Les «actes de torture et d’autres mauvais traitements» administrés par les Forces de l’ordre togolais «à des personnes arrêtées ou détenues» ne sont pas approuvés par Amnesty international (Ai). L’organisation de défense des droits humains l’a fait savoir au gouvernement togolais. A travers un communiqué rendu public hier, Ai souligne qu’elle ne «cesse d’attirer l’attention des autorités togolaises sur» ces actes supposés des «agents chargés de l’application des lois». Amnesty international cite à titre d’exemple l’utilisation de «munitions réelles à Lomé» en vue de  «disperser une manifestation spontanée contre la hausse du prix du pétrole, faisant un mort et plusieurs blessés». A ce propos, «les manifestants se sont comportés de manière pacifique jusqu’à ce que les forces de sécurité les attaquent au moyen de matraques, de gaz lacrymogène et de munitions réelles (…)», ont constaté Amnesty international et des défenseurs des droits hu­mains présents dans la capitale togolaise en tant qu’observateurs.
Tout en se félicitant de l’engagement du Togo à mettre fin à ces pratiques en prenant les dispositions nécessaires, Ai ne peut s’empêcher d’indiquer que «le bilan des victimes continue de s’alourdir», même si «l’Etat togolais a accepté des recommandations similaires à l’occasion de son premier Epu (Ndlr : Examen périodique universel), en 2011 (…)». Cela pousse Amnesty international à appeler ce pays «à prendre des mesures concrètes afin de mettre en œuvre ces recommandations immédiatement».
Par ailleurs, Ai déplore la restriction arbitraire et continue de «la liberté d’expression», provoquant ainsi un «climat d’autocensure» et dissuadant «la société civile de dénoncer les violences et l’absence d’obligation de rendre des comptes».
Dans le domaine des médias, Amnesty international constate le retrait, le 6 février dernier, par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), des «fréquences d’une station de radio et d’une chaîne de télévision, CityFm et La chaîne du futur (Lcf), parce qu’elles n’auraient pas respecté les règles relatives à leur autorisation d’émettre». Alors qu’«aux termes des statuts de la Haac, les décisions de ce type ne sont pas susceptibles d’appel (…)», fait remarquer l’Ong des droits humains.
Même le journaliste Robert Kossi Avotor a subi les foudres des forces de sécurité. Enquêtant sur une expulsion à Lomé, ce journaliste s’est vu enjoint par des gendarmes «de ne plus prendre de photos». «Ils lui ont asséné des coups de matraque, l’ont menotté dans le dos et n’ont pas réagi quand il leur a signalé que les menottes étaient trop serrées. Lorsqu’il a demandé à uriner, ils lui ont répondu qu’ils le frapperaient au niveau des parties génitales», constate-t-on. «Ils l’ont détenu pendant trois heures et ont supprimé ses photos, après quoi ils l’ont libéré sans inculpation. Il a porté plainte le lendemain et, depuis lors, il reçoit des appels d’agents des forces de sécurité qui lui conseillent de retirer sa plainte», renseigne Amnesty international. «Le 22 février, le Procureur général a émis une déclaration dans laquelle il indiquait que toute personne communiquant des renseignements sur cette affaire encourait des poursuites pénales pour ‘’diffusion de fausses nouvelles’’.»
Ai appelle le Togo à la protection des journalistes et des défenseurs des droits humains, «notamment en révisant la législation de manière à ce qu’elle garantisse le droit à la liberté d’expression (…)».
ndieng@lequotidien.sn