Monsieur le président de la République,
Recevez mes salutations les plus respectueuses.
En vous adressant une lettre par ce canal, c’est parce que j’ai usé de toutes les voies pour trouver solution à ma situation. En janvier 2023, vous avez décidé de remettre le Centre de réinsertion des malades mentaux de Kaolack à l’Assam de Monsieur Ansoumane Dione. Jusqu’à cette date, j’assurais, avec détermination et engagement, la fonction de directeur.
Pour rappel, le gouvernement du Sénégal, par le biais du ministère de la Famille de l’époque, avait entrepris de construire des centres de réinsertion sociale en soutien aux groupes les plus vulnérables.
Ces centres sont au nombre de 4 répartis dans quatre (4) régions : Ziguinchor (Bignona), Diourbel (Bambey), Louga (Darou Mousty) et Kaolack, avec chacun un domaine de spécialisation.
Les travaux étaient confiés au Pcrpe que dirigeait le regretté Salif Ba, sous la maîtrise d’œuvre du ministère de la Famille.
Celui de Kaolack a été inauguré en 2014 par le Premier ministre de l’époque. Il portait, jusqu’à sa remise à l’Asam, et sur ma proposition, le nom de l’illustre Imam Assane Cissé.
Cependant, il s’est avéré que l’Asam réclamait toujours être le propriétaire du terrain, même si les locaux restent le patrimoine de l’Etat du Sénégal. Toutefois, étant la haute autorité de ce pays, vous avez la prérogative de faire et de défaire les organisations et services relevant des différents départements ministériels. Je n’ai aucune objection à ce niveau, mais je tiens à vous préciser une chose.
L’année 2013 marque le début de mon affectation au Centre de Kaolack au titre de directeur. La mise en œuvre devait épouser votre nouvelle vision dans le domaine de la protection sociale. D’ailleurs, c’est de cette vision que résulte la réforme du secteur de la santé qui consacra la création au ministère de la Santé et de l’action sociale, de la Direction générale de l’action sociale et la Division de la santé mentale.
J’ai trouvé à l’époque une table rase. Un centre vide, dans un site isolé plein d’herbes et de serpents venimeux. Un local sans eau, ni électricité. Les équipements administratifs faisaient défaut. J’étais seul devant une immensité qu’il fallait transformer. Un «bébé» complètement nu que j’ai habillé sur le fond et la forme.
Les défis étaient énormes mais ont été relevés grâce à des efforts personnels qui aboutirent aux raccordements de l’eau et de l’électricité, à la dotation en équipements grâce à des requêtes auprès de la Dmta et de l’Adie.
Au plan opérationnel, la prise en charge de la cible a été modélisée en tenant compte des recommandations de l’Oms sur la prise en charge des troubles mentaux. Cette organisation préconise que la prise en charge soit globale.
Une Unité de soins médicaux a été créée par arrêté no0218/GR/KL/AA du 15 juin 2016 du Gouverneur sur ma proposition et rendu opérationnelle pour pallier l’éloignement des structures de soins psychiatriques. Monsieur le président de la République, certes en fonction de vos pouvoirs, vous avez la prérogative de nommer qui vous voulez à des postes de responsabilité, mais la communauté kaolackoise (ma communauté) n’avait pas et n’a pas toujours compris votre acte. Et je me suis abstenu de toute explication par devoir de réserve. Surtout que j’ignore jusque-là vos réelles motivations en agissant de la sorte. En agissant de la sorte par :
1. Le remplacement d’un fonctionnaire au service de l’Etat pendant 30 années par un citoyen non étatique sans qualification ;
2. L’octroi d’une structure de l’Etat à un privé sans aucun contrat de partenariat public-privé et en le dotant de moyens financiers colossaux après lesquels nous avions couru pendant 10 ans sans l’obtenir ;
3. La rétrocession à l’Assam de toute la logistique et tout le matériel issus de ma démarche personnelle auprès des institutions de l’Etat pour le fonctionnement du centre.
Mais Monsieur le président de la République, la situation serait moins dramatique si vous m’aviez appelé à d’autres fonctions au service de l’Etat en tant que fonctionnaire. Parce que j’estime que durant tout mon parcours, j’ai été compétent et loyal. Compétence et loyauté qui, d’ailleurs, font que vous m’avez récemment décoré au titre de Chevalier de l’Ordre national du Lion. Depuis 13 mois, je suis resté dans l’expectative, sans poste. Une situation qui, à la longue, ressemble à une retraite anticipée.
Tous les efforts consentis auprès de la tutelle sont restés sans suite, y compris la lettre du khalife de Médina Baye adressée à la ministre de la Santé en date du 21 mai 2023.
J’aurais pu garder le silence si, Monsieur le président de la République, les nominations dans le secteur de la santé étaient plus équitables et moins corporatistes. A titre d’illustration, un agent, directeur d’Etablissement public de santé (Eps), qui a commis une faute et a été condamné à deux mois de sursis, vient d’être promu à un poste de plus grande envergure.
Raison pour laquelle, Monsieur le président de la République, en cette fin de votre mandat, je demande ma réhabilitation. Je précise toutefois, Monsieur le président de la République, que cette demande ne vise pas des faveurs de votre part, mais à retrouver mon travail en fonction de mon rang, mon expérience et mes compétences au service de la République.
Alioune SECK – Assistant social de classe exceptionnelle
DESS en Santé Communautaire
Master professionnel en Management de Santé
Membre Convergence des Cadres Républicains (Ccr)
Kaolack – seckbayekl@gmail.com