Lettre ouverte à Son Excellence Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko


Messieurs,
Le destin, dans ses voies insondables et impénétrables, vous a placés au cœur de l’histoire contemporaine du Sénégal en confiant les rênes du pouvoir entre vos mains périssables. Vous incarnez de ce fait, chacun à votre manière, l’espoir de toute une génération qui aspire à un mieux-être, particulièrement un pays plus juste, plus souverain et plus prospère, après avoir vécu des périodes sombres de son histoire encore béantes qui peinent à se cicatriser. Votre alliance, née de la confiance, de la complicité, du respect mutuel et d’un long compagnonnage, a suscité l’enthousiasme et la mobilisation de millions de Sénégalais qui ont vu en vous l’espoir de pouvoir sortir du dénuement et du sous-développement.
Cependant, l’expérience humaine nous enseigne que toute relation, même la plus solide, est exposée aux fissures et à l’usure du temps. Les égos, les pressions extérieures et les ambitions divergentes peuvent hélas fragiliser ce qui semblait indestructible. L’histoire regorge de duos qui se sont brisés, laissant derrière eux grandes désillusions et regrets amers.
Aujourd’hui, le Sénégal ne peut se permettre une telle fracture qui risquerait de causer des dommages collatéraux. Car au-dessus de vos personnes, au-dessus de vos parcours, il y a la Nation tout entière. Le Sénégal, en mon intime conviction, est plus grand que vos différends, plus grand que vos susceptibilités, plus grand que vos ambitions individuelles, qui peuvent être surmontés pour l’intérêt collectif.
Nous, citoyens, sommes debout comme un seul homme, truelle et ciment à la main, prêts à colmater les fissures de votre duo. Mais il vous revient, à vous deux, d’avoir l’intelligence, la clairvoyance et la sérénité de ne pas franchir le Rubicon. Faites les concessions nécessaires, acceptez les sacrifices supplémentaires, non pour vous-mêmes, mais pour l’intérêt du Peuple sénégalais, car nul ne doit s’imaginer plus grand et plus fort que cette belle Nation, terre de l’hospitalité et du compromis qui nous abrite. Nous sommes parce que le Sénégal est.
Le Sénégal a besoin actuellement de votre unité et de votre union sacrée pour pallier les nombreux défis auxquels le pays est confronté. Votre amitié, votre complicité et votre complémentarité doivent être réinitialisées encore et encore, car elles sont le socle d’un projet collectif. Entre l’écorce et l’arbre, il y aura toujours des forces pour tenter de vous séparer. Ne leur laissez pas cette victoire.
Messieurs, l’histoire vous observe. Le Peuple vous regarde. Le Sénégal vous attend.
Diama BADIANE
Sociologue et philosophe

