Lettre ouverte Le président et son Premier ministre

(Sonko moy Diomaye)
À en croire Maître Wade dans Un destin pour l’Afrique, l’authenticité du peuple africain se retrouve aujourd’hui chez les Bantous, les Sérères et les Diolas.
Sérères et Diolas, deux peuples conservateurs, auraient selon la légende une descendance commune en Aguène et Diambone. Sonko et Diomaye, petits-fils de ces derniers, portent cet héritage.
Ils partagent les mêmes compétences, le même souvenir de l’incarcération, le même combat — celui de bâtir le «projet» — et le même pouvoir.
Pourtant, ils diffèrent : l’un introverti, silencieux et réservé, l’autre extraverti, ouvert et communicatif. Des modes de pensée différents, mais une même finalité. Une différence qui n’est pas une limite mais une richesse inouïe. Aucun être humain n’est identique à un autre ; même les siamois gardent leur singularité. Chaque individu est unique, et se complète dans la relation.
Le «nous» ne peut s’affirmer que si le «je» et le «tu» existent pleinement. Sans cela, c’est une aliénation, un déni de l’autre, un non-respect de l’altérité. Une altérité qui doit s’exprimer par une pensée originale, personnelle et objective.
«Diomaye moy Sonko, Sonko moy Diomaye» résonne comme un écho, une connivence entre ces deux hommes, une symbiose, une harmonie, une complémentarité.
Diomaye est une âme singulière, presque insaisissable. D’un regard discret, il cherche à comprendre le sort de ses pairs. Son calme est une force tranquille, sa résilience, un modèle.
Sa bravoure se lit dans le travail champêtre, accompli sous le soleil accablant de l’Afrique subsaharienne. Sa méthode et son organisation se révèlent dans ses tâches d’enseignement. Son humilité, presque monacale, le fait parfois confondre avec un moine citadin. Diomaye agit plus qu’il ne parle. Le mystère qui l’entoure est précieux : «les choses connues de manière exhaustive finissent par être banalisées.»
Sonko, à l’inverse, est un personnage charismatique. Issu d’un peuple conservateur, il mesure la valeur d’un homme par le travail — le Burok — un travail bien fait, respectueux de la déontologie et de l’écosystème. Il préserve cet héritage, même face à une mentalité obsédée par le profit, indifférente à l’éthique et à l’existence.
Sa stature imposante et son style à la «Barack Obama» captivent. Son éloquence et sa pertinence éveillent les consciences, comme une musique reggae qui fait vibrer l’âme. Messie de la jeunesse sénégalaise et africaine, il promet loyauté à ceux qui rêvent de lendemains meilleurs, ici même, en Afrique.
Sa personnalité extravertie est un atout : leadership basé sur probité, assertivité et communication transparente. Une communication directe, qui dévoile ce qui est caché, heurte le «masselah« et le «soutoura sénégalais», mais élève et libère. Hargne, cohérence, fluidité et sérénité s’y mêlent. Debout comme «la résurrection», debout comme le «I have a dream» de Martin Luther King.
L’interconnectivité entre ces deux hommes est manifeste. Mais il faut les préserver de «la volonté de puissance qui flatte l’égo et pousse à s’ériger en maître suprême». Chacun doit donner à l’autre le pouvoir de choisir selon sa conscience. Il y a un président, mais deux décideurs : le dernier mot revient au président sans contrarier l’autre.
Les mésententes liées à l’exercice du pouvoir, complexe et exigeant, ne sont que des étapes dans la réalisation des idées partagées et approuvées par la majorité des Sénégalais. Ensemble, ils réussiront ce que l’un ne pourrait accomplir seul.
Chers Président et Monsieur le Premier ministre, votre volonté de changer le pays est indiscutable. Nous vous souhaitons courage, abnégation et perspicacité face à un peuple à la fois intelligent et exigeant.
André Banobnane
BASSÈNE
Professeur en éthique et religion