Par Dieynaba KANE – 

C’est à la veille de l’audition des députés Mamadou Sall et Boubacar Biaye que le député Cheikh Abdou Mbacké a choisi de démissionner de la Com­mission ad hoc. Ce député de l’opposition s’insurge contre le fonctionnement de cette commission instituée par l’As­semblée nationale, relativement à la demande de levée de l’immunité parlementaire de ces députés de la majorité parlementaire, cités dans une affaire de trafic présumé de passeports diplomatiques. Dans sa lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, il écrit : «Depuis l’installation de la commission, une seule réunion a été tenue et elle a été consacrée à l’agenda de ladite commission. Et ce, malgré l’absence de consensus.» Expliquant les raisons de sa démission, M. Mbacké ajoute que «lors de cette réunion, le président de la commission, Aymérou Gningue, a fait lecture, en moins de cinq minutes, des éléments du dossier soumis à l’Assemblée nationale par le ministre de la Justice». Alors que, poursuit-il, «ces derniers devraient être mis à la disposition de tous les membres de cette commission». Soutenant «qu’aucune disposition du Règlement intérieur ne l’interdit formellement», il informe que «le président de la commission a refusé» de leur «soumettre le dossier», préférant les inviter à passer les consulter dans son bureau. Autre argument évoqué par le député membre de Bokk gis gis pour justifier sa démission, c’est la «célérité» dans le déroulement de cette procédure. «Le président Aymérou Gningue a ensuite informé de l’audition des députés concernés dans 48 heures pour que le rapport soit rédigé et mis à la disposition de l’Assemblée nationale. L’immi­nence des investitures aux élections locales, évoquée par certains membres du groupe majoritaire, ne me paraît pas suffisamment fondée pour justifier une telle célérité», a-t-il dénoncé. «Le travail de cette Commission ad hoc est si important pour être bâclé ainsi. Tout membre de la commission devrait disposer du document et en discuter avec son pool d’experts ou, au besoin, être accompagné d’assistants pour une meilleure exploitation du document», estime-t-il. Avant de conclure : «En vérité, très honnêtement, en l’absence d’informations complètes sur le dossier de trafic présumé de passeports diplomatiques sénégalais, je ne peux valablement représenter les Sénégalais dans cette Commission ad hoc.»
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