La gestion par le Haut commandant de la gendarmerie du cas du capitaine Touré, ainsi que les failles sécuritaires notées dans la gestion des émeutes de mars dernier ont fait qu’il n’était plus possible de maintenir longtemps le général Tine à la tête de la gendarmerie.Par Mohamed GUEYE
– Les raisons qui ont poussé au limogeage du Haut commandant de la gendarmerie, le général Jean-Baptiste Tine, le jour même et dans la foulée de la radiation du capitaine Oumar Touré des cadres de la gendarmerie commencent à se dévoiler petit à petit. Le Quotidien a appris que ces deux sanctions sont intimement liées l’une à l’autre.
Le changement à la tête de la Gendarmerie nationale peut en effet être perçu comme une sanction dans la mesure où le Général Tine était appelé à faire valoir ses droits à la retraite à la fin du mois d’août, et il ne semblait pas avoir d’urgence à le faire partir de manière aussi brusque et abrupte.
Mais l’affaire Oumar Touré est passée par-là, ainsi que la gestion de la crise liée aux émeutes consécutives à l’arrestation de Ousmane Sonko. Dès le moment où les services de sécurité avaient pu établir que le capitaine de gendarmerie, qui avait eu à recevoir la plainte de Adji Sarr pour viol contre le leader de Pastef, n’avait pas mené l’enquête selon les règles de l’éthique régissant sa profession, des personnes dans la hiérarchie voulaient une sanction exemplaire à son encontre. Certains même avaient pensé que le capitaine devait être traduit devant la Cour martiale. Mais pour tout cela, le général Tine avait traîné les pieds, pour ne pas dire qu’il avait freiné des quatre fers.
A cela s’ajoute la gestion sécuritaire des émeutes de mars dernier. Les défaillances notées dans les rangs de la police avaient conduit le chef de l’Etat à mettre Seydou Bocar Yague à la place de Ousmane Sy. On s’attendait à ce que le général Tine subisse le sort de son pendant de la Police nationale. Mais il semblerait que le chef de l’Etat n’ait pas, par compassion, voulu priver l’officier supérieur des honneurs qui devaient lui être rendus lors de son départ à la retraite.
Cependant, des proches lui auraient fait remarquer qu’il prenait un gros risque pour la sécurité du pays, en maintenant à la tête d’un corps d’élite une personne envers laquelle sa confiance s’était érodée. Cette même personne prenait part à toutes les réunions sur la sécurité du pays, recevait les informations provenant des sources les plus sécrètes. Alors que l’on avait des doutes quant à la fiabilité de son jugement.
Mais la goutte qui a fait déborder le vase est la mauvaise volonté à sanctionner le capitaine Touré. Et la manière dont les deux décisions sont tombées indiquerait quelque part que c’est contraint et forcé que le Haut commandant de la gendarmerie a fini par traduire l’officier de la Section de recherches devant le Conseil d’enquête, en lieu et place de la Cour martiale.
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