«Décoloniser la critique littéraire africaine – Nouvelles perspectives théoriques et critiques – Approche ontologique du texte africain», l’ouvrage de Mamadou Kalidou Ba, spécialiste de l’analyse littéraire africaine et professeur des universités à la Faculté des lettres et des sciences humaines, a été publié depuis 2024. Un ouvrage de référence dans lequel l’auteur invite ses pairs à oser «un regard enraciné et critique». Par Ousmane SOW –

 «Décoloniser la critique littéraire africaine – Nouvelles perspectives théoriques et critiques – Approche ontologique du texte africain», c’est le titre de l’ouvrage de Mamadou Kalidou Ba, spécialiste de l’analyse littéraire africaine et professeur des universités à la Faculté des lettres et sciences humaines, et par ailleurs membre fondateur du Groupe de recherche en littératures africaines (Grelaf) de l’Université de Nouakchott (Mauritanie). Publié par les éditions Lettres de Renaissances à Paris en 2024, l’auteur souligne dans cet ouvrage que les théories, les méthodes ainsi que les outils littéraires pour analyser les textes africains sont tous issus de l’Occident. Il évoque donc l’importance d’une création de critique littéraire africaine. L’essai de Mamadou Kalidou Ba se veut également une rupture avec les cadres théoriques occidentaux dominants dans l’analyse des œuvres africaines. Et l’éditeur, dans son communiqué de presse, se réjouit de cette parution. «Décoloniser la critique littéraire africaine – Nouvelles perspectives théoriques et critiques – Approche ontologique du texte africain», un ouvrage qui marque déjà, selon eux, une étape significative dans la réappropriation des outils critiques par les Africains eux-mêmes. «En consultant différentes thèses de littérature africaine soutenues en Afrique ou ailleurs, les articles scientifiques publiés dans des revues littéraires spécialisées, il est surprenant de constater que les théories littéraires, les méthodes et les approches convoquées par les doctorants et les chercheurs pour étudier les textes littéraires africains soient essentiellement conçues en Occident pour analyser les textes euraméricains. Une bonne partie de ces théories est produite par des universitaires anglophones dont les œuvres sont ensuite traduites en français, avant d’atterrir dans l’assiette intellectuelle des étudiants africains des universités francophones. Il ne s’agit certainement pas de poser des limites à la circulation libre de la pensée, mais de démontrer que ces théories et méthodes s’avèrent insuffisantes à révéler l’ontologie des textes littéraires africains. Il s’agit ici de mettre en exergue leur quintessence en relation directe avec les caractéristiques de la personnalité africaine constituée par une histoire singulière, un ancrage fondamental sur l’oralité, une diversité culturelle avec un dénominateur commun et un environnement particulier», peut-on lire dans le résumé de l’ouvrage, repris dans le communiqué. L’ou­vrage n’est pas seulement critique, il est également constructif. Mamadou Kalidou Ba y propose une méthode alternative, issue de références philosophiques, anthropologiques et environnementales africaines. Sans doute une démarche qui veut replacer le texte africain dans son milieu de production et lui donner la dignité critique qu’il mérite. «Dans cet ouvrage, Mamadou Kalidou Ba propose une méthode critique nouvelle, élaborée à partir d’une théorie inspirée de la philosophie, de l’histoire de l’anthropologie et de l’environnement africains. Cette approche ontologique permet de mieux caractériser la critique du texte littéraire africain», ajoute le document. Pour l’universitaire mauritanien, décoloniser la critique n’est pas un luxe, mais une nécessité. Car, écrit-il, «pour que la critique littéraire puisse jouer le rôle prépondérant que les Africains sont en droit d’attendre d’elle, elle doit d’abord réussir à se penser par elle-même et pour elle-même : elle doit pouvoir se décoloniser». A rappeler également, Mamadou Kalidou Ba n’en est pas à son premier ouvrage. Professeur des universités à la Faculté des lettres et sciences humaines, il dirige aujourd’hui la formation doctorale «Littérature, langage et didactique» à l’Université de Nouakchott, en Mauritanie. L’auteur est également romancier et auteur de La résistance pacifique (L’Harmattan, 2016) et Les remparts de l’espérance (Lettres de Renaissances, 2020).
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