Après Pétales Noires, son recueil de poèmes paru aux Editions L’Harmattan Sénégal, le journaliste-écrivain et non moins poète, Marcel Mendy, vient de publier chez le même éditeur, un autre recueil intitulé Nuits Blanches. Il s’agit d’un nouveau recueil de poèmes au style vif, pur et élégant … En taquinant la muse, cet amoureux des belles lettres offre à la postérité, des proses et vers d’un très-bon goût. Une succession de textes qui évoquent la vie, la mort, le passé, le présent, l’avenir et qui se lit aussi facilement qu’on peut le chanter aisément.
Des nuits blanches oui ! Mais c’est aussi des nuits fécondes et inspirantes pour Marcel Mendy. En parcourant son nouveau recueil de poèmes qui sera dédicacé le mois prochain, on se rend à l’évidence que l’auteur de Pétales Noires (son autre recueil de poèmes) rédige ses textes tard le soir ou au petit matin (entre 23h et 8 h du matin). Une option que Mame Ngoné Faye, en page de couverture de l’œuvre, explique par le fait que «dans les nuits bleues de suie, au creux de l’insomnie, mille questions traversent l’esprit qui veille». L’occasion, dit-elle, «pour le poète de se laisser voguer au gré de Dame inspiration, sur le ressac des errances». Une errance que l’on vit à travers un style particulier : l’absence de titre pour les textes que pond M. Mendy. Là encore, c’est une option du poète lui-même, puisqu’il disait pour se justifier, qu’on adopte une écriture comme on adopte une mode vestimentaire. « …Ecriture policière, écriture bourgeoise, écriture-travail», mentionnait-il dans Pétales Noires.
En tout cas, comme dans ce premier recueil Pétales Noires, l’absence de titre sur les différents textes ne relève ni de la gratuité ni de l’innocence. «Cela renvoie à notre conception de la pratique poétique qui s’appuie sur ce que nous appelons «poésie ouverte» ou «poésie blanche» selon les mots de Barthes», explique M.Mendy. Le poète reste ainsi fidèle à lui-même puisqu’il ne rompt pas avec son élan lyrique. Et, en suivant cette démarche singulière dans la rédaction du recueil Nuits Blanches paru aux éditions L’Harmattan, il sort à nouveau des sentiers battus tout en affichant sans fioriture sa quête éternelle. «Je suis un poète, je ne suis pas une mauviette», écrit-il à la page 50 de l’œuvre où il précise encore : «Je donne aux mots une couleur. Et aux maux un sens…» Effectivement, c’est bien de cela qu’il s’agit ici, puisque l’auteur, journaliste-écrivain mais surtout amoureux des belles lettres, a effectivement su sublimer avec les mots, ses sentiments mais aussi dénoncer les maux qui rongent nos sociétés, notre continent.
Un succulent chant poétique
Dans ses proses et vers, l’auteur, qui est présentement coordonnateur de la cellule de communication des Chambres africaines extraordinaires créées par l’Union africaine pour juger Hissein Habré, ex-Président du Tchad, aborde plusieurs thématiques : la vie, la mort, l’après-mort, mais aussi le temps, le pouvoir, la politique, le sport, la femme…, et la religion. Cette dernière thématique semble d’ailleurs assez importante pour l’auteur. Car ici, plus que dans ses précédentes œuvres, Marcel Mendy affiche sa foi en Jésus Christ. Non seulement, dès les premières pages, il dédicace l’œuvre à ses coreligionnaires : les femmes catholiques de Yoff et aux membres de la Légion de Marie, mais surtout à la page 33 du recueil, il écrit : «Chemin de croix… Jésus est la voie…écoutons sa voix…portons notre croix.» Le croyant qu’il est se reflète donc dans ses écrits et il partage également dans ses textes accouchés dans des Nuits Blanches, plusieurs autres poèmes sous forme de prières ou de litanies. C’est le cas par exemple à la page 46 du recueil où il se pose tel un «Soldat de la paix» (titre de son essai sur le Cardinal Adrien Sarr) pour dire : «pourquoi nous donner des coups de poing…Pourquoi ne pas chanter à l’unisson…Pourquoi ne pas danser sur la même cadence», pour accoucher d’un «monde de douceur».
Les textes de cet écrivain, connu pour sa plume et son verbe assez recherché, sont évocateurs et en disent long sur le passé, le présent et le futur. L’on parcourt donc avec délectation, des poèmes aussi sucrés que délicieux, qui reflètent par ailleurs l’élégance de cet écrivain-poète qui comme «Senghor le troubadour du Sine», chante la beauté noire. Mais Marcel Mendy lui, va plutôt «à la recherche de celle qui, à côté de Aline Sitoé Diatta, Anne Zinga, trônera au banquet de l’universel. Fière, pleine de grâce et de tiafka. Celle dont les roulis des yeux et des hanches éveillent (ses) sens et réveillent en (lui) le lion qui dort… » En somme, de son ordonnance à une Afrique «alité, malade» (P 17), à son interpellation lancée à ceux qui «dorment avec et ne rêvent que de pouvoir et veulent mourir au pouvoir» ou encore son message à la jeune génération qui consomme du «fesse bouc» et tout le reste, Marcel Mendy lègue à la postérité des Nuits blanches de réflexions. Nuits blanches à travers lesquelles chaque lecteur choisira sa part de lui-même pour se construire, se reconstruire et construire l’avenir. Le poète, qui se considère comme «un citoyen du monde résident au Sénégal», donne lui-même à ses lecteurs «un rendez-vous poétique à chaque détour de vers». Une œuvre à lire absolument et à faire lire !
arsene@lequotidien.sn
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