A travers toutes vos réalisations en matière de culture, vous montrez à quel point vous êtes attaché à la création artistique et au travail intellectuel. La culture constitue un volet essentiel du Plan Sénégal émergent et les différents jalons, que vous ne cessez de poser, montrent à suffisance que vous avez compris que la croissance économique d’un pays doit être accompagnée d’un développement culturel. Quand le Peuple semble s’essouffler, gagné par la lassitude, dépassé par l’ampleur de ses problèmes, la culture intervient pour échauffer le sang des jeunes générations. Les acteurs culturels jouent donc un rôle très important de régulation sociale. Vous en êtes conscient, Monsieur le président de la République, et votre ambition est de les mettre dans les conditions de bien-être optimum.

Monsieur le président de la République, vous avez mis en place des fonds d’appui à la création et au développement des arts et de la culture à tous les niveaux : le cinéma, l’édition, les cultures urbaines, la Biennale des arts plastiques…, pour ne citer que ces domaines. Soyez-en remercié. Le théâtre est en passe de bénéficier de la même attention, car disposant désormais d’un Plan stratégique pour le développement du théâtre (Psdt).

Votre volonté de faire du Sénégal un pays émergent, ainsi que votre disposition à accompagner quiconque porte un potentiel renseignent à suffisance sur votre engagement assumé de soutenir et défendre les créateurs du pays.

Monsieur le président de la République,
Sur initiative du ministère de la Culture, la Direction des arts, lors d’un séminaire qui s’est tenu au Lac Rose du 30 juin au 2 juillet 2021, a mis en place un Comité national de développement du théâtre sénégalais (Cndt).

Cette concertation, dans un esprit de franche collaboration, a, de manière cohérente et pragmatique, abouti à la conclusion qu’il était indispensable, au vu du caractère multiforme des problèmes du secteur, d’élaborer un Plan stratégique de développement du théâtre (Psdt).

Suite à la mise en forme des préoccupations et orientations émises par les praticiens, qui se sont mus en véritable locomotive en la circonstance, une journée de validation du document de référence s’est tenue le mercredi 23 mars 2022 à la Maison de la culture Douta Seck, en présence des acteurs ainsi que des directeurs de centres culturels régionaux du pays.

Pour rester en conformité avec leur engagement en la matière et conscients qu’ils sont à la fois les véritables artisans et les ultimes bénéficiaires du projet, les acteurs se sont dès lors investis de la mission de concrétiser le contenu de ce plan.

Il est en effet urgent, et cela est de notre responsabilité, de prendre en charge les destinées du Plan, afin qu’il ne reste pas lettre morte comme c’est souvent le cas des idées généreuses qui pêchent par manque de suivi rigoureux.
C’est ainsi que les journées de concertation de Kaolack, à l’initiative des acteurs culturels du sous-secteur théâtre, se sont tenues les 15 et 16 octobre 2022. Ces journées constituent de la sorte une étape supplémentaire pour orienter et réussir le développement du théâtre sénégalais.

Mais comme vous le savez, les idées et la bonne volonté ne sauraient suffire. Il nous faut de la rigueur et beaucoup de sérieux dans le travail. Un moment aussi, il serait bien de se départir de la politisation à outrance des arts et de la culture de la part de certaines autorités.

Figurez-vous qu’il existe au Sénégal, le Festival national des arts et de la culture (Fesnac). C’est un grand événement d’envergure nationale qui doit se tenir chaque année. La dernière édition a eu lieu à Louga en décembre 2017… Depuis, plus aucune édition et l’agenda n’a jamais été respecté. Le festival se tient selon les humeurs du ministre qui a en charge la Culture. Le Festival national des arts et cultures (Fesnac) est une manifestation biennale, qui s’est tenue pour la première fois à Thiès en 1997.

Elle a pour but d’encourager l’expression des spécificités culturelles et artistiques du Sénégal, tout en renforçant l’unité nationale ; voilà la vaste mission du Festival national des arts et cultures. Depuis 1997, cette manifestation est l’occasion pour les Sénégalais, d’aller à la rencontre de la culture. Issu d’une recommandation du colloque sur «les convergences culturelles au sein de la Nation sénégalaise» de 1994, le Festival national des arts et cultures vit le jour à Thiès en 1997.

D’abord manifestation biennale (ayant lieu tous les deux ans), l’événement est devenu annuel en 2016. Mais le hic, c’est que l’événement ne s’est jamais déroulé d’une manière normale. Et puis, plus grave, ce festival ne grandit pas malgré qu’il soit l’un des rares évènements culturels portés par l’Etat.
Pour revenir à la toute dernière édition qui s’est déroulée à Louga, rien à l’entrée de la ville ou à l’intérieur ne laissait dire ou voir qu’il y avait un événement culturel de grande envergure qui s’y tenait.

Le ministère de la Culture doit aujourd’hui solliciter les services de vrais professionnels aguerris dans l’organisation de manifestations culturelles de cette envergure pour réussir le Fesnac.

Le Festival national des arts et de la culture est un moment pour valoriser notre patrimoine culturel. Nous sommes très étonnés de voir que certains agents du ministère, qui ne prennent jamais le temps pour aller voir un spectacle à Dakar, n’hésitent pas à se déplacer les rares fois que le festival se tient, logeant dans des hôtels, un confort contraire aux conditions (mises en place pour) des artistes qui font le festival, goûtant aux plaisirs terrestres que leur offre la ville durant les trois jours de l’évènement.

Il est temps aussi de revoir les prix décernés aux troupes lauréates, pour tous les sacrifices et peines consentis, il serait bien de monter plus haut la barre des récompenses attribuées.

Les vrais acteurs du festival (ce) sont les artistes, ils doivent être mis dans de très bonnes conditions pour pouvoir donner le meilleur d’eux (loger plus de 40 personnes dans une maison sans aucune commodité, c’est vraiment dévaloriser notre patrimoine).

Monsieur le Président, selon les informations, le Fesnac se tiendra en janvier 2023… du 21 au 28… à Kaffrine… région du ministre de la Culture et du patrimoine historique, Aliou Sow, alors que depuis 2021, le ministère de la Culture avait déjà ciblé Dakar pour abriter cette édition.

C’est une improvisation de taille que les autorités sont en train de faire. Nous qui sommes acteurs, journalistes culturels, animateurs culturels, conseillers aux affaires culturelles, sommes interpellés et avons le devoir de dénoncer ce qu’on peut appeler une politisation à outrance de l’action culturelle.

Peut-être, Monsieur le ministre de la Culture est en terrain inconnu, mais il doit savoir qu’un festival, de surcroît national, ne peut pas être organisé en moins de trois mois. Il faut plus d’une année pour organiser un bon festival d’une telle envergure.

Le Fesnac a été l’objet de plusieurs critiques lors des éditions précédentes et c’est l’occasion pour le nouveau ministre, s’il veut marquer son territoire, de procéder à une évaluation pour une relance dynamique de ce festival. Nous travaillons sans relâche avec les autorités du ministère depuis belle lurette pour la professionnalisation et la structuration du secteur des arts et de la culture. Accepter l’organisation du Fesnac en janvier est à l’antipode de nos attentes, c’est encourager et faire la promotion de la médiocrité.

Nous rappelons au ministre Aliou Sow et à tous ceux qui l’accompagnent dans cette initiativem que ce n’est même pas respectueux, vis-à-vis du monde des arts et de la culture, d’organiser un évènement d’envergure nationale en moins de trois mois. Et seront complices tous ceux qui l’accompagneront dans cette initiative tirée par les cheveux !

La Société civile culturelle doit pouvoir faire face à ce genre de pratiques. Et puis, pourquoi à peine un mois après son arrivée, le ministre veut organiser ce festival dans sa ville ?

Monsieur le Président, nous prenons notre courage à deux mains et nous le disons haut et fort que la seule bonne chose que le ministre Aliou Sow puisse faire pour le Fesnac, à l’image de Abdou Latif Couloubaly, qui n’a pu faire aboutir le processus, c’est d’appeler à des réflexions, pour une redynamisation de ce festival d’une importance capitale pour le monde des arts et de la culture, mais aussi pour le pays, qui n’a aucun festival patrimonial d’envergure.

En tout état de cause, les espaces existants désormais au Sénégal, l’engouement des jeunes pour l’art, la culture et la tradition de qualité, qu’il nous faut sauvegarder, appellent une réflexion urgente sur le Fesnac et, de toute façon, des moyens matériels, humains, financiers subséquents pour son développement ou sa simple survie.

Monsieur le président de la République, en votre qualité de protecteur des arts, des lettres et des artistes, je m’en ouvre à vous afin que vous demandiez au ministre de la Culture et du patrimoine historique de renoncer à l’organisation du Fesnac en janvier 2023.

Monsieur le président de la République, connaissant votre sens élevé de la Justice, du social et du travail bien fait, je ne doute point que vous allez rapidement prendre la bonne décision.

Dans tous les cas, vous ne cesserez jamais d’avoir notre soutien, car vous représentez l’exacte image que nous nous faisons d’un dirigeant d’un pays qui aspire à l’émergence.

Dans cette attente, recevez, monsieur le Président, l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Papa Meïssa GUEYE Artiste-comédien/Metteur en scène Entrepreneur culturel papameissagueye@hotmail.com