Ibou Fall m’aura fait l’honneur de m’inviter à présider, aux côtés de Hamidou Anne, la cérémonie de présentation de la huitième édition de ses Sénégalaiserires, intitulée «2023-2024 : Chronique des Ans-foirés». C’était une belle cérémonie à laquelle tout le monde de la presse, des parents et amis, «le peuple normal» comme l’appelle Ibou, sont venus lui témoigner de leur sympathie et surtout saluer son travail dans l’éveil des consciences. Je partage avec les lecteurs de cette chronique un texte présenté lors de cette rencontre, en guise d’hommage à Ibou. Il mérite bien qu’on lui tresse des lauriers.

Présider une présentation de livre de Ibou Fall est un honneur qui ne se refuse pas, mais c’est également un piège d’un maître de la plume et des mots. Depuis que je collabore avec Ibou Fall, je n’ai cessé de le mettre devant le fait accompli pour la conduite de projets et d’initiatives. Il vient aujourd’hui de me faire goûter sans concession à ma méthode. Il m’aura toujours accompagné avec générosité, bienveillance et une rigueur qui sont une fierté pour tout jeune cherchant du mentorat dans un secteur d’activités. Mais, cela en dit beaucoup sur un homme qui a la main sur le cœur et est d’une sincérité pure en amitié. Je tiens à remercier Ibou Fall pour sa collaboration assidue et prolifique avec Le Quotidien. Les Sénégalaiseries sont devenues un rendez-vous incontournable dans nos colonnes. A chaque jeudi, son lot de leçons, de fous rires et de claques.

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Je vais m’attarder sur l’homme Ibou Fall, et surtout son style. Pascal disait que le style fait l’homme. Le style de Ibou Fall est celui d’un intellectuel, d’un journaliste, d’un homme de médias et d’un éducateur qui n’a pas froid aux yeux. Il a son courage en bandoulière, il émet ses avis, lectures et critiques sur le fonctionnement de la société. Il est un observateur averti et attentif du patient Sénégal. Ce patient ou du moins ce pays, Ibou Fall le connaît sous toutes ses coutures. Il l’aura vu sous tous ses habits, dans toutes les crises et face à tous les défis pour savoir que c’est un pays de possibles, malgré le décor ambiant qui peut souvent être hideux.

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Le Sénégal, Ibou Fall le connaît et le maîtrise entièrement. Et c’est cela qui fait la force de sa réflexion et de ses critiques sur ce pays. Qui aime bien châtie bien, c’est ainsi que Ibou conjure par la satire nos maux. Quand tout peut être décevant ou révulsant, autant en rire et surtout exorciser par l’humour les maux qui nous hantent.
Quand il parle d’économie, de culture, de politique, de sport et de société, Ibou Fall a ce souci que les Sénégalais ne négligent pas la grandeur de leur Nation. Il est exigeant avec nous tous et avec lui-même, parce qu’il sait que le Sénégal est un pays d’exception, un pays de modèles et une Nation qui aura toujours su être à l’avant-garde. Etre Sénégalais, représenter le Sénégal ou diriger les Sénégalais, ce sont des honneurs majeurs pour lesquels les personnes se doivent d’être à la hauteur. Pour Ibou Fall, il n’y a aucun compromis sur ça. Il ne cesse de le marteler dans ses chroniques et le rappelle à qui veut l’entendre à travers les ondes. La répétition est pédagogique, mais Ibou Fall ne cesse de rappeler à nos compatriotes qui ils sont et de qui ils sont les héritiers pour que naissent des éclairs, brillent des esprits, se forgent des vocations, et pour qu’un sursaut vienne.

Ibou Fall est un professionnel accompli. Son «ennemi» du nom de Madiambal, avec qui il aime comploter, m’aura confié que Ibou Fall aura fait tous les métiers dans la presse, de correcteur à directeur de publication, en passant par les stations de reporter, d’éditeur et d’imprimeur. Toute une corporation se doit d’apprendre de lui.
La satire est le parfait véhicule pour son expression, parce que le Sénégal est un pays où il est facile de rire de tout. Nous avons un humour contagieux et l’esprit bon enfant court les rues. Ibou Fall a le style qu’il faut et son discours méthodique pour prodiguer de sages conseils tout en humour, en les basant sur la vérité des faits. Lire et écouter Ibou Fall sont des exercices cathartiques dont nous ne mesurons pas la chance !

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Il est dur d’être prophète chez soi, mais sans aucune prétention, Ibou Fall est bien sous nos cieux un sage, un mage ou un oracle, pour ne pas dire prophète, avec 6 valeurs : les idées, l’information, l’intégrité, l’inclusion, l’impertinence et l’indépendance.

Les idées parce que Ibou Fall est une machine fertile à pensées novatrices et courageuses. Sur tous les aspects de notre vie nationale, il a un regard détonant, innovant et lucide, entraînant la réflexion ou la prolongeant. L’information parce qu’il est journaliste dans l’âme. C’est la réalité des faits qui l’intéresse et l’information du public en toute transparence. De chacune de ses sorties, on en apprend plus sur un sujet ou sur l’histoire du pays. L’intégrité car le Fallène qu’il est ne mâche pas ses mots, il a le courage de ses idées et il reste le messager qui ne cache pas ses pierres à la foule avant de les balancer. Droit dans ses bottes il l’est, bonjour les dégâts ! L’inclusion parce qu’à entendre et lire Ibou Fall, le Sénégal est une terre démocratique, et l’implication de tous est le but absolu de notre projet de société. L’intérêt général se doit d’être au service de tous, sans aucune distinction. Cela aussi bien pour le Sénégalais des campagnes, celui des villes que celui de la diaspora. L’impertinence car Ibou questionne l’autorité, met les décideurs face à leurs responsabilités. Il crée un inconfort et un malaise par ses questions, dans une irrévérence saine qui n’a qu’un but constructif. Il peut néanmoins ne pas se faire comprendre. Ce n’est pas pour autant qu’il brimera les voix contraires. Il aura fièrement théorisé la notion de Saaga Club, montrant le ridicule d’une adversité usant de l’insulte quand elle est à court d’arguments. Mon cher Hamidou Anne aura dit tout haut dans ce pays que les insultes sont des médailles, mais pour le courage de Ibou Fall face à l’adversité et aux critiques, il mérite bien la médaille d’honneur de tout ordre d’intellectuels et de penseurs. L’indépendance parce que Ibou Fall est un homme libre, il sait dire non. Son humour ne s’arrêtera pas parce qu’il sait que le jour où l’humour se tait, la censure et l’autocensure auront pris le pas. Sur ces mots, je vous invite tous à ne cesser de célébrer ce grand monsieur de la plume et des mots.

Par Serigne Saliou DIAGNE – saliou.diagne@lequotidien.sn