10 ans après la chute du régime de son père, Seïf al-Islam Mouammar Kadhafi a déposé dimanche sa candidature pour la Présidentielle libyenne du 24 décembre. Il souhaite, une fois élu, mettre la Libye sur les rails.Par Malick GAYE

– «Le candidat Seïf al-Islam Mouammar Kadhafi a déposé sa candidature à la Présidence de l’Etat libyen», a annoncé la Haute commission électorale (Hnec) qui organise l’élection présidentielle le 24 décembre et les Législatives un mois plus tard. Seïf a essayé de renouer avec la période d’avant-guerre. Il était souvent qualifié de dauphin de son père.
Seïf al-Islam, âgé de 49 ans, s’est également fait délivrer sa carte d’électeur du bureau de vote n°21021 dans la ville de Sebha, selon la commission électorale.
Après la mort de Kadhafi en 2011, la Libye est devenue un champ de bataille. Des groupes armés se disputent sa gestion. Fin juillet, Seïf al-islam, fils cadet de l’ex-dictateur, avait évoqué lors d’un entretien accordé au New York Times, son intention de se présenter à la Présidentielle. Capturé en novembre 2011 par un groupe armé à Zenten, dans le nord-ouest de la Libye, il avait été condamné à mort en 2015 à l’issue d’un procès expéditif.
Le groupe le détenant avait néanmoins refusé de le livrer aux autorités ou à la Cour pénale in­ter­nationale (Cpi), qui le recherche depuis 2011 pour des accusations de «crimes contre l’humanité». Le groupe l’a libéré en 2017 et ses traces avaient été perdues.
Né le 25 juin 1972 à Tripoli, Seif al-Islam est le fils aîné de la seconde épouse de Mouammar Kadhafi et le deuxième de ses huit enfants. Homme svelte aux allures de play-boy, il étudie à Vienne et Londres avant de prendre une place auprès de son père qui semble en faire son fils «préféré». Sans occuper de fonction officielle, il représente plusieurs fois la Libye dans le cadre de négociations internationales, notamment pour l’indemnisation des familles des victimes des attentats de Lockerbie en 1988 et du DC-10 d’Uta en 1989. Il se fait aussi connaître lors de sa médiation dans l’affaire des infirmières bulgares libérées en 2007. Un mois plus tard, il expose un projet de modernisation de son pays, relançant les spéculations sur la question de la succession.
Il réapparaît dès le déclenchement de l’insurrection à la mi-février 2011, lorsque la Libye est à son tour touchée par le Printemps arabe. Il adopte alors un langage guerrier, tentant bec et ongles de sauver le régime dictatorial de son père. «Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière femme et jusqu’à la dernière balle», affirme-t-il, en dénonçant un complot venu de l’étranger. En juin 2011, la Cour pénale internationale (Cpi) lance à son encontre un mandat d’arrêt pour «crimes contre l’humanité», commis pendant la répression du soulèvement en Libye.
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