Au-delà du dossier du Coud qu’il qualifie de «Scandale au cœur de la République», Pape Alé Niang épingle la gestion sobre et vertueuse prônée par Macky Sall. Le journaliste, qui s’est basé intégralement sur le rapport de l’Ofnac, attend la plainte de Cheikh Oumar Hann.

C’est un ballet de personnalités politiques qui a assisté, samedi, à la cérémonie de dédicace du livre du journaliste Pape Alé Niang. Bien évidemment, il y a eu plus d’opposants que de gens du pouvoir à l’exception de Jean-Paul Dias. En effet, «Scandale au cœur de la République : le dossier du Coud» publié aux Editions Fauves, fait le procès de la gouvernance de Macky Sall en général. Devant Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Aïda Mbodji, Elène Tine entre autres, personnalités de l’opposition, la cérémonie a été ouverte par un fond sonore qui distillait le discours du Président Macky Sall réaffirmant sa volonté de diriger le pays avec «une gestion sobre et vertueuse». Après avoir précisé que son ouvrage s’est appuyé «intégralement» sur le rapport de l’Ofnac, l’auteur  a indiqué que la polémique  sur le cas du Coud l’a poussé à «vouloir en à savoir davantage». Il dit : «Nous voulons ainsi permettre à chaque Sénégalais, après lecture, de se faire sa propre idée. Telle est notre modeste ambition.»

Procès de la gouvernance sobre et vertueuse
Le coordonnateur du Forum civil souligneque ce livre de  150 pages peut êtreséquencé en quatre parties :«La première renvoie à la naissance douloureuse de l’Ofnac avec ses péripéties budgétaires, la deuxième partie nous plonge  dans l’historique des différents directeurs du Coud, et notamment au milieu de son ouvrage, il met l’accent sur  les les différentes malversations retenues par l’Ofnac et dans la dernière partie, la mise à mort de l’Ofnac.» En gros, Birahim Seck y voit un résumé de la question de la redevabilité. «L’Ofnac, l’Inspection générale d’Etat ou encore la Cour des comptes produisent des rapports, mais on ne prend pas le temps de les lire, de les disséquer, de voir comment nos ressources publiques et financières sont malmenées par nos dirigeants. Le combat contre la corruption, cen’est pas seulement un combat contre les hommes politiques mais c’est contre aussi également l’ensemble des agents de l’Etat», indique M. Seck. Et d’ailleurs, constate-t-il, «c’est très rare de voir un homme politique épinglé pour détournement de  déniers publics,  escroquerie sans qu’il ne soit aidé par un agent de l’Etat». Ce livre permet aussi, selon le coordonnateur du Forum civil, de de connaître les personnes qui ont incarné l’Ofnac, de cerner le rôle des uns et des autres dans cette affaire. Le rôle du procureur de la République dans la défense de certaines personnes même présumés,le rôle de l’ancien directeur de Cabinet du président de la République, actuel ministre des Infrastructures, monsieur Oumar Youm, qui s’est précipité devant les télés pour brocarder Nafi Ngom Keïta et celui de Nafi Ngom elle-même, une femme qui a été «très tenace, mais qui a été piétinée».

Nafi Ngom Keïta, l’absente très présente
Justement, lors de cette cérémonie, l’ancienne présidente de l’Ofnac a été une absente très présente. Justement, Mody Niang qui était membre de l’Ofnac avant d’en démissionner estime que c’est quand Nafi Ngom Keïta «a commencé à mettre en cause un certain nombre de proches du Président qu’elle a eu des problèmes». Macky Sall avait donc refusé de recevoir le rapport. Et aujourd’hui encore, rappelle Mody Niang qui a salué «l’engagement et le courage» de Pape Alé Niang, le chef de l’Etat s’est fait l’avocat de Cheikh Oumar Hann en déclarant lors de sa conférence de presse du 31 décembre  que «les 89 millions dépensés pour mon accueil, ce n’est pas le problème de l’Ofnac».

«Si Cheikh Oumar Hann se sent diffamé, il n’a qu’à porter plainte»
L’auteur qui est passé à Sud Fm, 2Stv, à Walf Fm et qui anime aujourd’hui une émission sur la Sen Tv s’attendait sans doute à une réplique. Mais il dit ne pas être «ébranlé» par la sortie d’un livre d’un autre journaliste dans lequel celui-ci retrace son parcours en le taxant d’être «un journaliste encagoulé». Une allusion à un supposé livre-réplique- parce qu’il n’y a jusqu’ici qu’une quatrième de couverture- qui aurait été écrit par un certain Ousmane Dièye et intitulé «Pape Alé Niang : Enquête sur une imposture médiatique». Il attend de pied ferme Cheikh Oumar Hann qui annonce une plainte contre lui (Voir encadré). « S’il se sent diffamé, il n’a qu’à porter plainte et nous aurons l’occasion de poser le rapport de l’Ofnac sur la table», dit-il.