Ce matin, je me suis présenté au secrétariat d’une école doctorale à l’université Cheikh Anta Diop, en vue d’effectuer une première inscription. Après examen des dossiers à fournir, la secrétaire me notifia, avec une désolation visible sur son visage, le rejet de mon dossier.
Voici ce qu’elle me fit s’avoir, je cite : «Monsieur, le Professeur Gning (Gning n’est pas son vrai nom), ne peut pas être votre directeur de thèse. Il va falloir qu’il vous mette en rapport avec un autre encadreur.» C’est ainsi que j’ai pris acte, sans poser de questions. Après investigations, j’ai eu une surprise amère.
En effet, le Monsieur Gning en question est Professeur titulaire de rang A à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop. Présentement, il est admis à faire valoir ses droit à la retraite. Mais le drame c’est qu’il n’y a pas quelqu’un du même grade qui puisse le suppléer. Par conséquent, tout étudiant dans cette spécialité qui, après rédaction et défense d’un projet de thèse en bonne et due forme, a eu le mérite de faire partie d’une liste très réduite de sélectionnés en école doctorale, se verra refuser l’inscription.
Excellence, ce que je viens de décrire plus haut n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ils sont nombreux ces étudiants, qui sont dans des situations pareilles de blocage pour une inscription en thèse de doctorat. Et pour cause, il n’y a pas de titulaires pour les encadrer.
Le constat dans nos universités publiques est alarmant : des Professeurs titulaires s’en vont (décès et autres) sans pour autant qu’il y ait de la relève. On se retrouve avec des enseignants-chercheurs, pas assez expérimentés ou alors qui n’ont pas atteint le grade requis, pour exercer certaines tâches comme c’est le cas pour les directions de thèse de doctorat (loin de moi l’idée de sous-estimer nos maitres de conférence).
Monsieur, il faut nécessairement trouver une solution et le plus rapidement possible (les étudiants étant de nature ou plutôt de culture impatients). Avec la réforme des titres, des enseignants chercheurs ont pu bénéficier de promotion leur conférant la prérogative d’encadrer des étudiants. Ceci a beaucoup profité aux derniers pour leurs mémoires de Master II. Pour ce qui est des grades, une mesure similaire semble impossible d’autant plus que, semble-t-il, seul le Cames est habilité à statuer en la matière.
A la lumière de ce qui précède, la seule option qui reste, à mon humble avis, c’est de retoucher les textes pour permettre aux Professeurs qui sont encore là (puisqu’il y en a qui quittent pour aller monnayer leur talent et expertise à l’étranger où ils sont d’ailleurs très sollicités et mieux traités), de continuer parce que, tout simplement, ils en sont toujours capables, physiquement et intellectuellement.
Monsieur le Président, faites ce qui vous semble être bien pour le pays, en conformité avec votre serment de servir les intérêts du Sénégal, mais pensez à prendre des mesures urgentes. Il y va de la réputation et de la qualité de l’enseignement supérieur à l’Ucad et dans les autres universités publiques.
Pour être concret, je vous suggère modestement d’augmenter l’âge de départ à la retraite pour nos valeureux Professeurs d’université. Et pourquoi pas, jusqu’à ce qu’ils se sentent incapables d’exercer ? Cela donnera le temps aux maitres de conférence et maitres de conférence assimilés, de publier davantage, d’avancer en grade pour devenir titulaires et assurer la relève.
Espérant que nos inquiétudes puissent retenir votre attention, je vous prie de croire, Excellence, à l’expression de ma très haute considération.
Saliou YATTE
Professeur d’anglais
yatmasalih@gmail.com
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