Les condamnations ont été unanimes après les frappes mardi soir contre le centre de rétention de migrants de Tajoura, qui ont fait au moins 44 morts. L’Ue, l’Ua et le Secrétaire général de l’Onu demandent une enquête. Les organisations humanitaires et le Hcr ont réitéré leur appel à libérer tous les migrants détenus dans des centres en Libye.
Selon les organisations humanitaires, 70 % des migrants dans les centres de rétention à Tripoli tombent sous mandat du Haut-commissariat aux réfugiés (Hcr), en tant que demandeurs d’asile fuyant des persécutions ou des conflits. Paula Barrachina, porte-parole du Hcr, renouvelle son appel pour libérer les migrants. «On est gravement préoccupé par les personnes qui se trouvent à Tajoura en détention en ce moment, mais aussi par le sort de 3 800 réfugiés et migrants qui sont détenus dans des centres de rétention, à proximité des zones touchées par le conflit, confie Paula Barra­china. Nous lançons donc un appel pour leur réinstallation urgente, un appel pour une évacuation humanitaire, de la Libye vers des pays capables de les accueillir et de leur octroyer la protection nécessaire.»
Présente sur le terrain en Libye depuis 2016, l’Ong Médecins sans frontière réclame, de son côté, l’évacuation des réfugiés et migrants enfermés dans le centre de Tajoura, touché à plusieurs reprises. «Pour toute personne évacuée d’un centre de rétention en Libye, près de trois personnes y sont placées, lorsque les garde-côtes libyens interceptent des navires, rappelle Hassiba Hadj Sahraoui, conseillère aux affaires humanitaires à Msf. Donc, c’est comme si nous luttions contre le vent : alors que nous essayons de vider de leurs détenus les centres de rétention, on continue à y emmener d’autres personnes !»
Sur son compte Twitter, Filippo Grandi, le chef du HCR, a demandé ce mercredi à ce que les migrants et les réfugiés «ne soient plus en détention ; les civils ne doivent pas être des cibles ; la Libye n’est pas un lieu sûr pour un renvoi de mi­grants».

Washington bloque une condamnation du Conseil de Sécurité
L’attaque de ce mardi 2 juillet contre le centre de rétention de migrants de Tajoura, en banlieue de Tripoli, a fait au moins 44 morts, selon un nouveau bilan libyen. 80 personnes ont été blessées, selon un responsable médical libyen. Médecins sans frontières, qui a visité le centre, a recensé 126 personnes dans la cellule qui a été touchée par la frappe. Le centre abrite entre 500 et 600 personnes tous sont des rescapés ramenés de la mer par les garde-côtes libyens.
Le gouvernement d’union nationale (Gna) de Tripoli attribue le carnage aux forces du général Khalifa Haftar, lesquelles accusent en retour le Gna de «fomenter un complot» pour leur faire endosser la responsabilité de la tuerie.
Ce mercredi 3 juillet, le Conseil de sécurité de l’Onu s’est retrouvé dans l’incapacité de condamner le raid. Selon des diplomates cités par l’Afp, ce sont les Etats-Unis qui ont empêché l’adoption d’une condamnation à travers un projet de résolution proposé par le Royaume-Uni. Aucune explication n’a été donnée à ce blocage côté américain.

L’Ua «condamne fermement» cette attaque et demande une enquête
Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a condamné «fermement» mercredi cette frappe aérienne. «Le président demande également que soit menée une enquête indépendante pour s’assurer que les responsables du meurtre horrible de ces civils rendent des comptes», poursuit le commu­niqué.  Moussa Faki Mahamat «réitère son appel pour un cessez-le-feu immédiat et pour que les parties (au conflit) assurent la protection et la sûreté des civils, surtout des migrants pris au piège des centres de détention», ajoute le communiqué.
Rfi