Le Mali est le grand gagnant du Sommet des chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao hier à Accra, avec la levée par les dirigeants ouest-africains, des sanctions économiques et commerciales prises à son encontre. La junte au Burkina est invitée à revoir sa proposition relative à la durée de la Transition alors que le Colonel Doubouya et Cie ont vu l’organisation rejeter les 36 mois de Transition proposés sans que ne soient annoncées de nouvelles sanctions contre la junte guinéenne.Par Mamadou T. DIATTA

– A Bamako, on a poussé hier un ouf de soulagement. La raison, c’est la décision prise par le Sommet des chefs d’Etat des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). L’organisation régionale a en effet décidé de procéder à la levée des sanctions économiques prises à l’encontre du Mali, à la suite du putsch qui a renversé le Président Ibrahim Boubacar Keïta.
Jean-Claude Kassi Brou, président sortant de la Commission de la Cedeao, qui va désormais diriger la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) (voir par ailleurs), a déclaré au sortir de la rencontre d’Accra : «Le sommet a décidé de lever toutes les sanctions économiques et financières à partir de ce jour.» Mais, il a été décidé du maintien des sanctions individuelles et de la suspension du Mali des organes de la Cedeao jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.
Un autre responsable de l’organisation régionale, qui s’est confié sous le couvert de l’anonymat, dira : «Les chefs d’Etat ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle.» L’adoption par le Mali d’un certain nombre de préalables nécessaires pour l’allègement des sanctions, a été déterminante dans la décision prise par le Sommet d’Accra.
L’on note aussi l’annonce par les autorités mercredi dernier, d’un calendrier électoral qui fixe la Présidentielle au mois de février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023 et les Législatives entre les mois d’octobre et novembre 2023. Ce calendrier électoral annoncé complète «l’adoption, le 17 juin, d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution».
Après deux coups d’Etat militaires en août 2020 et en mai 2021, le Mali qui traverse une crise politique, est confronté à une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement dans le Nord, de soulèvements indépendantiste et djihadiste. A propos du Burkina Faso, la Cedeao a décidé également de lever la menace de sanctions qui pesait sur le pays depuis le mois de mars dernier. Des sanctions avaient été adoptées mais jamais appliquées, souligne-t-on. L’organisation régionale a tenu compte du rapport du médiateur, l’ancien Président du Niger,
Mahamadou Issoufou. Ce dernier a notamment fait état de deux avancées majeures : une Transition de deux ans proposée par les autorités du Faso, en lieu et place des trois ans initialement annoncés, «soit un retour des civils au pouvoir le 1er juillet 2024, la liberté de mouvement accordée à l’ex-Président Roch Marc Christian Kaboré».
«Nous avons demandé à la junte de revoir sa copie. Elle demandait 36 mois.
Aujourd’hui tout le monde est d’accord que ce sont 24 mois de Transition à compter du 1er juillet 2022», a soutenu au sujet du Burkina Faso, un des participants au sommet d’hier. Les autorités burkinabè avaient prévu jusqu’ici les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle. Le nouveau calendrier n’est pas encore annoncé.
A l’image du Mali, le Burkina Faso reste aussi suspendu des instances de l’organisation ouest-africaine.
Par ailleurs, le sommet a rejeté les 36 mois de Transition proposés par la junte guinéenne sans annoncer de nouvelles sanctions, a informé M. Brou, président sortant de la Commission de la Cedeao. L’ancien Président béninois, Thomas Boni Yayi, a été désigné nouveau médiateur de la Cedeao pour la Guinée. Ce qui était une exigence pour de nombreux partis d’opposition afin de participer au dialogue voulu par le gouvernement.
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