Malgré les grands travaux en cours dans certaines villes du pays en prélude au sommet de l’Oci prévu en 2022, la Gambie fait face à une grave crise économique avec l’effondrement du secteur touristique à cause des restrictions provoquées par le Covid-19, qui a touché 5447 personnes dont 5 060 guéries et 165 décès.

En Gambie, on étouffe et on tousse. Partout, une épaisse couche ocre enveloppe les agglomérations à cause des grands travaux engagés par le régime en prélude au prochain sommet de l’Organisation de la coopération islamique (Oci) et surtout à moins de 9 mois de la Présidentielle, prévue en décembre. Ces images d’un pays en chantier avec les travaux visibles partout ne masquent pas le marasme actuel avec l’effondrement de l’industrie touristique à cause du Covid-19. Désormais, on s’étouffe aussi avec la promiscuité et la crise économique et sociale exacerbée par la survenue brutale du Covid-19. «Et elle a détruit tout sur son passage. Notre économie a été structurée autour du tourisme et l’envoi des devises. Désormais, tout est à l’arrêt», se lamente un responsable d’hôtel à Banjul. Avant la pandémie, son réceptif avait un taux de remplissage de plus 90 % avec une capacité de 180 lits. Ces statistiques se conjuguent au passé en attendant le retour à la normale prévu probablement vers août ou septembre prochain. Il s’agit des projections les plus optimistes.
Aujourd’hui, les hôtels et villas sur la zone balnéaire de Senegmabia et d’autres sites touristiques sont vides. Il n’y a que l’ombre des vigiles et quelques personnes qui sont venues évacuer quelques affaires pressantes. Dans ce secteur, les signaux sont au rouge, les boutiques de change tournent au ralenti. Cette situation inquiète le patronat du tourisme très affecté par la conjoncture actuelle. «Avec cette pandémie, c’est l’avenir même de l’industrie hôtelière qui est en jeu parce que les plus grands réceptifs et les casinos sont à l’arrêt. Ils employaient beaucoup de Gambiens et la plupart se sont retrouvés au chômage. Personne ne sait quand ils vont rouvrir pour retrouver leur niveau de fonctionnement d’avant», explique l’Association du patronat du tourisme gambien (Gt board). Pour lui, l’avenir est bouché parce que «nous ne savons pas si les touristes vont venir en vacances à cause des restrictions toujours en cours dans leurs pays. Si les touristes ne reviennent pas rapidement, on continuera à ressentir les effets de cette crise sur le tourisme national». Interrogé par le journal The Voice, Omar Jammeh, expert en tourisme, annonce que «de nombreux investisseurs ont quitté le pays à cause des sombres perspectives. Il faut diversifier l’offre en faisant la promotion du tourisme domestique et régional».

Barra et Banjul, presqu’à sec
Comme un effet papillon, cette crise touche les autres secteurs de la vie économique. Au Port de Banjul, il faut jouer des coudes, slalomer entre des flux humains pour se frayer un passage jusqu’au bac. Qui assure la liaison entre Bara et Banjul et la continuité territoriale de la Gambie. Si les taux de fréquentation ne baissent pas, les véhicules de transport passent par le Pont qui enjambe le fleuve Gambie. «Ce n’est plus comme avant. Désormais, on peut faire deux allers-retours entre Banjul et Barra sans écouler le moindre produit. Les gens n’achètent que du crédit téléphonique. Avec la chute du Dalasi, la vie est devenue très dure. Avec 100 Dalasi, tu ne peux même t’acheter le petit déjeuner. Ce pays est devenu trop compliqué. Il n’y a que deux rêves : devenir miliaire ou policier et voyager. Mais, les routes aériennes sont fermées avec le Covid-19», s’agace un ambulant, qui crache dans un océan agité.
Porte-parole du mouvement citoyen Gueum sa boppa, Yusuf Taylor, journaliste de formation, souligne que la pandémie a affecté toute l’économie gambienne. «Le business ne marche plus. Tout est à l’arrêt. Par exemple, les matériaux de construction ont connu un renchérissement extraordinaire. Avant la crise, un sac de ciment coûtait 300 Dalasi et il est à 450 ou 500 Dalasi. Il n’y a plus de tourisme alors que c’est le secteur qui crée plus de d’emplois dans ce pays. La pauvreté est devenue grandissante», explique-t-il.
Sous un soleil accablant, les villes gambiennes, qui se succèdent, en file indienne, sur un petit bout de terre, étouffent dans une totale anarchie exacerbée par les bruits des véhicules avec leurs interminables va-et-vient. Ils laissent échapper de grosses vapeurs de fumée avalées par des gens insouciants. Les véhicules «crachent» des passagers empressés et sans masques le long des territoires exigus. Sans respecter les règles sécuritaires et surtout hygiéniques dans un contexte sanitaire explosif. Avec 5447 cas positifs, il y a eu 5060 guéris et 165 décès.