Littérature – Saër Maty Ba présente ses ouvrages : Plus explorateur des possibilités de l’écriture qu’écrivain
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Il a présenté ses cahiers d’un retour au pays natal. Saër Maty Ba a offert au public sénégalais, son pentateuque. Un sixième livre est déjà en chantier. Déjà chez l’éditeur, disons.Par Moussa SECK –
Il s’est dit passionné par «ces mots dans mes veines» ! Passionné par l’ouvrage dans sa globalité, mais plus, par son introduction. Cette dernière est, selon Abdou Latif Coulibaly, à la confluence de plusieurs genres. Genres…si ! Même si son auteur, Saër Maty, n’en demeure pas moins opposé à ce qu’il appelle «diktat» des genres. «Je suis, dira-t-il, content de ne pas être adepte de la forme rigide.» Il serait, plutôt, explorateur des toutes les possibilités de la littérature. Romancier comme Balzac, poète-alchimiste ainsi que Baudelaire et Rimbaud, mais lui-même, avec son expertise dans le domaine du cinéma. Saër Maty Ba dit bien aimer «les termes rouvrir le roman, rouvrir l’essai». Et pas seulement pour le plaisir du dépoussiérage mais pour quelque chose de plus archéologique : «Voir ce qu’il y a entre les lignes.» «Comment classer Saër Maty Ba», s’est donc interrogé M. Coulibaly qui a plongé dans l’océan littéraire de «ces mots dans mes veines». Océan au contact duquel Latif est sans doute sorti avec des perles de littérature et de rigueur…littéraire.
Rigueur et beauté seront aussi évoquées par le Pr. Ousmane Sène. Lui, l’ancien professeur de M. Ba qui n’a pas caché sa fierté de voir son étudiant devenir l’écrivain dont le génie est reconnu par toutes celles, tous ceux venus assister à la cérémonie de dédicace de ces cinq ouvrages. Et le professeur avait la tâche de parler du «serment d’un maître ignorant». «La beauté et la profondeur d’un texte», voilà ce qui suscita l’admiration du directeur du Warc. Et puisque le génie engendre constamment de l’étonnement, M. Sène demandera à son ancien étudiant : «Vous écrivez dans quelle(s) langues(e) ?» Autre ouvrage, autre océan, autres merveilles : Saër Maty Ba ne se prive du mélange de langues dans sa production qui se veut exploratrice du ressenti.
«Intense» et «intellectuellement agité»
Réflexion sur les genres d’une philosophie sur les langues d’écriture d’autre part. Tellement de choses. Et pourtant, ce n’est pas étonnant, du point de vue d’une connaissance de l’auteur venue de Paris pour la cérémonie tenue le 27 août au Centre culturel Douta Seck. Son ami Saër nage dans une intraculture, basé en Europe qu’il est et tout aussi ancré qu’il demeure dans sa culture sénégalaise. En ce sens, il ne saurait écrire que d’une manière qui fait penser ouverture.
L’auteur, de lui-même, dira : «Tout ce qui nous a été appris a été accumulé dans le bon sens.» Tout, de l’école coranique au cinéma Al Akbar, en passant par les discussions avec Abdou Latif Coulibaly, Ousmane Sène à Sokone. Mais aussi et surtout, par l’îlot que leurs parents (sa sœur et lui) leur avaient créé. Par îlot, entendre bibliothèque ! Là, a-t-il eu ses premières lectures ? A partir de là, a-t-il fait ses premières fiches de lecture ? Grâce à cela ; a-t-il pris goût pour l’écriture ? Aujourd’hui, il peint sur le papier. Ou, via son ordinateur. Et avec rigueur et discipline : le romancier-alchimiste s’adonne tous les jours à son rituel de deux heures devant ordi. Même si rien ne vient à son esprit pour se traduire en phrases. Nul ne dira que ce n’est efficace, car, en ce moment-même, le sixième ouvrage est chez l’éditeur.
Son écriture lui vient aussi de la réminiscence. Deux lignes consignées dans un cahier il y a 25 ans, revues après une éternité, peuvent valoir un livre. Une telle aptitude dénote sûrement de l’intensité intellectuelle qu’un de ses camarades de promotion lui a témoignée devant l’assistance de Douta Seck. Saër Maty Ba a toujours été intense et «intellectuellement agité».