La guerre des chiffres n’a pas encore fini de diviser le gouvernement et l’opposition. Le député libéral Me Madické Niang a encore une fois soulevé des incohérences dans les chiffres du ministre de l’Economie, des finances et du plan.
Comme lors du vote de la Loi de finances initiale (Lfi), le député libéral a lutté pied à pied pour faire entendre ses réserves sur les chiffres fournis par le ministère de l’Economie, des finances et du plan. Selon Me Madické Niang qui a déposé une question préjudicielle, la Lfr présentée devant l’Assemblée nationale viole deux principes fondamentaux que sont l’équilibre et la sincérité budgétaire. «Au niveau des impôts indirects, il y a des variations de chiffres, parce que l’annexe parle de 1 258 milliards, alors que le document des voies et moyens parle de 1 263», cite-t-il en exemple, en ajoutant que le Président a reçu une autorisation pour 1 785 milliards, alors que les besoins n’excèdent pas 1 200 milliards. Suffisant pour que Me Niang remette en doute l’exactitude de ces chiffres. «A quel chiffre devons-nous nous fier ?», s’interroge le député libéral.
Réponse du berger à la bergère. Amadou Ba réplique : «C’est votre manque de formation administrative et financière qui vous amène à mélanger beaucoup d’aspects.»
Mais le député Ousmane Sonko vient également enfoncer. «Il y a trop de manipulations de chiffres dans vos documents. Et ça se traduit par une situation qui fait que sur l’exercice 2017, nous avons accusé un gap de 161 milliards sur les recettes fiscales. A la fin du premier trimestre 2018, on est déjà à un gap de 40 milliards sur les recettes fiscales», constate-t-il. Il poursuit en ajoutant avoir démontré que sur les années passées, il y a eu un dépassement de 216 milliards sur les ressources extérieures. «C’est extrêmement grave et ça veut dire que tous les chiffres que vous nous donnez (…) sont faux.» Il indique que cette situation explique également les difficultés de trésorerie que réfutent les autorités. «Ça conduit à une frénésie de l’endettement qui est à 61% sur le Pib.» Parlant des Eurobonds, il explique que de 100 milliards en 2009, 250 milliards en 2011, 250 milliards en 2014, 660 milliards en 2017, le Sénégal en est à 1 184 milliards aujourd’hui. «Pourquoi cette frénésie ?», s’interroge M. Sonko qui indexe également les nouvelles taxes mises en place.
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