Le conte a toujours été un outil de transmission, un espace d’éducation et d’apprentissage. C’est ce que relève Dr Ndèye Astou Ndiaye, autrice d’un livre de contes, «Veillées africaines», présenté samedi dernier au Musée des civilisations noires de Dakar. Par Justin GOMIS – 

Veillées africaines, c’est le titre du tout dernier ouvrage de Dr Ndèye Astou Ndiaye. Ce livre de contes de 181 pages est un retour à la tradition africaine qui rappelle, à bien des égards, les veillées familiales autour d’un feu où les histoires sont contées aux enfants par les vieilles personnes. Une vieille tradition que l’autrice a voulu ressusciter. «Cette œuvre est née d’un sentiment, celui de préserver, de célébrer un patrimoine et aussi un matrimoine», a déclaré l’enseignante-chercheuse à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui faisait, samedi dernier, la dédicace de cet ouvrage au Musée des civilisations noires de Dakar. Selon elle, ce livre de contes écrit en français et en wolof lui a donné l’occasion de réfléchir sur «qui nous sommes». L’autrice, à travers ces récits, cherche à montrer l’importance des contes dans les sociétés traditionnelles africaines. «J’ai voulu montrer qu’à partir de nos identités et de nos faiblesses, les sociétés africaines ont toujours trouvé, dans le conte, un outil de transmission, un espace d’éducation et d’apprentissage», a-t-elle indiqué. Une manière pour elle de montrer la valeur pédagogique des contes africains. D’après l’enseignante au département de Sciences politiques, «ce recueil défend la vision du monde où chaque individu, peu importe son sexe, son âge, sa tradition, a un rôle à jouer dans la construction du bien commun. Ce qui nous rassemble encore une fois nous Africains, c’est le commun, le collectif. C’est penser ensemble, agir ensemble».

Dans ces contes, plusieurs sujets ont été évoqués par l’autrice, notamment les enfants, l’environnement, l’avenir, entre autres. «Les enfants sont l’avenir de nos pays, de nos sociétés. Les contes africains sont pris à la source populaire, car l’Afrique est un tissu, un mélange où chaque peuple apporte sa touche. Le conte ne se limite pas à l’évocation du passé. Il est aussi une prolongation sur le présent et un appel à l’avenir. Dans ce monde marqué de fractures politiques et sociales, les Africains portent une question de la démocratie non pas seulement formelle, mais enracinée dans les valeurs de justice, de solidarité, de participation politique qui nous ressemblent nous Africains. Chacun interroge les fondements de la responsabilité, du partage du pouvoir et du respect des droits», a-t-elle expliqué.

Dr Ndèye Astou Ndiaye veut que ce livre soit lu. Un moyen pour elle «de conter notre futur». Car, selon elle, c’est à nous aussi de montrer à nos enfants la voie. Et c’est dans ce sens que le préfacier de l’ouvrage, Amadou Elimane Kane, indique qu’elle a utilisé «le tissu allégorique africain, et par ses écrits, elle renseigne l’organisation sociale et le tableau culturel qui associe des images fortes, des valeurs universelles et de l’espérance». Selon lui, «en utilisant la transformation et l’allégorie des animaux et de la flore, elle invite chacun à se saisir de la métaphore littéraire pour donner un sens éducationnel et pour créer une sorte de récit d’apprentissage qui a valeur de leçon». Mais le souhait le plus ardent, c’est de voir les contes dans les curricula de l’école pour être enseignés aux enfants.
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