Après l’adaptation de son roman «Petit pays» en film, l’artiste franco-rwandais signe un livre pour enfants, «L’ennui des après-midi sans fin». Et prévoit pour novembre un nouvel album, «Lundi méchant».

De loin, l’ouvrage pourrait passer pour un 33-tours… Quand on le saisit, on a d’abord le sentiment qu’il s’agit d’un livre jeunesse. C’est cela et bien plus, un livre de poésie, un beau-livre qui contient en plus un Cd deux pistes. L’ennui des après-midi sans fin, la dernière folie signée Gaël Faye, se dérobe. Et c’est tant mieux pour un drôle d’objet qui nous parle d’imaginaire, des chemins de traverse que prend l’esprit quand le corps est au point mort.

Belgique sous les tropiques
Né en 1982 au Burundi, d’une mère rwandaise et d’un père français, Gaël Faye nous promène dans son enfance, à l’heure de la sieste, dans sa vieille maison de briques «de la Belgique sous les tropiques». La déco de sa chambre convoque masques, trophées, geckos. Dans son jardin d’Eden «faute de pomme golden», il trahit Dieu avec des mangues. Mais malgré les bananiers, la citronnelle, les gouttes qui tombent en avalanche et renvoient à l’Afrique, tous les enfants, ou les anciens enfants qui ont eu la chance de s’ennuyer peuvent se retrouver dans les vers de Faye.
«L’ennui de mes après-midi d’enfance était un voyage où le temps m’appartenait, écrit-il. Un espace où j’ai fabriqué d’immenses rêves, un monde sans commencement ni fin, comme une phrase qui s’achève par trois points de suspension…» Le texte du livre ne surprendra pas les fans : il reprend les lyrics d’une chanson de son premier album solo, Pili Pili sur un croissant au beurre.
Au dessin, Hyppolite signe des aquarelles oniriques qui créent un contrepoint plein de douceur aux vers de l’auteur. L’artiste, Bd reporter au Sénégal, au Congo et au Rwanda, a notamment travaillé sur le génocide des Tutsis avec Patrick de Saint-Exupéry pour l’album La fantaisie des Dieux (paru aux éditions des Arènes). Il imagine pour sa collaboration avec Gaël Faye une Afrique ré-enchantée, où la faune et la flore débordent du cadre.
Avant cet ouvrage, publié le 30 septembre, l’auteur avait déjà eu une année chargée. Son roman Petit pays a été adapté en film par Eric Barbier et a séduit plus de 315 mille spectateurs dans les salles françaises, ce qui est un très bon score, surtout en période de Covid-19.
Jeune Afrique