Directrice de la filiale du groupe April en Afrique, Julie Bally-Clere revient ici sur l’objectif du courtage d’assurance et les services que son entreprise propose. Ainsi que sur comment le courtage peut contribuer à élargir le taux de pénétration de l’assurance en Afrique qui est de moins de 2%.
Pouvez-vous présenter votre groupe ?
April Afrique est une filiale du groupe April France, créé il y a 30 ans et dont le siège est à Lyon. C’est un groupe qui œuvre dans l’assurance et dans le courtage en assurance. En Afrique, nous sommes spécifiquement basés au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Nous sommes au Sénégal depuis mai 2015, la filiale de la Côte d’Ivoire a été créée l’année dernière en juillet 2017. Je dirige les deux filiales. April est un courtier à part entière, on est leader du courtage grossiste en France. Cela veut dire qu’on est le parent des petits courtiers, on fait travailler 15 mille intermédiaires et plus de 6 000 à l’étranger. Au Sénégal, on a plus de 400 points de vente qui ne sont pas des courtiers, mais des distributeurs qui travaillent avec nous, qui distribuent nos produits d’assurance.
Qu’est-ce qu’un courtier d’assurance ?
Un courtier par essence, il est entre l’assureur et le client final. Le groupe est en partenariat avec des compagnies d’assurance. Il est entre l’assureur, celui qui va porter le risque, qui va rembourser les sinistres quand ils ont lieu. Ce que nous faisons, c’est qu’on conçoit des produits d’assurance qui sont beaucoup plus près du besoin du client. On distribue ces offres via plusieurs distributeurs et on assiste le client. On l’accompagne, on le conseille pour qu’il fasse le meilleur choix au meilleur prix. On a plusieurs produits : l’assurance personne qui tourne autour de la santé locale et internationale, la prévoyance, l’assurance dommage et de voyage, l’assurance risque habitation, l’assurance automobile, via des points multiservices et des partenaires qui ont eux-mêmes des réseaux de distribution.
Le groupe April fait aussi de l’assurance. Est-ce qu’au Sénégal votre activité tourne seulement autour du courtage ?
Au Sénégal, on ne fait que du courtage. On travaille avec presque tous les assureurs de la place. La force de ça, c’est de pouvoir comparer les offres. Avec certains d’entre eux, on a conçu des offres. On joue pleinement notre rôle de courtier, c’est-à-dire qu’on n’est pas affilié à un assureur. L’objectif est de faire jouer la concurrence. Un client arrive avec un besoin. Nous, étant en convention avec les assureurs, cela nous permet d’avoir toutes les offres. On propose souvent 3 à 4 assureurs et on fait la recommandation selon le besoin du client. Libre à lui de faire son choix. On n’oriente pas toujours forcément vers le tarif le plus bas. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que quand on prend une assurance, il y a des subtilités techniques qui ne sont pas forcément connues du grand public. Nous on est là pour décrypter et faciliter les choses. On est un facilitateur en amont de la souscription et tout long du contrat, aussi bien du particulier que de l’entreprise.
Par exemple, quand il y a un sinistre, on se fait un peu l’avocat du client et on se bat pour que le délai et les montants de règlement soient respectés. On peut même aller plus loin, parce qu’on a négocié auprès de certains assureurs des délais de règlement. S’ils s’engagent pour des sinistres sur l’auto, inférieurs à 300 mille F Cfa, on règle dans les 72h, pour les habitations, en-dessous de 400 mille F Cfa, on règle dans les 72 heures. Ce sont des paliers comme ça que nous avons mis en place. Ce qui fait que l’assureur nous fait confiance, nous délègue la gestion du sinistre. On a l’autorité de vérifier les documents du client, que le sinistre a bien eu lieu dans les termes montrés. Au-dessus de ces montants, on a un engagement de deux semaines de régler quand le dossier est complet.
Le taux de pénétration de l’assurance est très faible en Afrique. Comment le courtage peut-il aider à renverser cette tendance ?
Nous sommes le premier courtier qui va vers le particulier. C’est là qu’on se distingue. Avec le digital, le taux de pénétration va être élargi en élargissant la cible. Aujourd’hui, très peu de courtiers ou d’assureurs osent aller vers le particulier parce que ce sont de petites primes, c’est trop de sinistres, finalement des coûts très élevés pour eux. On parie pour aller vers le particulier, parce que le groupe a 4 valeurs qui tournent autour de l’assurance simple, d’oser, d’innover et faire confiance. Aussi, rendre accessible pour le plus grand nombre, c’est notre leitmotiv. Pour moi, l’assurance doit porter l’économie locale. Par exemple, une femme qui vend des pagnes, si elle perd du jour au lendemain son stock, c’est toute une activité, une famille qui ne va plus vivre. Le fait d’avoir une assurance permet à cette femme de reconstituer son stock et de pérenniser son activité. Il y a une vraie valeur sociale à cela quand c’est bien fait. Au Sénégal d’ailleurs, on a démarré avec le particulier, parce que pour nous c’est l’avenir. On s’est ouvert au corporate parce qu’on ne peut pas vivre que sur le particulier. On a créé une plateforme qui permet à nos 400 points de vente de venir se connecter et ils y ont accès pour distribuer nos produits d’assurance. Nous les formons et leur donnons une carte d’habilitation homologuée par la direction des Assurances. Formés à nos outils et produits d’assurance, ils vendent à des particuliers qui peut-être n’étaient pas assurés. On a toute une animation du réseau de distribution avec des commerciaux qui vont sur le terrain, qui font un travail de pédagogie sur l’importance de s’assurer. Et aussi rétablir la confiance, parce que les gens peuvent vous dire je prends votre assurance, mais s’il m’arrive quelque chose je vais faire un an pour être remboursé. On a travaillé là-dessus avec les assureurs pour rétablir cette confiance. Il y a les nouveaux assureurs qui veulent casser cette image qui travaillent d’arrache-pied et qui remboursent. On fait de la vente en agence, et au téléphone on a lancé notre site-marchand. Les services sont dématérialisés, payables en ligne, l’attestation, le client peut l’imprimer ou se le faire livrer.
Au Sénégal, on note que les gens ne souscrivent d’habitude qu’à l’assurance automobile. Avez-vous une stratégie pour augmenter le nombre d’assurés dans les autres domaines ?
Il y a un travail de communication qui se fait sur les réseaux sociaux. On communique sur nos activités et on est en train de dérouler un plan d’actions de communication pour expliquer l’importance de s’assurer quand on a une activité professionnelle. Sur l’automobile, cela se fait puisque c’est obligatoire et les gens se font contrôler. Une fois qu’on a le client, on lui propose les autres types d’assurance. Il y a un travail de multi-équipements qu’on fait. On a d’ailleurs une action de terrain prévue la semaine prochaine, en partenariat avec la prévention routière. Des commerciaux vont aller vers des points stratégiques à Dakar pour expliquer l’importance par exemple de respecter le Code de la route, d’avoir des comportements responsables… C’est important de s’assurer, mais il y a aussi des comportements à changer. Notre travail de courtier, ce n’est pas seulement de distribuer de l’assurance, c’est aussi sensibiliser les gens.