Qui est artiste et qui ne l’est pas ? Dans quelque temps, cette question ne sera plus d’actualité au Sénégal. En effet, le dernier Conseil des ministres a adopté le projet de loi relatif au statut de l’artiste et des professionnels de la culture. Comment les artistes en sont-ils arrivés là ? Le Quotidien fait l’historique de ce combat qui a duré 15 longues années.

15 longues années ! C’est le temps qu’il a fallu au gouvernement du Sénégal avant d’adopter en Conseil des ministres le projet de loi relatif au statut de l’artiste et des professionnels de la culture. A cet effet, les acteurs de la culture devront attendre l’approbation de l’Assemblée nationale et les décrets et arrêtés d’extension pour voir l’effectivité de cette loi. Que va changer l’adoption du statut de l’artiste et des professionnels de la culture ? La définition des critères de reconnaissance de l’artiste professionnel, la reconnaissance de la qualité d’artiste professionnel indépendant, la typologie des professions de la culture, la formation professionnelle de l’artiste et des professionnels de la culture, la politique relative aux artistes et aux professionnels de la culture, l’emploi et des conditions de travail, différentes situations d’emploi des artistes et des professionnels de la culture et l’institution d’une carte professionnelle d’artiste sont autant de points qui vont considérablement améliorer les conditions des artistes.
C’est en 2003 que les démarches ont débuté avec la nécessité de définir et de mettre en place une stratégie de développement des ressources humaines et de professionnalisation des acteurs dans toutes les filières culturelles et artistiques, afin de contribuer à une meilleure organisation du secteur culturel encore faiblement, structuré et dominé par l’informel, a été émise. Ensuite, un répertoire des métiers de la culture a été élaboré. Le 5 novembre 2009, Alioune Badiane, directeur de l’Académie internationale des arts (Arts), a été chargé de préparer un projet de loi relatif au statut de l’artiste et des professionnels de la culture. Deux ateliers de restitution au profit d’agents du ministère de la Culture et de la Francophonie et des représentants des associations professionnelles du secteur de la culture ont été organisés.
Ensuite, il a été mis en place un comité composé de divers membres venus d’horizons divers. La politique de l’Etat du Sénégal se résume en sept points, d’après Abdoulaye Koundoul. Il s’agit «d’organiser la reconnaissance du rôle important des artistes dans la société, de protéger la liberté d’expression des artistes et de reconnaître les droits des organisations professionnelles et syndicales, d’élaborer des textes et des programmes qui encouragent l’expression artistique, de mettre en œuvre une politique d’éducation et de formation artistique, de promouvoir les droits d’auteur et les droits voisins. La solution passe nécessairement par la réglementation des relations de travail et par la prise en compte du droit des artistes à une sécurité sociale». Pour le premier point, pour régler le problème, le comité d’élaboration du statut de l’artiste veut partir de la présomption du salariat. Il est prévu la création du régime de sécurité sociale des artistes, d’une maison de l’artiste, d’un système fiscal dérogatoire et d’un système de sanctions. le comité technique propose que les textes portant statut de l’artiste embrassent de manière plus large la question du statut des entrepreneurs culturels et des professionnels de la culture dont l’activité présente très souvent les mêmes caractéristiques que le travail des artistes : intermittence, multiplicité des secteurs d’activités, multiplicité et précarité financière des employeurs, longues périodes d’attente de revenus, fin de carrière difficile. Il s’agit, dans le même mouvement, de contribuer à rompre avec l’informel qui plombe si lourdement le monde culturel et ne contribue guère à installer un système vertueux.