciaire (le Conseil constitutionnel).
Par ailleurs, rappelons Montesquieu avant de poursuivre «…La vertu-même a besoin de limites. Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.»
A titre d’exemple, et à l’aune de ces deux célèbres affaires politico-judiciaires concernant ces deux hommes d’affaires à savoir : Samuel Sarr et Farba Ngom, je suis arrivé à m’interroger : si le Pouvoir exécutif est arrêté par le Pouvoir judiciaire, si le Pouvoir législatif est arrêté par le Pouvoir judiciaire ; quel pouvoir arrête le Pouvoir judiciaire ? Je ne vois aucun pouvoir défini par la Constitution.
Naïvement, à la lumière de ces deux cas précités ; si l’ex-député de Pastef Amadou Ba no2 avait raison, relativement, à l’audition des magistrats dans le cadre des commissions d’enquête. Au fait, ce qu’on observe : aucun pouvoir défini par la Constitution n’a le pouvoir d’arrêter le Pouvoir judiciaire. Alors que «la vertu même a besoin de limites».
Vive la République
Vive le Sénégal
Baba Gallé DIALLO
Babadediana@gmail.com