«Le Festival international de littérature de Dakar (Filid) est devenu un lieu de communion et d’affinité qui rassemble des auteurs et les professionnels du livre.» Telle est la déclaration de Abdoulaye Fodé Ndione, le promoteur du festival, qui indique que le Filid a pris ses marques dans le bouillonnement culturel du Sénégal et participe au rayonnement de la littérature et à la circulation des auteurs.Par Ousmane SOW – 

Du 21 au 24 mai 2025, à l’occasion de la 4e édition du Festival international de littérature de Dakar (Filid), la capitale sénégalaise se transforme en une agora littéraire. Mais, au-delà d’un rendez-vous d’auteurs, d’éditeurs, d’écrivains, d’universitaires, traducteurs, étudiants et journalistes, le Filid s’impose comme une véritable philosophie. C’est du moins le message porté avec conviction par son promoteur, Abdoulaye Fodé Ndione. «Le Festival international de littérature de Dakar (Filid) est devenu un lieu de communion et d’affinité qui rassemble des auteurs et les professionnels du livre», a déclaré Abdoulaye Fodé Ndione, ce mercredi, lors de l’ouverture de cette édition sous le thème : «Dévelop­pement par la culture, la place du livre.» Selon le nouveau président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), le Filid est bien plus qu’un événement. «Il est ce lieu d’intelligence où les écrivains expérimentés s’ouvrent à ceux qui commencent sur le long chemin de la création. Ce chemin qui ne finit jamais parce que la littérature est cet espace où nos préoccupations chargées d’émotions et d’esthétiques nous apaisent dans nos livraisons», fait-t-il savoir, soulignant la dimension thérapeutique de l’écriture. Il explique à ce propos : «Le Filid est une philosophie, un comportement qui nous garde d’un élan élitiste, qui nous aurait écarté des principes de la vie, c’est-à-dire la rencontre avec l’autre dans la simplicité, en lui apportant la différence qui renforce l’existence.» A l’en croire d’ailleurs, le Filid, avec ses multiples rencontres, lectures, débats et concours, s’efforce de faire de Dakar une destination littéraire, en misant sur l’émulation et la circulation des auteurs. «Le Filid a pris ses marques dans le bouillonnement culturel du Sénégal et participe au rayonnement de la littérature et à la circulation des auteurs. Il crée de l’émulation», déclare Abdoulaye Fodé Ndione, saluant la présence constante, depuis la première édition, des écrivains internationaux et nationaux qui contribuent à la promotion de son festival. «Leur présence déterminante est une implication pour la respiration de la littérature», dit-il, rappelant que cette année, deux établissements sont à l’honneur. Le Lycée Seydina Limamoulaye et les Cours Sainte Marie de Hann. «Deux structures dynamiques qui contribuent à l’éducation et à la formation des jeunes. Et deux concours de poésie sont organisés dans chaque établissement», précise-t-il.

Cependant, cette édition est aussi marquée par l’émotion. Un hommage appuyé a été rendu à l’écrivain Alioune Badara Bèye, disparu récemment. «Je voudrais rendre hommage à une personne qui a beaucoup compté pour moi et pour le Sénégal, le président Alioune Badara Bèye, qui a tout donné à la culture», salue Abdoulaye Fodé Ndione.

«L’Afrique est un continent de culture»
Présidente de l’Association sénégalaise des éditeurs (Ase), Aminata Sy a salué l’effort du promoteur dans un contexte difficile. «Nous félicitons le promoteur du festival pour tous les efforts fournis malgré la conjoncture difficile.» Pour elle, le choix du thème de cette édition est capital, car il invite à repenser l’industrie du livre comme levier de développement. «On dit souvent que l’Afrique est un continent de culture. Et le livre conserve les connaissances comme outils d’apprentissage et de formation. Il véhicule aussi la culture d’un pays», explique-t-elle, insistant sur la nécessité d’une adaptation face aux bouleversements induits par le numérique et l’Intelligence artificielle. «Il faut donc une solidarité entre les éditeurs pour revoir ensemble les lois sur la propriété intellectuelle afin de préserver la création et le copyright. Sinon, il n’y aura plus d’auteur, ni d’éditeur», a-t-elle prévenu.

Comme tous les ans, la leçon inaugurale de cette 4ème édition du Filid a été prononcée par le professeur Alpha Amadou Sy, philosophe et écrivain. Son intervention a rappelé les racines profondes de la culture dans l’histoire des luttes africaines. «Quelle intuition ! Quelle inspiration géniale ! Nous inviter à réfléchir sur la place de la culture, et, par ricochet, du livre, dans le développement.» Et d’ajouter, citant Senghor : «La culture est au début et à la fin de tout développement.» Pour le professeur de philosophie, cette conviction n’est pas que poétique. Elle est la clé d’une «dialectique qui structure le développement économique et l’épanouissement culturel».
ousmane.sow@lequotidien.sn