Le président du Conseil mondial de l’eau plaide pour l’annulation de la dette de l’eau pour les Etats et autres collectivités pauvres. Loïc Fauchon, qui en appelle à des règles plus formelles de la médiation internationale, réclame aussi un fonds bleu issu des financements du climat.Par Khady SONKO
– Le 9e Forum mondial de l’eau a lancé hier, les discutions globales sur un bon partage du liquide précieux pour la survie de l’humanité. Ce forum se veut celui des réponses concrètes aux questions de l’eau dans un contexte de raréfaction de la ressource.
C’est dans cette dynamique que le président du Conseil mondial de l’eau demande l’annulation de la dette de l’eau pour les Etats et les collectivités les plus pauvres. Ce plaidoyer a été fait par le président de cette institution, Loïc Fauchon. Toutefois, avertit M. Fauchon, cela doit se faire avec «une exigence de réinvestissement immédiat à même montant dans la construction d’infrastructures de l’eau et de l’assainissement, autant dans la maintenance que dans la formation des femmes et des hommes». Au-delà, le Conseil mondial de l’eau réclame un fonds bleu issu des financements du climat, un véritable fonds international pour la sécurité de l’eau. «Seuls ces financements massifs mais contrôlés autoriseront à faire face aux défis de ce siècle, nourrir la planète et garantir la mobilisation progressive de centaines de milliards de m3 supplémentaires et cela ne sera pas suffisant», plaide M. Fauchon.
Le Conseil mondial de l’eau, selon son patron, va proposer durant le forum en cours, le couplage des ressources non conventionnelles en eau et en énergie… Le président Fauchon est aussi pour une gouvernance des bassins. Car selon lui, nul n’est propriétaire de l’eau, en amont comme en aval, malgré toutes ces tensions et conflits qui découlent de l’absence de concertations. Ainsi dans le respect des souverainetés nationales, le Conseil mondial de l’eau en appelle à des règles plus formelles de la médiation internationale.
«Tous ici ou ailleurs, nous voulons la paix des rives et pas la guerre de fleuves. L’exemple de la gestion du fleuve Sénégal est là. Coopération plutôt que confrontation, association plutôt que division qui permettront des terres abreuvées grâce à des fleuves protégés», salue M. Fauchon.
Cette hydro-diplomatie qui s’impose au monde est pour lui, tout l’objet de l’Observatoire global de l’eau pour la paix, le développement et la nature dont le conseil va proposer la création à l’occasion de ce 9e Forum mondial de l’eau.
Le Conseil mondial de l’eau invite en outre à la sécurisation de l’eau, d’en faire une bonne consommation, bouleverser les usages, changer les habitudes et les comportements pour partager l’eau et pour l’homme et pour la nature. L’astuce, c’est aussi «Assumer l’eau de demain, grâce à celle d’aujourd’hui». Il veut par ailleurs, que le droit à l’eau soit inscrit dans les textes fondateurs, dans les constitutions des pays. «Apporter peu à peu une allocation minimale gratuite mais il faut plus. Le droit à l’eau deviendra une réalité du quotidien si nous, nous obligeons à le rendre opposable en associant sur ce point les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Nous ne voulons plus entendre cette triste rengaine : «l’eau n’a pas assez d’argent et l’argent n’a pas assez d’eau», a déclaré hier Loïc Fauchon à l’ouverture du 9e Forum mondial de l’eau.
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