Le Budget de l’Etat pour l’année 2026, accorde 217, 27 milliards de F Cfa au secteur de la santé, soit 2, 9% du Budget national. Ce qui place la Santé à la 11e place dans le classement des ministères, révélant ainsi un rang peu honorable. Une orientation budgétaire en total décalage avec les engagements pris par le Sénégal, notamment la Déclaration d’Abuja en 2001, par laquelle les chefs d’Etat africains s’étaient promis de consacrer au moins 15% de leurs budgets nationaux à la Santé. Près d’un quart de siècle après, l’écart entre cet engagement et la réalité interpelle. Au-delà du volume global insuffisant, la répartition interne du budget est encore plus révélatrice d’un choix discutable. L’offre de soins de qualité absorbe 62% des ressources, la gestion administrative 27%, tandis que la prévention et la promotion ne bénéficient que de 11%. Cette configuration traduit une orientation assumée : l’Etat privilégie une vision curative au détriment d’une approche préventive, pourtant plus efficace et moins coûteuse. Le Budget 2026, tel qu’il est présenté, a au moins le mérite de nous édifier que la santé ne fait pas partie des priorités nationales. Comment comprendre qu’un pays qui ambitionne la souveraineté sanitaire puisse affecter des ressources aussi minimes dans un secteur aussi vital ?
Comment comprendre qu’au moment où les populations font face à une recrudescence des maladies chroniques, à la mortalité maternelle et infantile, à un système hospitalier surchargé, à des centres de santé sous-équipés avec un personnel épuisé, parfois démotivé, faute de moyens et de reconnaissance, que l’on ne puisse pas augmenter significativement les investissements dans le secteur et replacer l’humain au cœur de l’action publique ?
Ce déséquilibre va à l’encontre de l’esprit des soins de santé primaires, socle de la politique nationale de santé, qui repose sur la proximité et la participation communautaire. En reléguant la prévention et la promotion au second plan, on choisit d’intervenir une fois la maladie installée, au lieu d’agir sur ses causes : conditions de vie, environnement, comportements, déterminants sociaux et à responsabiliser les communautés. Le Sénégal ayant opté pour une politique de santé de masse, toute stratégie durable devrait s’inscrire dans une dynamique communautaire, en faisant de la promotion de la santé, un pilier central. Dès lors, la résolution des problèmes de santé ne peut se limiter à la construction d’hôpitaux, aussi modernes soient-ils. Aujourd’hui, il a été prouvé que les infrastructures sanitaires, même performantes, n’influencent la santé qu’à hauteur d’environ 20%. Il faut d’abord promouvoir la santé la où vivent les populations. Sans prévention, il ne peut y avoir de santé durable. Il est encore temps de corriger. Investir dans la prévention, la promotion de la santé et l’action communautaire devient une nécessité stratégique, tout en répondant à une exigence d’efficacité, d’équité et de justice sociale. La santé doit être considérée com-me une priorité nationale, non par des discours, mais par des actes concrets et des choix budgétaires pertinents pour permettre à notre système de protéger les plus vulnérables et de garantir à chaque citoyen un accès équitable à des soins de qualité.
Alioune AW
Keur Massar Nord
badou60gmail.com







