Le grand hasard m’a amené à suivre ce mardi 21 janvier 2020 la rediffusion de l’émission «Face to face» qui vous a accueilli comme invité de Aïssatou Diop Fall.
Certes si votre nomination au poste de conseiller du président de la République à la veille des dernières consultations électorales a été mal accueillie par bon nombre de concitoyens et a fait beaucoup jaser dans les chaumières dakaroises, j’avais personnellement estimé qu’il ne fallait pas trop vous en tenir rigueur. Ma conviction étant que tout citoyen est libre d’offrir ses services où il veut, que l’on peut servir son pays partout où le besoin se fait sentir et enfin qu’il faille juger les gens à l’aune du travail accompli qui intègre la compétence, la probité morale et le sens prononcé de l’intérêt général.
Hélas, votre prestation télévisée est de nature à légitimer les diverses appréhensions et critiques que votre nomination au cabinet présidentiel avaient suscitées. Permettez de revenir sur quelques passages de ce «Face to face» !
1/ Vous vous glorifiez d’avoir conseillé au président de la République d’exclure toute voix dissonante qui se prononcerait sur le mandat présidentiel :
Comment un «professeur» comme vous qui se définit comme un «intellectuel» et qui a, sans retenue ni langue de bois, tellement investi les médias ces dernières années, peut-il aujourd’hui inviter à la censure et au musellement ? Comment un être sensé peut-il être si extrémiste au point de conseiller à son Président d’exclure des collaborateurs qui auraient pour seul tort de réfléchir et d’émettre des avis ?
2/ Vous dites conseiller au Président de fêter Sadio Mané en présence de son club à Dakar :
Cette proposition me semble un excès de zèle mal placé. Depuis toujours, des footballeurs africains sacrés et consacrés dans le continent sont fêtés et distingués dans leur propre pays sans fioritures, ni récupération politique. Par contre, sur ce point précis, vous serez plus utile en conseillant à vos collègues d’être plus rigoureux afin d’éviter aux Sénégalais le camouflet subi après le sacre de Sadio au Caire. Ici, le club de la Mersey nous a administré une cinglante leçon de professionnalisme dans la gestion du sacre de son prodige.
3/ Pendant l’émission, vous remettez votre téléphone portable à l’animatrice et vous insistez qu’elle lise à haute voix les félicitations que vous avez reçues du Président.
Certainement avez-vous voulu prouver à la face du monde que vous êtes dans les bonnes grâces du patron. A quelle fin ?
Par ce geste, vous manifestez un manque criant de discrétion et de retenue, valeurs indispensables à toutes les personnes investies d’une mission de service public au premier rang desquelles figurent les collaborateurs du Président. De plus, par votre attitude imprudente, les coordonnées téléphoniques ou électroniques du chef de l’Etat peuvent se retrouver malheureusement entre n’importe quelles mains ; ce qui peut exposer la République et son Président.
4/ Vous défendez que votre ancien patron, Birame Faye, vous a remis le mail du Président et que ce dernier, sans vous avoir consulté au préalable, vous a nommé conseiller par (arrêté ?) :
J’en retiens deux éventualités : soit notre haute administration est très légère dans son organisation et dans son fonctionnement, soit vous avez été piégé pour vous réduire au silence comme c’est le cas pour beaucoup de politiciens et anciens activistes (voire situationnistes).
5/ Enfin, vous insistez sur votre spécificité et votre omniscience en affirmant que, contrairement à vos collègues Ndongo Ndiaye et El Hadji Hamidou Kassé, qui sont des conseillers du Président dans des domaines précis, vous, par contre, avez été choisi pour conseiller le chef de l’Etat sur tous les sujets.
Sacré conseiller !
Dans un passé récent, des concitoyens ont subi vos foudres après leur nomination à des postes de responsabilité par le président de la République (C’est les cas du Professeur Abdoul Aziz Kébé comme commissaire au Pèlerinage à la Mecque et de Aminata Angélique Manga comme directrice de l’Anrac) et votre exercice favori était de railler publiquement des autorités de la République qui auraient commis des fautes d’orthographe, de grammaire ou de syntaxe alors qu’une simple note écrite suffisait pour les corriger en toute discrétion si tant est que votre surexcitation d’alors n’était commandée que par le seul souci d’aider votre pays avec un total désintérêt.
Assurément, vous n’êtes pas un bon conseiller pour le président de la République, car à l’épreuve du pouvoir, vous symbolisez mieux que quiconque le principe de Peter qui a théorisé le seuil d’incompétence que vous aviez tant convoqué devant les caméras de télévision.
Vous aimez convoquer le Sceau des Prophètes (Psl) et Cheikh Ahmadou Bamba dans vos propos. Puissent leurs lumières éclairer nos vies et nous sauver de la tentation, de l’insatiabilité, de la démesure, de la prédation et de la syllogomanie.
Mamadou Badara SECK
mamadoubadarayahoo.fr
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