Litige foncier : La Dgpu sur un mauvais terrain à Keur Ndiaye Lô

A Keur Ndiaye Lô, les populations sont vent debout contre la Dgpu de Diamniadio, accusée de terrasser 100 ha qui font partie de leur patrimoine.Par Alioune Badara NDIAYE –
Les habitants de Keur Ndiaye Lô, dans la commune de Sangalkam, crient à l’empiètement supposé de la Délégation générale aux pôles urbains (Dgpu) sur leurs terres. En charge de la gestion foncière dans les pôles de Diamniadio et du Lac Rose, la Dgpu aurait, selon leurs dires, octroyé des espaces leur appartenant depuis des dizaines d’années à des privés. Ce à la suite de quoi des engins destructeurs sont venus lundi effectuer des opérations sous la supervision de la gendarmerie et des responsables de la Dgpu. «Grande a été notre surprise de trouver Bara Diouf, le Délégué général aux pôles urbains, accompagné d’engins pour terrasser nos champs et constructions autour. Ces terres ne font pas partie du Pôle urbain, mais plutôt de Keur Ndiaye Lô», a martelé mardi El Hadj Youssou Samb, chef du village.
Les populations s’étaient donné rendez-vous ce jour à la devanture de la maison du chef de village pour marquer leur désapprobation par rapport à la situation. «La Dgpu veut nous enlever plus de 100 hectares qui ont servi de champs à nos grands-parents et parents avant nous (…) C’est une zone d’extension naturelle du village et c’est notre droit de l’occuper», a estimé M. Samb, exhortant les autorités à «freiner» la Dgpu dans sa volonté de spolier Keur Ndiaye Lô. «La Dgpu gère un domaine qui s’appelle (Pôle urbain de) Diamniadio et a décidé, par des mécanismes qu’on ne saurait définir, de venir détruire tout ce que la communauté de Keur Ndiaye Lô avait (…) On va faire face», a insisté Issa Thioro Guèye. «La Dgpu est vue aujourd’hui comme un cancer qui consume une localité qui s’appelle Keur Ndiaye Lô», a poursuivi le journaliste faisant partie des victimes de cet empiètement supposé sur les terres du village. «Il y a des gens qui ont eu des titres (de propriété) depuis 1992, des gens qui sont victimes et ne devraient pas l’être. Nous appelons le président de la République, le Premier ministre et toutes les autorités à reconsidérer l’attitude de la Dgpu», a encore relevé M. Guèye, assurant d’un combat dans la discipline. Un message pas entendu par les jeunes de la localité qui ont brûlé des pneus à divers endroits de la chaussée, bloquant ainsi la circulation.
Les précisions de la Dgpu
«Depuis quelques jours, on note une certaine agitation chez certaines personnes affiliées au maire de Sangalkam, qui dénoncent un soi-disant accaparement de leurs terrains par l’avancée des travaux du Pôle urbain de Diamniadio pilotés par la Délégation générale à la promotion des pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose (Dgpu). Il convient de souligner que c’est le décret n°2014-968 du 19 août 2014 qui avait prescrit l’immatriculation au nom de l’Etat, d’un terrain dépendant du domaine national, situé à Diamniadio, dans le département de Rufisque, formant le Pôle de développement urbain de Diamniadio, d’une superficie d’environ 1644 hectares, et prononce sa désaffectation. Par conséquent, l’immatriculation du pôle a, en droit, fait basculer tout l’espace concerné dans le domaine privé de l’Etat et annulé tous les droits existants depuis 2014. Le Préfet de Rufisque, en relation avec la Commission départementale de recensement des impenses, avait évalué et payé les impenses aux ayants droit entre 2015 et 2017. N’empêche, certains individus mal intentionnés continuent d’occuper les terrains de la Dgpu de manière illégale avec des lotissements irréguliers et menacent régulièrement les promoteurs titulaires de titres d’Etat réguliers qui veulent prendre possession de leurs terrains. Ce qui constitue une entrave au démarrage de beaucoup de projets publics et privés comme l’Ecole de formation de la Douane, la Fondation Waqf pour un investissement de 25 milliards, la Fondation Maarif avec la construction d’une école et d’un internat pour plus de 2000 élèves, un projet immobilier de 80 milliards…, sans oublier des projets essentiels comme les voiries et réseaux divers qui doivent être finalisés avant les Jeux Olympiques de la Jeunesse prévus en fin 2026. Aujourd’hui, tous ces projets sont mis en danger par une brigade de la mairie de Sangalkam agissant avec des armes blanches. Les travaux de libération menés présentement dans le quatrième arrondissement sont effectués par la Dgscos et le Préfet de Rufisque conformément aux lois et décrets en vigueur.
Il convient de souligner que depuis son arrivée à la tête de la Dgpu, le Délégué général Bara Diouf a initié plusieurs dialogues, avec la mairie et les populations, pour trouver une solution à l’occupation illégale des terrains. La Dgpu a également entrepris un important programme d’accompagnement des communes environnantes. Pour la commune de Sangalkam et particulièrement Keur Ndiaye Lô, il est prévu un investissement de 200 millions pour cette année, à charge pour la commune d’identifier ses priorités dans les secteurs de la santé, du sport, de la jeunesse et de la femme. La Dgpu, en relation avec le Préfet et la Commission de recensement des impenses, est ouverte pour faire un deuxième recensement afin de prendre en compte celles qui n’ont pas été recensées.»
abndiaye@lequotidien.sn