Le 7 juillet 2020, la Food and Drug Administration (Fda) des Etats-Unis a autorisé la commercialisation d’Iqos, le système électronique de chauffage de tabac de Philip Morris Interna­tional, l’une des plus grandes entreprises de fabrication de tabac au monde. Le Quotidien a rencontré M. Thierno Diallo, Directeur général de la société pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, pour discuter de la décision de la Fda et de ce que cela signifie pour le Sénégal et le continent.

Depuis quelques années, Philip Morris (Pmi) se targue d’être le défenseur d’un monde sans fumée en offrant des alternatives aux cigarettes conventionnelles, des produits sans combustion comme vous les appelez. La récente décision de la Fda américaine, qui a approuvé la commercialisation de votre système de chauffage au tabac en tant que produit du tabac à risque modifié, indique-t-elle que vous êtes déterminés à changer de direction ? Que signifie vraiment cette décision ?
Depuis plus d’une décennie, Pmi a consacré de nombreuses ressources au développement et à l’évaluation scientifique d’alternatives aux cigarettes combustibles. Nous les appelons des produits à risque réduit, ou en anglais, Reduced-Risk Products (Rrp), car ils ont le potentiel de réduire l’exposition aux risques de maladies liées au tabagisme.
L’Organisation mondiale de la santé (Oms) estime qu’il y aura plus d’un milliard de fumeurs d’ici 2025 et l’objectif est de réduire de 30% la prévalence du tabagisme. L’une des solutions les plus rapides et les plus efficaces pour atteindre l’objectif global de réduction des maladies non transmissibles serait de passer des produits du tabac conventionnels à des produits moins nocifs comme les produits sans fumée. La première cause de maladie liée au tabagisme est l’ensemble des substances toxiques présentes dans la fumée de cigarette, dont la plupart de ces substances se forment lors de la combustion du tabac.
La Food and Drug Administration (Fda) des Etats-Unis a rendu des décisions concernant la demande de commercialisation de produits de tabac avec l’appellation produit du tabac à risque modifié, en anglais, Modified Risk Tobacco Product (Mrtp) pour Iqos, soumise par Philip Morris International (Pmi) depuis 2016. Il a fallu plus de 3 ans à l’agence pour délivrer une autorisation de commercialiser Iqos avec une allégation «exposition réduite», car il faut du temps pour examiner les milliers de pages de preuves scientifiques et d’études indépendantes et être en mesure de confirmer que le passage complet des cigarettes conventionnelles aux cigarettes au système Iqos, réduit considérablement l’exposition de votre corps à des produits chimiques nocifs ou potentiellement nocifs.
C’est une décision historique car Iqos est le premier et le seul système électronique délivrant de la nicotine à se voir accorder une telle autorisation avec cette appellation. La Fda a autorisé la commercialisation d’Iqos avec les conclusions suivantes : Le système Iqos chauffe le tabac mais ne le brûle pas. Le système permet de réduire considérablement la production de substances chimiques nocives et potentiellement nocives. Des études scientifiques ont montré que le passage complet des cigarettes conventionnelles au système Iqos réduit l’exposition de l’organisme à des substances chimiques nocives ou potentiellement nocives. •La Fda a conclu que les données et les études scientifiques disponibles démontrent que le système Iqos devrait être bénéfique pour la santé des fumeurs et de ceux qui souffrent du tabagisme passif. La Fda reconnaît donc que le produit Iqos est substantiellement différent des cigarettes combustibles.
Il est maintenant temps d’éloigner rapidement les fumeurs de la cigarette. De meilleures alternatives scientifiquement approuvées comme Iqos sont dorénavant disponibles et représentent une véritable opportunité pour la santé publique.

Vous parlez de changement mais en attendant, vous continuez à vendre des cigarettes qui tuent encore des millions de personnes. Quelle est la logique ?
Nous ne pouvons pas arrêter de vendre des cigarettes du jour au lendemain sans conséquences dramatiques sur notre entreprise et nos employés. Si nous le faisions, les concurrents et le commerce illicite occuperont simplement le marché et il n’y aurait surtout aucune amélioration pour les fumeurs et la santé publique.
Nous sommes pleinement déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour garantir que les produits sans fumée remplacent les cigarettes le plus rapidement possible. Nous faisons d’énormes progrès vers notre ambition pour un avenir sans fumée. Iqos est déjà commercialisé dans 53 pays, et nous avons déjà encouragé plus de 10 millions de fumeurs à abandonner la cigarette et à passer à Iqos. Quatre (4) millions de fumeurs sont aujourd’hui dans le processus d’adoption et nous espérons qu’ils vont également abandonner la cigarette. Notre ambition est que 30% de nos volumes soient représentés par des produits sans fumée d’ici 2025, ce qui équivaut à 40 millions de fumeurs environ.
Cependant, remplacer les cigarettes par des produits sans fumée prendra du temps et ne dépend pas uniquement de nos efforts. Par exemple, les scientifiques et les experts devraient aider en fournissant des informations précises au public sur les risques relatifs de ces produits par rapport à la poursuite du tabagisme. Et les gouvernements peuvent travailler avec les fabricants pour encourager l’innovation dans ce domaine. Les gouvernements ont un rôle important à jouer en définissant des réglementations qui encouragent les fumeurs à changer et de passer à ces produits.
Cela n’empêche pas les gouvernements de continuer à lutter contre le tabagisme et à encourager les fumeurs à arrêter de fumer. En réalité, nous disons publiquement que les gens ne devraient pas commencer à fumer et que s’ils fument, la meilleure chose à faire est d’arrêter. Cependant, la réalité est que la grande majorité des fumeurs n’arrêtent tout simplement pas. Même les prévisions de l’Oms prévoient qu’il y aura toujours plus d’un milliard de fumeurs d’ici 2025, soit à peu près le même nombre qu’aujourd’hui. Offrir à ces fumeurs des alternatives moins nocives est donc une solution de bon sens pour améliorer la santé publique.

Tout cela n’est pas une réalité pour nos pays moins avancés et à faible pouvoir d’achat et qui n’ont pas forcément accès à ces alternatives. Qu’en est-il de l’accessibilité du produit ?
Les consommateurs ont les mêmes besoins et préoccupations partout dans le monde. De plus en plus de consommateurs recherchent des alternatives aux cigarettes. Nous voulons que nos produits à risque potentiellement réduit soient accessibles dans le monde entier.
Notre volonté de remplacer les cigarettes par des produits sans fumée s’étend à tous les fumeurs adultes de tous niveaux de revenus et à tous les pays du monde. Contrairement aux cigarettes, les fumeurs adultes qui souhaitent passer à Iqos doivent d’abord acheter l’appareil Iqos. Et fournir un appareil de qualité fiable et scientifiquement approuvé est coûteux dans cette catégorie relativement nouvelle, même si nous avons des programmes d’achat dans les différents pays qui ont lancé Iqos pour faciliter l’achat de l’appareil par les fumeurs. En revanche, le prix des recharges «Heets» se situe dans la même fourchette que celle des cigarettes classiques et, dans la plupart des cas, est inférieur à celui des cigarettes premium. Nous pensons que le coût de l’appareil et des consommables continuera de baisser au fil du temps et que les gouvernements continueront de prévoir la différenciation en termes de taxation et d’autres mesures réglementaires pour accélérer le passage des fumeurs adultes à cette nouvelle catégorie de produit. Iqos a été lancé en Afrique du Sud en 2017, nous espérons le lancer dans d’autres pays africains dès que possible.

Ne craignez-vous pas que les jeunes soient encouragés à adopter le nouveau produit en raison de l’allégation «produit du tabac à risque modifié» ?
Les jeunes ne devraient en aucun cas utiliser de produit contenant du tabac ou de la nicotine. La décision établit des directives de commercialisation claires, y compris des exigences de commercialisation qui maximisent la possibilité pour les adultes de passer à ces alternatives, tout en minimisant une utilisation par les jeunes qui ne sont pas ciblés.
En outre, la décision exige également que Pmi mène une surveillance et des études post-commercialisation pour déterminer l’impact sur la compréhension et la perception, le comportement et la santé des consommateurs. Nous sommes également tenus de surveiller la sensibilisation et l’utilisation des produits par les jeunes afin de nous assurer que la commercialisation des produits n’a pas de conséquences imprévues sur l’utilisation par les jeunes. Nous prenons des mesures importantes qui aident à garantir que les plus vulnérables, comme les jeunes, ne peuvent pas acheter le produit. Nous n’avons connaissance d’aucun rapport faisant état de niveaux inquiétants d’utilisation par les jeunes sur les marchés où Iqos est commercialisé.
Nous prônons le contrôle de l’adoption de ces produits à base de nicotine par les jeunes et les actions rapides pour corriger les éventuels problèmes. Lorsque la Fda américaine a examiné notre demande de commercialisation d’Iqos aux Etats-Unis, elle a conclu que «les données disponibles, bien que limitées, indiquent également que peu de non-fumeurs seraient susceptibles de commencer à utiliser Iqos, y compris les jeunes».
Chez Pmi, nous veillons toujours à ce que nos produits ne soient pas commercialisés auprès des jeunes et des non-fumeurs. Nous concevons toutes nos communications de manière que cela ne soit pas attrayant pour les jeunes et mettons en œuvre des mesures strictes pour limiter leur accès au produit. Nos pratiques sont régies par un ensemble de règles internes qui sont souvent plus restrictives que les lois locales.