La proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie initiée par Amadou Bâ, député de Pastef, fait l’objet d’un rejet catégorique de la part du mouvement citoyen «Y’en a marre». Ce mouvement a rompu le silence hier, en montant au créneau pour «exiger l’abrogation totale» de la loi d’amnistie, comme l’avaient promis les tenants du pouvoir. Qualifiant cette loi interprétative «plus dangereuse» que le quart bloquant qu’ils ont combattu sous la Présidence Abdoulaye Wade, les membres de ce mouvement sonnent la mobilisation pour s’opposer au vote de cette loi interprétative.Par Amadou MBODJI –

 Le mouvement «Y’en a marre» critique la proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie née de l’initiative du député Amadou Bâ, membre du Groupe parlementaire Pastef/Les Patriotes. Les membres du mouvement citoyen exigent son abrogation, comme promis par le régime actuel du temps où il était dans l’opposition.

«Lors de leur campagne, ils avaient promis une abrogation. Ousmane Sonko en avait même fait un cheval de bataille lors des Législatives. Aujourd’­hui, Pastef, qui était contre hier, nous propose une loi interprétative à travers son député Amadou Bâ. Qu’ils nous respectent !», affirme «Y’en a marre» en conférence de presse hier. «Nous voulons une abrogation pure et simple», insiste le collectif avec à sa tête Cyrille Touré alias Thiat, porte-parole du mouvement. Selon les membres du mouvement, «cette loi est plus dangereuse que le «quart bloquant» de l’ancien Président Abdoulaye Wade», qui avait finalement renoncé à instaurer un seuil minimum de 25% des voix pour élire un ticket présidentiel. Cette disposition faisait partie des mesures les plus controversées de son projet de réforme constitutionnelle.

Thiat rapelle les circonstances de la survenue de la loi d’amnistie sur fond de violences politiques, après la tentative du régime sortant d’écarter du processus électoral Ous­mane Sonko, avant l’avènement d’une troisième alternance avec l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye comme 5ème Président du Sénégal en mars 2024, suite au départ du Président Macky Sall qui avait renoncé à une troisième candidature.

«Des Sénégalais sont morts, des biens ont été détruits, et le monde entier avait les yeux rivés sur nous. Et que fait Macky Sall ? Il propose une loi d’amnistie. Les Sénégalais s’y sont opposés, mais grâce à sa majorité mécanique, la loi est passée comme lettre à la poste», dénonce Thiat. Ce dernier appelle à une mobilisation pour «barrer la route» à cette loi interprétative, en dénonçant son caractère sélectif au profit d’une partie.

«Nous appelons les Sénégalais et les Forces vives de la Nation à se préparer, car nous mettrons les députés face à leurs responsabilités. Cette interprétation ne doit pas passer. Souvenez-vous que c’est le Peuple qui vous a mis là où vous êtes. Nous ne sommes pas amnésiques, sachez-le. Nous voulons que cette loi saute. Sinon, vous aurez le Peuple en face, et «Y’en a marre» sera en première ligne», déclarent les membres du mouvement.

«Y’en a marre» a également interpellé directement le président de la République. «Nous mettons le chef de l’Etat face à ses responsabilités. Nous l’avons vu poser un acte fort en démissionnant de son poste de Secrétaire général de son parti, ce que tout le monde a applaudi. C’est le moment pour lui de prouver sa bonne foi en prenant une décision courageuse à l’encontre de son gouvernement», soutient le mouvement.

La proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024 a été initiée par Amadou Bâ, député de Pastef.

Il faut savoir que la commission technique qui devrait s’y pencher est prévue le 21 mars et la plénière le 2 avril prochain.
ambodji@lequotidien.sn